Extraits

Le temps qui passe et les jours qui se transforment en années. Arrive le moment où l'on se demande, un peu plus sérieusement, ce qu'on est en train de faire de sa vie. On commence son bonhomme de chemin, on accepte le premier boulot venu, "comme ça, en attendant", puis l'usure s'installe. On se persuade qu'on aura le temps de changer de trajectoire, mais ça rétrécit. Et ce chemin-là, il devient de pus en plus difficile d'en dévier.

Mère-grand, comme tu as de grands yeux...

C'est pour mieux t'accuser, mon enfant. (Page 308)

On n'aime jamais prononcer les paroles qui changent la face du monde. (Page 287)

L'océan, passé le crépuscule... Une fois les plages désertées, la nuit tombée, la mer a la faculté de vous faire sentir intrus en terre étrangère. Même la Lune paraissait minuscule, étouffée, pendue maladroitement au-dessus de cette étendue. Elle teintait à peine les nuages, éclairant faiblement l'horizon où le ciel et les vagues, plus que jamais se confondaient dans la noirceur. (Page 255)

La ville est intacte. La ville est détruite. Ces deux visages coexistaient. (Page 230)

On dit que les épreuves dont on sort vivant nous grandissent. C'est peut-être ce qu'affirment les gens qui n'ont rien vécu. (Page 222)

Je l'abandonne à ses rêves. Le jardin m'attend. (Page 211)

J'adorerais jouer les héroïnes gothiques et descendre dans le jardin en chemise de nuit, rayon de lune dans la nuit noire, pour aller sur la falaise écouter gronder l'orage. Cheveux au vent, lèvres bien rouges et peau très blanche, chemise claquant comme une voile de bateau face à la mer démontée. Les villageois m'apercevant au loin, s'ils veillaient encore à cette heure, s'inventeraient des légendes de spectres et de dames blanches. Je suis d'humeur à ces choses-là, sensations d'enfance, les histoires à faire peur qu'on se raconte sous la couette entre frères et sœurs. (Page 210)

Une balle entre les deux yeux. Aucune hésitation. (Page 206)

Mon corps pour Rosalie, et ses murs pour enveloppe. (Page 178)