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Il m'adressa un de ces sourires qui n'appartenaient qu'à lui.
Et avant elle, tes premières amours ?
A seize ans, une grande passion d'été pour une boulangère qui m'a tout appris, ensuite une étudiante de la Sorbonne, avec laquelle j'ai connu dix-huit mois d'un liaison si tumultueuse que j'ai bien failli rater mes examens. Puis quelques coups de cœur sans importance, enfin Joyce, rencontrée par hasard devant un grand magasin, et que j'ai adorée sur-le-champ. Tout ça est très banal.
Pas quand on le vit.
Il m'offrit une cigarette, se pencha pour me donner du feu.
As-tu connu des aventures extraordinaires ? Lui demandai-je.
Non, le mot est trop fort. Disons... des choses très bien.
Jusqu'à Dimitri ?
Dimitri en fait partie.
Je méditai sa réponse un moment. Je l'avais supposé plus concerné par l'homme qui vivait chez lui, avec lui.
Veux-tu qu'on en parle ? Ajouta Alexander.
De quoi ?
Du fait que je suis amoureux de toi.
Sa déclaration me laissa sans voix. Moi qui croyais l'incident oublié, qui imaginais stupidement que nous ne connaîtrions plus la moindre gêne, je me retrouvai si embarrassé que je le sentis rougir. Seigneur ! Jusqu'où me fallait-il remonter pour me rappeler avoir rougi ?
C'est ridicule, parvins-je à articuler.
C'est surtout difficile. J'ai longtemps espéré que ça me passerait, mais non.
Alexander, tu me mets dans une situation impossible !
Un cri du cœur, qu'il accepta avec un geste d'impuissance.
Je sais. N'ai-je vraiment aucun espoir de te convaincre ?
Me convaincre de quoi ?
D'essayer.
Souffle coupé, j'éprouvai une sensation de creux à l'estomac, comme si j'oscillais tout au bord d'un plongeoir. S'ensuivit une bouffée d'angoisse que je me levai, sans réellement vouloir quitter la pièce, mais au moins pour me soustraire à l'insistance de son regard.
Ne t'en va pas, dit-il à voix basse. S'il te plaît.
Alex, tu es mon ami, je ne tiens pas à me fâcher avec toi. J'ai beaucoup d'admiration et d'affection pour toi...
je m'en fous.
Comme il n'étais jamais vulgaire, sa phrase résignée me fit comprendre que nous ne pouvions plus faire machine arrière. Il fallait liquider le problème une fois pour toutes, en espérant que notre amitié y résisterait. Il se leva à son tour, alla prendre la bouteille de champagne et s'approcha de moi. Je dus me maîtriser pour ne pas bouger, mais ma main tremblait qued je lui tendis ma coupe. Il interrompit son mouvement, me la retira des doigts.
Je te fais peur, Mark ? Demanda-t-il doucement.
Il se débarrassa de la bouteille et du verre sur un guéridon, puis avança d'un pas.
Alex, non.
Ma voix devait manquer de conviction car il me prit par les épaules et m'attira à lui.
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