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La passe que m’avait faite John sans me regarder était idéale. Elle arriva directement sur ma crosse, comme nous nous étions entraînés à le faire, et l’espace d’une seconde merveilleuse, je fus le meilleur joueur de hockey de ce foutu monde. Je récupérai le palet, dérapai pour m’arrêter, changeai de sens tandis que l’air frais fouettait mon visage, et je gagnai mon duel face à un de leur défenseur comme s’il était immobile. Je visualisais le palet dans le filet. Bon sang, j’avais même le goût de ce but sur le bout de la langue.
Je me frayai habilement un chemin près de l’autre défenseur, slalomant de chaque côté et frappant le palet avec la lame de mon patin pour le ramener vers ma crosse. Puisque le gardien se baissait, je fis une feinte à gauche et je vis ensuite mon adversaire se décaler pour arrêter le palet. Il comptait le frapper directement avec la protection au-dessus de sa main gantée. Je le vis voler au ralenti, mais dès qu’il eut quitté ma crosse, je sus que je l’avais lancé une milliseconde trop tôt. Le palet en caoutchouc heurta les poteaux et une vague tonitruante d’exclamations souligna mon échec.
John arriva et récupéra le palet, tentant de le maîtriser alors qu’il rebondissait et glissait autour du filet, mais la défense était trop au point. En un instant, nos adversaires le reprirent et s’élancèrent sur la glace. Je claquai le Plexiglas d’une main, avant de le pousser et d’utiliser cet élan pour me propulser derrière le filet. Mes muscles souffraient, mais je suivis le palet et l’autre équipe. J’arrivai au niveau de Benoit alors qu’il se baissait et que le palet s’élevait. Et voilà, il était dans le filet et nous avions cinq buts de retard.
Dans la première période seulement, bon sang !
Je n’avais même pas réussi à décrocher un but qui aurait pu compter. Abattus, nous partîmes vers le reste de l’équipe pour les changements, et John me donna un petit coup de crosse dans le mollet.
— Bien joué, Scotty, dit-il en passant devant moi pour aller s’asseoir sur le banc.
Bien joué ? J’avais loupé le filet. Une seconde plus tard, avec une frappe plus douce et un seul patin en avant, j’aurais marqué. Dans ce cas-là, nous serions rentrés à la maison avec au moins un but lors de ce match lamentable. John devait être en train de se payer ma tête.
— Va te faire foutre, John, crachai-je.
Je ne comptais pas regarder mon coéquipier, puisque sa présence gâchait tout, actuellement.
Ce match merdique était uniquement la faute de Ryker.
Ryker était chez lui, avec son père et Ten, mais pourquoi diable devait-il rester si longtemps ? Les Eagles étaient dans un sale état sans lui, et quand nous finirions par perdre aujourd’hui, ce serait uniquement sa faute.
Nous avions ouvert notre équipe à ce salaud de champion et, pour une raison quelconque, j’avais été laissé pour compte parce que le reste de mes coéquipiers se reposait lourdement sur Monsieur le Recruté. Le coach posa une main ferme sur mon épaule et la pinça. Je compris le message.
Au moins, tu as essayé, Scott.
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