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Dans sa voix je me sentais bien. Dans sa voix je trouvais une plage secrète où être enfin bien. Je croyais que tout ce que j'éprouvais, c'était impartageable et avec lui, d'un coup, le partage.
Afficher en entierSavoir ne permet pas forcément de se libérer soi-même de tout. Si mon pas est plus ferme aujourd'hui, je sais qu'il me reste encore des portes à ouvrir à l'intérieur de moi. Mais la lourde épave a entamé sa remontée du fond du lac. Un jour, je sais qu'elle sera à l'air libre et que le courant l'emportera loin, vers la mer. Je la suivrai des yeux jusqu'à ce que je la perde de vue.
Afficher en entierLa tyrannie, c'est ne pas faire exister l'autre.
Afficher en entierC'est parce qu'à ce moment-là je me suis sentie libre que j'ai compris, en contrecoup, le mot "opprimé".
Afficher en entierJ'en avais tellement rêvé. Et je pensais tellement que c'était impossible.
Afficher en entierMoi qui à dix-sept ans n'arrivais toujours pas à éprouver quoi que ce soit de ce côté-là. J'ai eu cette envie si forte que j'en ai été arrachée à tout le reste. Plus de pensée. Plus rien. Juste l'envie, comme une falaise brute face à la mer. Tout l'océan devant moi. Immense. J'ai découvert cet horizon-là et tout mon corps c'est devenu un galet, plus aucune petite place à l'intérieur pour quoi que ce soit d'autre, tout serré, compact, prêt à être roulé par les vagues, altéré par le sel, blanchi. Prêt à tout. J'ai été totalement, absolument pleine de ce désir-là. Et rien n'aurait pu m'arrêter.
Afficher en entierC'est en l'écoutant que ça a eu lieu. Dans un amphi plein à craquer à la fac. C'est par sa voix par ses mots que c'est arrivé. Ce qui ne m'était jamais arrivé. Jamais. Au micro il parlait de grève de lutte et moi j'ai eu l'image de ce garçon nu contre moi et je l'ai voulu.
Afficher en entierPetite je ne voulais même pas ôter mes socquettes pour marcher sur la plage. Ma mère rouspétait, me disait de regarder les autres enfants qui jouaient, couraient, pieds nus. Je regardais. Ça paraissait tout normal, leurs pieds à eux, nus dans le sable. Mais moi, non. C'était impossible. Je recroquevillais les orteils dans mes socquettes et je tenais bon. Elle a renoncé. Elle dit que je suis butée. Je ne suis pas butée. Il y a quelque chose en moi qui refuse, c'est tout. Elle ne sait pas ce qu'il y a dans mes rêves, elle, la nuit. Personne ne sait.
Afficher en entierJe suis nue.
Lui aussi. Tout près de moi.
La tête sur son coude replié il me regarde.
Afficher en entierSavoir ne permet pas forcément de se libérer.
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