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La petite rondouillarde dont Miranda apercevait le reflet dans une glace ne ressemblait guère à Olga qui avait la taille élancée de leur père et les sourcils noirs de Mamma Martha - surnom qu’elles donnaient à leur mère italienne de naissance, récemment disparue. Avec son tailleur gris foncé et ses escarpins pointus, ses airs de Cruella devaient terrifier les jurys. En revanche, la tenue de Miranda - jupe plissée et pull brodé de petites fleurs - avait été choisie pour charmer, non pour intimider.
Afficher en entierTrois semaines auparavant, il avait été convoqué dans cette maison. Il s’y était rendu, malade de peur, sûr qu’on allait le rosser. Il s'était même demandé comment ses bourreaux empêcheraient le sang de tacher les canapés de soie jaune. « Un certain monsieur veut te poser une question », avait seulement dit Harry. Kit n’imaginait rien d’autre que : « Où est mon putain d’argent ? »
Le mystérieux interlocuteur s’appelait Nigel Buchanan. Quadragénaire peu loquace, vêtu d’une élégante veste de cachemire, d’un pantalon sombre et d’une chemise à col ouvert, s’exprimant avec un léger accent londonien, il s’était contenté de demander à Kit s’il pouvait le faire pénétrer dans le laboratoire du niveau 4 à Oxenford Medical.
Deux autres personnes assistaient à la conversation. Daisy - musclée, vingt-cinq ans environ, nez cassé, peau grise, anneau sur la lèvre inférieure et mains gantées de cuir - et Elton, un beau Noir de l’âge de Daisy, apparemment un acolyte de Nigel.
Kit était si soulagé de ne pas se faire tabasser qu’il aurait dit oui à n’importe quoi. De toute façon, Nigel lui offrit trois cent mille livres pour une soirée de travail et résolvait d’un coup tous ses problèmes : il réglerait ses dettes, s’établirait à Lucques et réaliserait son rêve. Il débordait de joie.
Afficher en entierHarry avait cinquante ans et le teint grisâtre des fumeurs invétérés. Ses formes trapues drapées dans un peignoir de bain violet, il buvait du café noir dans une petite tasse en porcelaine tout en lisant les horoscopes du Sun.
Afficher en entierL’empire de Harry Mac s’étendait sur l’Ecosse et le nord de l’Angleterre. Sa fille, Diana, le secondait ; on la surnommait Daisy, c’était une brute sadique.
Afficher en entierHarry McGarry fit attendre Kit Oxenford plus d’une heure.
McGarry, qu’on appelait Harry Mac, était né à Govan, une banlieue ouvrière de Glasgow. Il avait grandi dans une HLM près d’Ibrox Park, berceau de l’équipe protestante de football de la ville, les Rangers. Grâce aux bénéfices qu’il avait retirés - de la drogue, des jeux clandestins, des cambriolages et de la prostitution -, il avait émigré à Dumbreck, de l’autre côté de Paisley Road, un kilomètre et demi sur la carte, mais socialement un bond en avant. Il habitait maintenant une grande maison neuve, avec une piscine.
Afficher en entierMiranda Oxenford commanda un cappuccino viennois, surmonté d’une pyramide de crème fouettée, et au dernier moment, pour faire bonne mesure, une part de gâteau aux carottes. Elle fourra la monnaie dans sa poche et emporta son plateau jusqu‘à la table où sa sœur Olga, toute mince, se contentait d’un double espresso et d’une cigarette. Le café était décoré de guirlandes de papier et un arbre de Noël clignotait au-dessus du gril ; un petit malin avait mis Surfin ‘USA des Beach Boys.
Miranda, PDG d’une agence de recrutement de techniciens de l’information, et Olga, avocate, travaillaient dans la centre de Glasgow. Elles se retrouvaient souvent le matin dans un café de Sauci Hall Street pour faire le pont avant d’attaquer la journée.
Afficher en entierLe sexagénaire élancé, épais cheveux gris, yeux bleus, qui arriva par la grande porte, n’avait rien du savant qu’on imagine volontiers chauve, voûté et binoclard. Stanley Oxenford ressemblait plutôt, selon Toni, aux comédiens qui interprètent le rôle d’un général de la Seconde Guerre mondiale. Il s’habillait avec goût et ne faisait jamais vieux jeu. Aujourd’hui, il portait un costume de tweed gris clair avec gilet, une chemise bleu pâle et - peut-être par respect pour le défunt - une cravate de tricot noir.
Afficher en entier- Chaque jour, exposait Stanley Oxenford, des milliers de personnes sont victimes d'un virus. A peu près tous les dix ans, une épidémie de grippe sévit dans le Royaume-Uni et y cause environ cinq mille décès. En 1918, elle a tué à elle seule plus que l'ensemble de la Première Guerre mondiale. En 2002, trois millions de personnes sont mortes à cause du sida. Le responsable ? Le virus VIH. Et n'oublions pas que les virus sont également à l'origine de dix pour cent des cancers.
Afficher en entier— Merde, grommela Kit, une Mercedes doit pouvoir déplacer quelques kilos de neige ! C’est quoi ce putain de moteur ?
Il appuya un peu plus fort mais en veillant à ne pas faire patiner les roues. La voiture progressa de quelques centimètres et le tas de neige parut se déplacer légèrement. Kit se retourna. Son père et Toni, plantés devant la maison, observaient la scène. Ils n’approcheront pas, se dit Kit, ils savent que c’est Nigel qui tient les pistolets.
La neige céda brusquement et la voiture bondit.
Afficher en entierNous ne pardonnons jamais à ceux à qui nous avons fait du tort.
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