Extraits

─ On meurt de ne pas être libre, Ivoire.

Cette robe était destinée à la favorite de l'Opéra : Kélicia-Désirée. ivoire l'avaient entendue chanter une seule fois et sa voix sublime l'avait emportée plus loin que le chant des oiseaux. On disait de la cantatrice qu'elle était une magicienne inégalée, une sorcière de la musique, que l'avenir de la Nébuleuse reposait en équilibre précaire sur sa gorge noire. Contrairement à d'autres, Kélicia-Désirée était née pour fouler la scène des cieux.

Bien entendu, les Ateliers des Jouets élevaient leurs murs au plus près de la capitale, se rapprochant du centre du monde comme le pèlerin glacé à la recherche de la chaleur du feu. Au risque de s'y brûler.

Hier encore, elle avait cousu, cuisiné, jardiné et lu, dégustant la perspective immense du ciel et l'incroyable sensation de liberté qui ne manquait jamais de l'accompagner. Elle n'avait parlé à personne, entendu personne, vu personne à l'exception du chat des voisins, qui ressemblait plutôt à une montgolfière sur pattes. Un sourire fugitif glissa sur son visage. Hier avait été une excellente journée.