Extraits

Charlie : Commence, Enid : quelle est la chose que tu préfères ?

Enid : J'aime sentir mes pieds qui puent quand je retire mes chaussettes le mardi soir ! On a sport, le mardi.

Bettina : Peuh ! On ne jour pas à la chose la plus dégueu je te signale !

Charlie : Laisse-la, Bettina, souviens-toi, maman avait accepté que tu dises que c'était faire pipi après t'être retenue dans le car.

Bettina : J'étais petite !

Charlie : Enid est petite.

Enid : Je ne suis pas petite !

Geneviève : Moi, ce que je préfère, c'est frapper dans mon coussin de boxe jusqu'à ce que j'aie une petite douleur dans le poignet gauche.

Bettina : Maso !

Geneviève : Non, ça veut dire que mon esprit, à ce moment-là, baigne dans la sérénité !

Bettina : Moi, ce que je préfère, c'est quand un garçon me dit que je lui mets la tête à l'envers...

Hortense : Et ça t'arrive souvent ?

Bettina : Pas plus tard qu'avant-hier...

Geneviève : Et toi, Hortense ?

Charlie : La chose que tu préfères ?

Hortense : Eh bien, c'est en ce moment. Tenir ce vieux Roberto sur mes genoux et vous écouter dire des âneries.

Moi, je ne saurai jamais pleurer. Moi pour que je pleure, il faut me rouer de coups. Le dernier coup que j'ai reçu, c'était la mort de Papa et Maman. Et encore, je n'ai pas pleuré de suite. Trois semaines pour que je comprenne.

"Taisez-vous ! Écoutez-moi maintenant ! Il s'appelle Merlin. J'ai dansé avec lui. Je suis allée au cinéma avec lui. Et à la piscine aussi. Il a voulu m'embrasser, je l'ai repoussé. Il a voulu que je lui présente mes amis, je l'ai caché. C'est un garçon bien et je l'ai blessé... Et vous savez quoi ?... Je regrette... Je le regrette comme je n'ai jamais regretté quelque chose. Maintenant, je voudrais qu'il soit là, aujourd'hui, avec moi, plutôt que ce soit vous. Maintenant, je voudrais qu'il me prenne dans ses bras, qu'il m'embrasse... qu'il me lèche la joue !... Voilà..."

Bettina : En quoi nourrir l'ennemi est une victoire ?

Merlin : L'affamer n'en est pas une non plus. Au fond, cet animal vous aime.

Bettina : Pardon !?!

Merlin : Pourquoi prend-il tant de risques pour se nourrir alors qu'il pourrait faire ses courses pépère dans un grenier de ferme ? Et toi ? Pourquoi restes-tu à te geler en ma compagnie... alors que tu m'as fait comprendre cent fois... que je ne suis pas assez beau pour toi ?

Mon invitation au cinéma est toujours valable. Mais plus pour longtemps.

Bettina : Oh ! On se bouscule au portillon pour t'accompagner ?

Merlin : Non. Mais sa date de validité est limitée.

Bettina : Invite quelqu'un d'autre.

Merlin : C'est avec TOI que je veux y aller... Mercredi ?

Merlin : Bonjour !

Enid : C'est le rigolo des surgelés !

Merlin : Mon invitation tient toujours...

Bettina : Mon refus aussi.

Enid : Hé le magicien... Qu'est-ce que tu fais ici, tu nous suis ?

Bettina : C'est vrai, ça, tu nous suis ?

Merlin : On habite une ville où il y a une seule piscine... et un seul mercredi après-midi par semaine... Tu en déduis quoi ?

Bettina : Que cette ville est trop petite... et que l'un de nous deux doit partir.

Enid : Pfff.

Au fond, si Bettina m'énerve autant, c'est que je lui envie tout un tas de choses que je n'ai pas. Que je n'aurai jamais. Elle n'est pas la plus jolie de nous toutes. Non, Bettina a un visage vif, un oeil piquant, elle fait songer à du pointu, de l'étincelant. Une aiguille, un poignard. Ciselée, séduisante, très gaffe-à-vous.

"- Vous savez quoi?...

-Non, mais tu vas nous le dire...

-Dans sept semaine et demie, c'est Noël!

-Et alors?

-Et alors, les cadeaux!!!

-C'est un peu tôt! Les magasins n'ont même pas encore installé leurs vitrines.

-Les galeries réunies, si! Et le numéro de décembre de "futile" vient de paraître!

-sept semaine et demie, c'est trop long! Trouve un autre prétexte pour courir les magasins!

-Hortense a raison, on a encore le temps!

-Avec ce raisonnement chou-rave, on se retrouvera le 24 en oubliant que c'est le 24!!"