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Quand la maison d’édition m’a proposé ce livre, j'ai su, après avoir lu le résumé, que c’était exactement le genre de lecture que j'apprécie et que je mets en avant sur mon blog. Non seulement j'ai passé un bon moment, mais j’aimerais surtout souligner que cette BD est d’utilité publique. Bien que cette BD s’adresse principalement à un public réunionnais, car de nombreuses jeunes filles s’y reconnaîtront, en tant qu’Antillaise et femme noire, je m'y suis également retrouvée. C’est le récit de Rose et de son histoire, une histoire culturelle, familiale et personnelle. Elle aborde ses origines, son ethnie, son physique, et surtout, ses cheveux.

Les cheveux afro… Il y a tant à dire sur ce sujet. Bien que cette BD soit très complète, il y a encore tellement à explorer. L’histoire de Rose m’a profondément touchée. Bien que La Réunion soit à des kilomètres des Antilles, il est indéniable que nous partageons certains points communs.

L'un de ces points communs est notre rapport à nos cheveux, que nous développons très tôt. J'en ai longuement parlé ici et dans mon manifeste, de mon expérience personnelle, de la façon dont j’ai harcelé ma mère pour me faire défriser les cheveux. Pour moi, quand elle me coiffait, c’était un calvaire, car à la télévision et dans les magazines, je ne me reconnaissais pas. Et si je ne me reconnaissais pas, c’est que ce n’était pas aussi beau que ça.

Rose va expérimenter quelque chose de similaire, mais à un niveau beaucoup plus élevé. On assiste à son parcours, à ses pensées, à ce que son image lui renvoie, mais aussi à ce que les autres lui disent ou lui font comprendre. Elle subit le stress, l’anxiété et le mal-être.

J’ai apprécié voir son évolution, de sa dysmorphie à l’acceptation de soi. J’ai aimé suivre l’histoire de Rose, son parcours ainsi que celui de ces femmes noires de sa famille, de son pays, et des femmes noires du monde entier. La vulgarisation teintée parfois d’humour est un aspect que j’ai particulièrement apprécié. J’ai appris certaines choses et je pense que cela incitera beaucoup à faire des recherches.

Cette BD aborde l’histoire du défrisage et les conséquences de l’esclavage, la réappropriation et l’acceptation des cheveux afros. Elle donne des chiffres sur les diplômes de coiffure, les différences de prix entre femmes et hommes et entre produits pour cheveux lisses et crépus/frisés/bouclés.

D’autres sujets comme le sexisme et le racisme sont également évoqués.

Tout au long de la BD, nous suivons Rose et son parcours dans une société qui lui fait bien comprendre qu’elle est différente. “Trop crépue pour être blanche, trop blanche pour être noire”. C’est une société où on lui demande de choisir, où elle se sentira obligée de choisir, jusqu’à s’oublier. Une société où les personnes et les médias lui font comprendre qu’elle est toujours trop ceci ou trop cela dès qu’elle sort du moule.

Mais c’est aussi une société qui commence à évoluer. Où nous commençons à nous voir dans les médias, les séries, les films, les magazines et, comme cette BD, les livres. Nos couleurs de peaux, nos cheveux….

Parce que le cheveux afro, une fois de plus, il y a tant à dire dessus. Son histoire est si riche, si vaste. Les cheveux afro ne sont pas simplement une question d’esthétique, ils portent en eux une histoire culturelle profonde, des luttes identitaires et des combats pour l'acceptation de soi. Chaque boucle, chaque mèche raconte une histoire de résilience, de fierté et de beauté naturelle.

Le cheveux afro a traversé des époques marquées par la colonisation, l'esclavage, et la ségrégation. Il a été tantôt rejeté, tantôt célébré, mais toujours porteur d’une signification qui va bien au-delà du simple aspect physique. Pour de nombreuses personnes, ces cheveux sont un symbole de résistance contre les normes de beauté eurocentriques et une affirmation de leur identité et de leur héritage culturel.

Cette BD explore toutes ces dimensions et nous rappelle que les cheveux afro sont aussi variés que les expériences de ceux et celles qui les portent. Ils peuvent être une source de fierté, mais aussi de douleur, de discrimination et de stigmatisation.

Elle nous rappelle aussi que parfois, cette lutte commence au sein de nos foyers, notre entourage car nos parents répètent des schémas auxquels ils ont été confrontés. C’est pourquoi il faut briser ces cycles pour permettre aux générations futures de grandir dans un environnement plus inclusif et bienveillant. Cela me rappelle pourquoi j'aime prendre la parole sur ces sujets et pourquoi je ne veux pas que mes enfants grandissent dans une société qui perpétue ces mêmes normes restrictives et discriminatoires.

Les choses bougent petit à petit, et chaque conversation, chaque prise de position compte. En abordant ces questions publiquement, nous contribuons à un changement de mentalité, à une plus grande acceptation de la diversité et à une meilleure compréhension des expériences de chacun. C’est une lutte importante. Pour l'acceptation de soi et pour la célébration de la diversité capillaire et culturelle.

En tout cas, malgré les sujets important, j’ai passé un bon moment, j’ai beaucoup aimé les dessins

Plus qu'une simple BD, un vrai documentaire sur le cheveu, son histoire et son incidence sociologique. C'est touchant et fascinant.