Commentaires de livres faits par Ravenheart
Extraits de livres par Ravenheart
Commentaires de livres appréciés par Ravenheart
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Fændal talonna son âne et se faufila parmi les décombres de ce fameux Portail. Le jeune magister semblait absolument minuscule à ses côtés. Son armature en obsirium chuchotait, animée par le vent, et à son sommet, des congères crachotaient des morceaux de glace. Il émanait de cet endroit un mana résiduel très étrange. Fændal démonta un moment, attisé de curiosité. Il toucha le sol, sentit cette énergie courir en lui et faire écho au fiel. À son oreille siffla le vent, et il jura entendre une clameur de combats.
Son regard glissa vers ses sacoches. Et si l’Ordre cachait la vraie histoire ? Et s’il y avait autre chose, avant cet âge des Héros ?
Fændal secoua la tête et se remit en selle.
Son cœur, théâtre d’un affrontement sans fin entre Gouvernement et Conglomérat, différait du reste de son être. Quand de demi-dieux autoproclamés se regardaient en chien de faïence, ailleurs, des créatures consommatrices et décérébrées s’abandonnaient à une sorte de contemplation béate de la décadence. Plus on s’éloignait de l’hypercentre et approchait du mur, plus on sombrait.
— Monsieur, ils vont s’entretuer…
— Vous semblez ignorer les lois de la nature, Haytham. Le fort écrase le faible. Le faible se soumet au fort. Par sa violence, l’alpha de la meute enseigne l’obéissance à l’oméga. Ces règles élémentaires doivent être respectées.
— Mais…
— Laissez-les, renchérit-il.
— Ha. Oui, j’y vais.
Elle s’en alla d’une démarche décidée mais, au bout de quelques mètres, commença à divaguer. Cet état d’urgence l’intriguait malgré son côté angoissant. Si un prisonnier évadé lui tombait dessus, rien ne l’empêcherait de la tuer. Réparer des machines ennemies faisait d’elle une ennemie, justement, et ce même si elle ne le faisait pas de gaieté de cœur. Annabelle jeta des regards curieux aux environs, mais ne vit rien sinon des soldats en maraude dont la seule allure faisait fuir tout le monde. Une bonne beuglante du commandant remit ce « tout le monde » au travail. Dehors, un gigantesque hovercraft de ravitaillement était arrivé et il n’allait pas manœuvrer tout seul.
Annabelle gagna enfin la réserve. Comme un cariste faisait trimballer un train d’atterrissage à sa machine, elle entra par la voie royale. La porte se referma derrière elle dans un concert de bipbip et ensuite, le silence. Ici, tout était soigneusement rangé : combinaisons accrochées au mur, matériel d’entretien dans les armoires, outillages sur les étagères et au centre, classées par numéros, les pièces détachées de grosse envergure. Annabelle se dirigea vers le fond de la salle, où devait se trouver le fameux « matos » nécessaire à Jack.
Elle chercha un moment, en vain. Croyant avoir été devancée, elle s’apprêta à faire demi-tour pour s’en assurer. À cet instant, la caisse convoitée se renversa à ses pieds.
— C’est ça que tu cherches ?
— Pas assez discrète.
Il fit volte-face à Kayla. Claqua des doigts. L’âcre nimbus se volatilisa dans ses yeux et se faufila dans ses narines. Elle toussa, recula par réflexe.
— Pas assez de contrôle.
Shadow enchaîna par un crochet du droit. Son élève réagit, évita cette agression — et d’ainsi sentir ses dents voler en éclats ; tenta un direct du gauche, contre-offensive arrêtée, illico, dans son élan.
— Pas assez vive.
Elle gémit, son membre retourné. En un geste de son détestable professeur, elle se retrouva cul par terre.
— Connard, geignit-elle de colère et de douleur entremêlées.
— Pas assez créative, ironisa Shadow.
Son regard glissa sur elle, arrogant, dédaigneux. En cet instant, il ressemblait à un de ces caïds du ghetto satisfaits de martyriser une nouvelle tête. Il s’inclina vers elle, tendit une main secourable pour mieux la retirer, non sans la gratifier d’un sourire goguenard.
— Relève-toi, ordonna-t-il. Sauf si tu veux faire ton chemin ainsi, à te traîner. Comme une chienne.