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"Vous savez, monsieur, mon Popsy est très fort.
- Ah oui ? " Sheridan songea : Tu parles ! Je parie qu'il est le seul vieux de la maison de retraite à pouvoir soulever tout seul son propre bandage herniaire.
" Il me retrouvera.
- Mais oui, mais oui.
- Il sent où je suis. Avec son nez".
Afficher en entier"A mon avis, il parle pas, commenta Mrs Scooter.
- Non, en effet", répondit Hogan, qui se reprit soudain à penser au môme. Mr Bryan Adams de Nulle-Part (U.S.A.). Des comme lui, il y en avait beaucoup, à l'heure actuelle. Et pas mal d'adultes, aussi, roulant leur bosse au hasard comme des papiers gras poussés par le vent, le long des nationales, toujours prêts à vous piquer votre portefeuille, à lancer : Va te faire foutre, connard ! et à ficher le camp. On pouvait arrêter de prendre des auto-stoppeurs (ce qu'il avait fait), mais ce n'en était pas moins un monde dur, un monde dans lequel des cinglés débarquaient n'importe où à l'improviste, dans lequel une petite assurance supplémentaire n'était pas forcément un luxe. Il avait une femme après tout.
Et un fils.
Ce ne serait pas si mal, si Jack avait un dentier claqueur géant trônant sur son bureau. Si jamais quelque chose arrivait.
Juste au cas où.
Afficher en entierUn doigt venait de surgir de l'orifice de vidange du lavabo.
Un doigt humain.
Un instant, le doigt resta immobile, comme s'il se rendait compte qu'il venait d'être surpris. Puis il se remit à bouger, cherchant son chemin, sur la porcelaine rose, avec des tâtonnements de ver de terre. Il atteignit la bonde de caoutchouc blanc, passa par dessus, puis retrouva la porcelaine.
Afficher en entierLa Cadillac de Dolan
La vengeance est un plat qui se mange froid.
Proverbe espagnol
Pendant sept années j’ai attendu, j’ai surveillé. Dolan, je l’ai vu venir. Je l’ai observé lorsqu’il entrait dans les restaurants chics, en smoking, avec chaque fois une femme différente au bras, et en sandwich entre ses deux gardes du corps. J’ai vu ses cheveux poivre et sel acquérir d’élégants reflets argentés pendant que les miens se contentaient bêtement de tomber et de me laisser chauve comme un œuf. Je l’ai épié chaque fois qu’il quittait Las Vegas, pour ses pèlerinages réguliers sur la côte Ouest ; j’ai épié chaque fois son retour. Deux ou trois fois, je l’ai vu, depuis une route de service, tandis qu’il passait sur la US 71, en direction de Los Angeles, dans sa Cadillac DeVille du même gris argenté que ses cheveux. Et je l’ai aussi vu quitter sa maison d’Hollywood, toujours dans la Cadillac grise, pour retourner à Las Vegas, mais pas aussi souvent. Je suis instituteur. Les instituteurs et les gangsters de haute volée ne disposent pas de la même liberté de mouvement ; c’est un fait d’ordre économique contre lequel on ne peut rien.
Afficher en entier« Les images étaient comme du papier sec prenant feu dans la lumière concentrée et impitoyable qui semblait lui emplir l’esprit ; c’était comme si l’intensité de son esprit en avait fait une loupe humaine. […] Personne ne pouvait garder en mémoire des images aussi infernales, une expérience aussi terrifiante, et conserver son bon sens, si bien que le cerveau se transformait en fournaise, grillant au fur et à mesure tout ce qui lui était présenté. »
Afficher en entier« Comme Jeopardy. En fait comme la finale de Jeopardy. Dans la catégorie Inexplicable. La réponse finale est : Parce que tout est possible. Mais savez-vous quelle est la question finale ? […] La question finale est celle-ci : Pourquoi des choses horribles arrivent-elles parfois aux personnes les meilleures ? »
Afficher en entier- Dolan ?
Un éclat de rire monta du monticule ; un rire sans contrainte, irrépressible, tout à fait authentique. Je sentis la chair de poule me hérisser la peau. C'était le rire d'un homme ayant perdu la raison.
Il rit ainsi longtemps, longtemps, de sa voix enrouée. Puis il hurla, et rit à nouveau. Finalement, il fit les deux en même temps.
Je ris aussi quelques instants avec lui, ou hurlai, qu'importe, et le vent rit et hurla avec nous.
Afficher en entierINTRODUCTION (page 10) :
Je n’évoque que rarement ces questions, car je me sens gêné par ce que mes réflexions peuvent avoir de prétentieux, mais je considère toujours que les histoires sont de grandes choses, des choses qui non seulement donnent plus de cachet à notre vie, mais qui vont même, en réalité, jusqu’à la sauver. Et ceci n’est pas une métaphore. Les choses bien écrites – les bonnes histoires, autrement dit – sont comme les amorces de l’imagination ; et le but de l’imagination, à mon avis, est de nous consoler et de nous protéger de situations et de moments de la vie qui se révéleraient, sinon insupportables. Je ne peux parler que de mon expérience, bien entendu, mais pour moi, cette imagination, qui m’a si souvent privé de sommeil et terrorisé lorsque j’étais enfant, m’a permis de survivre aux agressions les plus violentes de la réalité lorsque je fus devenu adulte.
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