Le survivant - La série

Ce volume est paru comme supplément gratuit au n°7 de la série Le Mercenaire. À l'intérieur du volume est brochée une "sous-couv" du survivant. Il y a 2 ISBN : celui du double volume (2-259-01325-2, qui est aussi celui du Mercenaire)

Le capitaine eut un mince sourire : - Dans moins d'une demi-heure, vous prêterez serment sur la Bible et... Chambers l'interrompit, regardant tour à tour les hommes en uniforme : - Président de quoi ? Les Soviétiques sont à Chicago, en Nouvelle-Angleterre... La famine, radio-activité, le crime, menacent le restant de notre population. La Californie n'existe plus. New York, rayé de la carte. Washington, rasée. Président de quoi, messieurs, je vous le demande... D'un cimetière où gisent cent soixante millions de morts, d'un désert nucléaire sillonné par des hordes de motards sauvages… Source : Plon

A présent, c'était la nuit, et un grand feu lançait des reflets roux sur les faces luisantes des Warriors... Ils faisaient cercle autour du corps d'un des leurs, Rusty, écartelé sur le sol. Rusty avait désobéi... Pour cela il allait mourir. II poussa un hurlement atroce. Un poignard venait de lui perforer l'estomac. - Chubby va t'arracher le foie, tu comprends Rusty, lança le chef des Warriors, de sa voix de fou sanguinaire. Les autres contemplaient la scène en silence. Ils connaissaient tous la loi. La promesse du sang... Source : Plon

Edward La Flibuste prit les commandes de son petit zinc rafistolé. Le moteur hoqueta, toussa, il eut une explosion et, pétaradant, l'appareil sortit du hangar. La Flibuste rayonnait: - Venez ! Ça marche! La mort dans l'âme, Rourke et Sissy montèrent à bord. Penché en avant, Ed serrait les dents : - Vas-y ma mignonne, ma Bandette. Monte, fais ça pour moi ! Bandette, envoie-toi en l'air! Rourke surveillait le nez du zinc. S'il s'élevait, c'était bon, sinon tchao l'existence… Source : plon

Gad, le maître de Santa-Dosa, était blotti contre le mur du fond. Il avait ôté sa cagoule et il était plus blanc que sa robe. Ses traits étaient figés en une expression de terreur abominable. Le regard fou, il contemplait les corps ensanglantés de ses deux gardes. - Salaud ! lui cracha Rourke. Tu croyais encore t'en tirer. Puis il saisit brutalement la dame-jeanne portant l'étiquette à tête de mort. - Gad, fit-il très doucement, la coupe de la fureur de Dieu, c'est toi qui va la boire. Source : Plon

Depuis quatre heures qu'ils étaient partis pour rejoindre la base volante de Holmes Spring en Georgie, John Thomas Rourke ne parvenait plus à voir le lieutenant Douglas qui le précédait. L'inquiétude l'envahissait et Rourke marchait de plus en plus vite. Il dépassa un virage. Et soudain, il aperçut une forme dans son champ de vision. Il se tourna et demeura figé d'horreur. La tête du lieutenant Douglas était posée au milieu du chemin, les yeux grand ouverts, et le regardait. Elle avait été tranchée à hauteur des cervicales et baignait dans une mare de sang. Source : Plon

Rourke leva les yeux. Sur la hauteur, à une centaine de mètres de là, il voyait la silhouette lugubre de grandes croix de bois. Ses deux amis étaient fichés dessus comme deux pantins désarticulés. Immobiles. II fallait monter vite, avant que les wildmen n'achèvent le massacre... Il contourna le bunker par les crêtes, arriva en haut, le coeur battant. Il prit doucement le poignet de Rubinstein. Poissé de sang. Le poul était très faible. Les lèvres crispées semblaient vouloir dire quelque chose. Rourke se retourna brutalement. Ils étaient tous là. Baraqués comme des montagnes, armés d'AK 47, silencieux et immobiles, à quelques pas de lui. Il était fait comme un rat. Source : Plon

Le Punk se retourna, terrifié. Il lâcha Jenny, la fillette qu'il s'apprêtait à violer tandis que Rourke appuyait sur la détente de sa Car 15. L'arme aboya. Les balles entrèrent par la bouche du Punk, traçant dans sa nuque une sanglante boutonnière. Le type s'affala. Jenny sanglotait. Rourke tâta du pied le corps du Punk qui gigotait encore. Ils devaient maintenant filer avant que la meute de loubards vienne venger son martyr. Source : Plon

Le ciel se zébrait d'éclairs au moment où la foudre s'abattit. Plaqué contre la parole de la pagode, Rourke haletait. II vissa lestement un double silencieux au canon de sa Car 15. Les créatures cannibales qui grouillaient tout autour, commençaient à l'encercler. Elles lorgnaient sur leur festin. Rourke transpirait. A cet instant, il savait qu'aucun bookmaker au monde n'aurait parié un cent sur lui! Source : Plon

La créature souleva mécaniquement la hache. Son regard n'était plus qu'une griffure mortelle. Elle abattit violemment le lourd tranchant affûté. La tête d'Oncle Harry se fendit en deux, comme une pastèque. Elle s'ouvrit telle une sinistre boîte à musique. Dont les notes, ici, avaient l'apparence visqueuse du sang. Cette créature s'était échappée d'un laboratoire secret du KGB. John Thomas Rourke lui donnait la chasse. ll devait la détruire avant qu'un nouvel holocauste ne frappe les États-Unis d'Amérique. Source : Plon

Liée par les poignets à une corde, Carol se balançait au-dessus d'une nasse pleine de rats affamés. Ravissante madone vouée à la voracité des rongeurs. Terrées sous Manhattan, mille faces noiraudes la regardaient se débattre, gigoter, l'écoutaient gémir. Yeux au délice, savourant la vue de la fille au supplice. Seul Rourke, embusqué sur la corniche, avait peut-être une chance de la sauver. Mais lui, n'y laisserait-il pas la peau, à son tour ? Source : Plon

Le colonel avait été autrefois un as des Forces Spéciales américaines. Un meneur d'hommes exceptionnel ; le roi incontesté des coups tordus et des expéditions punitives. Aujourd'hui, après l'apocalypse nucléaire, le colonel était toujours un as, mais il ne servait plus la même cause... Le Président avait donné l'ordre de l'anéantir, lui et la ville fantôme qu'il avait construite. Et où il enchaînait des centaines de femmes transformées en pondeuses... Pour sauver la vie de ces captives, John Thomas Rourke n'avait d'autre solution que de se mettre hors-la-loi. Mais c'était peut-être déjà trop tard... Source : Plon

La nuque de l'Américain se brisa. La mascotte des commandos spéciaux de la Marine s'écroula par terre. La gueule du Mexicain s'orna d'une mimique sadique. Puis le type appuya sur la détente de son soufflant. Le coup partit. Sec. Claqua. La balle, pendant ce temps, traversait la bouche du commando et se logea dans le plancher. Aussitôt, du sang couvrit le sol. Dessinant une sorte d'auréole au-dessus de la tête du macchabée Le Mexicain s'esclaffa. II rigola tant qu'il faillit s'étrangler. Mais l'envie de se marrer lui passa très vite, lorsque apparut sous son nez le fusil CAR 15, muni d'un double-silencieux. Et au bout, le rictus impitoyable qui faisait grimacer le visage de John Thomas Rourke. Source : Plon

Un nuage de cordite flottait dans l'hôtel Trinidad. Odeur de poudre où se mêlait celle des cadavres pourrissants. L'étripage avait commencé. Une lutte à mort. Sans merci. Pendant que les commandos spéciaux du général Brady encerclaient la ville, avant de lui donner l'assaut. Entre les deux camps, John Thomas Rourke revenu, pure folie, sauver un Warrior du massacre. II naviguait maintenant entre deux feux, refusant de croire qu'il pouvait laisser sa peau dans ce patelin minable. Une conviction qui s'amenuisait au fil des secondes. Car Rourke profanait les portes de l'Enfer. La mort aux trousses!

Le serpent campait, dressé sur le corps d'Angela. Encore étourdie, la fille le regardait effrayée, sans broncher. Elle n'osait crier. Près d'elle, enfoncé dans l'eau jusqu'à la taille, John Thomas Rourke attendait que le reptile lui offre sa nuque. Il lui trancherait la tête. Au couteau. Sans bruit. Ses yeux imploraient Angela de se taire. Rourke savait que cette saloperie de serpent possédait des sacs à venin gros comme des citernes. La moindre morsure serait fatale. Mais Rourke n'avait pas le choix. Les Rangers cubains qui les pourchassaient dans la jungle pouvaient leur tomber dessus d'un moment à l'autre. Il devait agir immédiatement. Angela l'en suppliait. Avant qu'il ne soit trop tard.

L'avion bondissait sur la piste. Les quatre réacteurs rugissants. Il fonçait à une allure folle. Une auto-mitrailleuse essayait de lui barrer la route. De l'empêcher de décoller. Dans dix secondes, John Thomas Rourke s'arracherait du sol, ou bien il percuterait le blindé de plein fouet, et son zinc éclaterait, pulvérisé par le choc. Mais Rourke n'avait pas le choix. II tenta sa chance...

Le mécano gisait au fond d'un bidon, la tête ensanglantée. En entrant dans le garage, Rourke ne sentit pas sa présence. II avisa la Ford. Un instant après, il ouvrit la portière. Le canon démesuré d'un 44 magnum lui chatouilla les narines. Le métal froid l'invita à s'asseoir. Tenant la crosse de l'arme, il reconnut Nad Kotchef, l'une des plus ignobles créatures du KGB. Rourke s'était fait posséder. - Je suis là pour te buter, enfoiré. Rourke ravala sa salive. Cette fois, pensa-t-il, c'est fini! Source : Plon

La créature se releva. Elle recracha le morceau de viande humaine qu'elle avait découpé sur le pendu. Sa bouche ruisselait de sang. Rourke tira de nouveau sur elle. Le monstre absorba la balle. Il semblait indestructible. Rourke regarda autour de lui. Personne ne viendrait à son secours dans cet ancien snack-bar dévasté. Il appuya encore sur la détente. En visant cette fois le crâne. C'est alors que son arme s'enraya. Au pire moment! Source : Plon

L'épave d'une vieille chevrolet, un motel sinistre, quelques maisons en préfabriqué, des cadavres, tous salement mutilés, qui jonchent les rues ou pendent aux fenêtres... Foxton, une petite ville paisible du Kansas, devenue l'enfer de la drogue sous l'emprise d'Howard le Dingue et de ses warriors. Non loin de ce nid de vipères, un monstre sanguinaire règne sur les Dovoïdes, une bande de loqueteux dégénérés... Karga, le Prince des Ténèbres, voué à Satan et à ses Maléfices qui se délecte du sang de ses victimes, innocentes jeunes filles qu'il torture et sacrifie à son Maître Lucifer. Ceux qui se sont aventurés dans ces terres de l'horreur n'en sont jamais revenus. Et pourtant, à l'aube d'un jour clair, deux cavaliers surgissent, deux hommes bien décidés à balayer toute cette racaille. L'un d'entre-eux s'appelle John Thomas Rourke... Source : Presses de la Cité

Les hommes étaient puants de saleté. Ils s'entassaient les uns contre les autres. Tandis que Cobra bichonnait sa M60 et disposait soigneusement ses bandes de cartouches. L'air si halluciné qu'on aurait cru qu'il avait absorbé une bonbonne de LSD. Leur hélico s'était écrasé dans les marais. Dans la carlingue broyée, ça dégageait à plein nez un mélange d'huile chaude, de graisse et de kérosène. Il leur faudrait une sacrée chance pour échapper à cette putain de jungle! Le visage de John Thomas Rourke se vérouilla si violemment qu'un pied-de-biche n'aurait pu lui ouvrir les mâchoires. Seule, l'inscription que portait Cobra sur son casque cabossé y parvint en lui arrachant un sourire : "Si je meurs ici, enterrez-moi à plat-ventre, pour que les Russes puissent bien me baiser." Source : Presses de la cité

De toute évidence, ce type était drogué ; sur son visage peinturluré, luisaient deux yeux rougeoyants, exorbités, craquelés de vaisseaux. Il grognait. Feulait presque, laissant apparaître une poignée de chicots jaunis et déchaussés. Derrière lui, deux autres Créoles du même acabit s'avançaient, balançant un gourdin entre leurs grosses mains noires. Rourke se demanda ce que pouvait bien faire Toussaint. D'un coup d'oeil, il l'aperçut, tapi au fond de la grotte, le corps tremblant, le regard perdu, comme halluciné. Ce fumier de guide l'avait lâché : Toussaint était déjà mort... de trouille ! Rourke sut alors qu'il était seul, face à trois Zombis, ces dégénérés anthropophages qui terrorisaient la population haïtienne. Des Morts-Vivants! Source : Plon

Perché sur le toit du corbillard, Rourke comprit la situation en une fraction de seconde. - Fonce ! Fonce ! hurla-t-il à Jake, l'ancien boxeur, qui se cramponnait au volant. Jake écrasa l'accélérateur et lanca son vieux tacot contre les blindés soviétiques qui bloquait l' issue au pont. Malgré les cahots, Rourke parvint à charger son Bloop Gun. L'hélico qui les harcelait depuis Harrisburg piquait sur eux. S'il réussissait à le descendre et que Jake arrivait à forcer le barrage, ils seraient tous sauvés. Sinon, les Soviétiques allaient d'abord les transformer en cadavres et ensuite les jeter en pâture aux bouffeurs de charogne qui grouillaient dans les parages ! Source : Plon

Une fable reste une fable jusqu'à ce que la chimère devienne réalité. Et, à ce moment commence l'épouvante. John Thomas Rourke en eut la certitude quand il vit jaillir des eaux de la baie une créature monstrueuse. Gigantesque serpent de mer, qui donna un coup de queue d'une violence inouïe sur le flanc du navire. C'est alors que Rourke considéra avec dérision le malheureux calibre 45 qu'il tenait dans la main. Il n'avait aucune chance de terrasser l'animal ! Pourtant, il prit son temps pour viser son énorme œil globuleux... Source : Plon

Debout sur le toit, bien campé sur ses jambes écartées, l'Indien soupesait son adversaire. La lame de son poignard dressé scintillait dans la lumière des premiers rayons du soleil. Il chargea. Désarmé, acculé contre un pan de cheminée, Rourke le laissa s'approcher. Brusquement, il lui expédia son pied derrière la nuque. Le coup fut si violent que l'Indien vacilla ; il encaissa encore une série de directs avant de s'écrouler sur le dos, le visage ensanglanté. Rourke plongea pour arracher le poignard des mains du Navaho mais fut projeté en arrière par une formidable manchette qui lui coupa littéralement le souffle. Hagard, suffoquant, Rourke sombra. Sa dernière vision fut celle de l'Indien, dressé au-dessus de lui comme un grizzli, prêt à bondir. Source : Plon

Avant d'atteindre ce quartier pauvre de la Nouvelle-Orléans, Rourke et ses hommes avaient traversé l'enfer. L'enfer des égouts de la ville, grouillant de rats et sillonnés de hordes de gueux, rongés par la maladie et la haine, détruisant tout sur leur passage, comme pour assassiner leur désespoir. Rourke poussa un long soupir de soulagement. Dehors, malgré la pluie, des enfants jouaient en poussant des cris joyeux et, dans ce havre de paix, il sentit une douce torpeur l'envahir. Dans le ciel, juste au-dessus de l'immeuble d'en face, évoluait un petit avion, un modèle réduit. Un jouet bien sophistiqué pour les enfants de ce quartier pauvre... Trop sophistiqué! Rourke se rua sur son fusil. La bombe téléguidée n'était plus qu'à vingt mètres, fonçant sur lui. Il leva son arme et visa. II avait une chance sur dix. Source : Plon

La rue avait une largeur de vingt-mètres. Rourk avait six secondes pour rejoindre le trottoir qui surplombait l'immeuble où se planquait le tueur. La plainte du Chinois mutilé déploya les ailes du Survivant qui, surgissant de son abri, s'élança sur le macadam. Une rafale laboura la terre entre ses jambes, des éclats de pierre lui griffèrent les mollets. Au même moment, son pied heurta un caillou, il perdit l'équilibre. Dans sa poitrine, comme un écho de sa galopade effrénée, Rourke entendait son cœur qui battait comme une armée de tambours. En un éclair il entrevit son corps percé comme une écumoire, il allait s'étaler au milieu de la chaussée... Source : Plon

Dans sa tenue de Grand Sorcier du Klu-Klux-Klan, Abraham Sanders exhortait ses fidèles à la Guerre -Sainte. Debout sur la tribune, il haranguait la foule encapuchonnée. - Les Nègres n'ont pas été créés à l'image de Dieu gesticula-t-il, et ceux qui prétendent le contraire battent de la fausse monnaie ! Ces faces ténébreuses, je vous le demande, ne sont-elles pas plutôt l'œuvre de Satan ? Le public, hystérique, se mit à hurler ; des slogan - racistes éclatèrent un peu partout, des torches s'allumèrent par centaines. La chasse aux Noirs était ouverte. Avec son cortège d'assassinats et d'horreurs. Source : Plon

Le type avait une sale gueule balafrée; ses cheveux crêpelés luisaient dans la pénombre de la cave. Il promenait, en se déhanchant, l'aiguille d'une seringue sous l'œil subjugué d'une fille décharnée dont le visage, ruisselant de sueur et de bave, exprimait une angoisse insupportable. – Regarde-moi cette salope, ricanait l'homme, mais c'est le grand amour, on dirait... Une étincelle sadique s'alluma tout à coup dans ses petits yeux noirs, cruels et froids. – A poil maintenant! Et magne-toi le cul, sinon tu peux dire adieu à la shooteuse. Écœuré, Rourke détourna la tête, pour tenter d'échapper à ces atrocités que diffusait l'écran du magnétoscope. Luttant contre une vision terrifiante qui venait de l'assaillir. Celle de Sarah, sa femme, contrainte de se prostituer pour obtenir sa dose de came... Source : Presses de la Cité

Les narines remplies de l'odeur écœurante de la mort qui planait dans la morgue, Rourke se débattait violemment. Mais les liens qui l'attachaient à la table de dissection étaient solides. Le Maître Secret des Frères de la Maison d'Or, le docteur Adaman Peal, se pencha sur lui avec un sourire aussi douceâtre que le parfum des cadavres en décomposition. Plus inquiétant encore, le bon toubib brandissait dans sa main droite une seringue chargée d'un liquide trouble. Horrifié, Rourke sentit l'aiguille pénétrer dans sa veine. Aussitôt, sa vue se brouilla. Quelques instants plus tard, il s'abandonnait, subjugué, confiant, à son tortionnaire. Rourke se mit à table. C'était la première fois... et sûrement aussi la dernière! Source : Vaugirard

Le visage ovale et barbu de Dixie s'éclaira d'un étrange sourire et il s'accroupit. Il avança la main, caressa la pierre ; ses doigts se promenèrent un moment sur la mousse verdâtre qui faisait comme un duvet humide et souple sur le granit. Puis une sorte de frénésie s'empara de lui. Le cœur battant, les yeux révulsés, il se mit à gratter la terre de chaque côté de la dalle. C'est alors qu'une petite voix enfantine se mit à marteler ses oreilles. Comme un écho de sa conscience indignée. - Laisse les morts en paix, disait la voix, tu es fou, ma parole! Une heure plus tard, quand Dixie disparut dans la nuit, il laissait derrière lui un étrange rébus : une petite fille étranglée, une tombe profanée, un cercueil forcé... Source : Vaugirard

L'homme, un casque radio sur les oreilles, se retourna brusquement en entendant la porte s'ouvrir avec fracas. Empêtré dans ses fils, il fut moins rapide que Rourke et, touché au cou, il s'écroula sur son émetteur. Le type avait eu le temps de contacter son QG mais n'avait rien transmis. Il était encore possible d'annuler l'alerte. Rourke s'installa devant la radio. Derrière lui, les yeux révulsés, la gueule en sang, l'homme blessé à mort, puisant dans ses dernières ressources, levait une main tremblante, le doigt crispé sur la queue de détente de son automatique... Source : Plon

Sur la place de la cathédrale de Monterrey, une foule de deux cents, peut-être trois cents affamés suivait les deux Américains du regard, immobile et silencieuse. - C'est le moment de piquer un sprint, murmura John Rourke à son nouveau guide. Il n'avait pas fini sa phrase qu'un ordre, un cri bestial, jaillit parmi les mendiants, agissant sur eux comme un électrochoc. Ce fut le signal de l'hallali. Les loqueteux, aussitôt transformés en chasseurs d'hommes, refluèrent de tous les côtés. Rourke et Chen s'engouffrèrent dans une ruelle encombrée d'excréments et de détritus. L'arôme douceâtre de la mort remplit leurs narines. Ils eurent l'impression de renifler leurs propres cadavres... Source : Plon

L'homme avait été entièrement éventré. Il gisait étendu dans cette baignoire trop petite pour son embonpoint, émasculé, ses organes génitaux enfoncés dans la bouche. Au-dessus de sa tête, un oiseau éventré, lui aussi, avait été cloué dans le mur. C'est là, devant ce spectacle ignoble, où la barbarie le disputait à la sauvagerie que Rourke prit la mesure de son adversaire. Un adversaire qui allait le faire plonger dans un monde ténébreux, un sanctuaire peuplé d'une humanité revenue à l'âge préhistorique : le Bayou of Death... Source : Plon

Un simple coup d'œil au tordu qu'il venait de boxer.. et Rourke comprit qu'il s'était fourré dans les ennuis. -Te v'là dans une sacré potage ! ricana le loubard. J'vais te couper les couilles, t'arracher la langue, t'éplucher comme un oignon. Le gars rugissait comme un dément. Mais, plus grave, il braquait sur Rourke un Stakeout calibre 12. un "pompe" spécial police capable de vous décoller la tête d'une seule décharge. De quoi prendre au sérieux la menace de ce fou furieux ! Source : Plon

A la première décharge que ce fumier de Griffith lui administra dans les fesses, Rourke eut l'impression de s'asseoir sur un câble à haute tension. Son corps se cabra, son cœur bondit dans sa poitrine, en proie à un spasme terrible, à une douleur insupportable qu'il endurait pour un crime qu'il n'avait pas commis. - Réfléchis bien, patriote ! Ou tu parles ou la prochaine giclée, je te la balance dans les roubignoles, et là, tu vas déguster ! Rourke en reprenant son souffle, songeait avec amertume que l'électricité avait été autrefois synonyme de progrès ! C'était à mourir de rire...ou plutôt à mourir tout court. Source : Plon

Rourke se dressa face au fleuve qui serpentait au loin et qui traversait la batellerie de la ville avant de reprendre sa lente sinuosité vers le sud. Quelque part, il en était sûr maintenant, sa femme et ses deux gosses se terraient dans un coin, poursuivis par une horde de lyncheurs ivres de vengeance; et lui, il était là, impuissant, sur ce belvédère, peut-être à quelques mètres d'eux qui ne le savaient pas. Où pouvaient-ils être dans cet imbroglio de ruelles, dans cet assemblage hétéroclite d'habitations branlantes où pullulaient maquereaux, trafiquants, tueurs à gage...? Source : Plon

John Thomas Rourke n'en crut pas ses oreilles, en entendant Hobbs, le patron des services secrets de la Marine, lui déballer toute l'histoire. Alors qu'une formidable escadre navale s'apprêtait à débarquer sur les côtes de Virginie, pour prendre à revers les Russes et détruire l'aérodrome que les Soviets avaient secrètement construit près de Suffolk, un type, embarqué sous un faux nom, projetait d'assassiner le colonel Gibson, qui commandait la Première Brigade Amphibie; tout ça parce que Gibson, qui lui aussi avait changé de nom, avait tué son frère... quinze ans plus tôt. Certes, l'oubli n'est pas de ce monde, mais à ce point, Rourke avait de quoi se montrer légitimement perplexe. Perplexité, qui bientôt céderait le pas à une frénétique course contre la montre... et au déballage d'une cuisine peu ragoûtante ! Une vengeance dont bien d'innocents allait faire les frais ! Source : Editions Vaugirard

Des milliards de dollars en lingots d'or et pierres précieuses gisaient maintenant au fond du lac Ozark. Où? Là était toute la question. John Thomas Rourke supervisait les recherches. Le lac avait ses petits secrets. Et les hommes choisis pour cette mission très spéciale, étaient chaque jour un peu plus à cran. L'un des leurs avait été enlevé. Et si l'on en croyait les racontars des habitants des bois, une sorte d'Église de Satan avait fait le coup. Possible, avait admis Rourke, mais un autre soupçon l'inquiétait bien d'avantage. Ce n'était encore qu'une intuition vague, mais l'or de Fort Knox, que le lac avait englouti la veille du grand cirque thermonucléaire, semblait convoité par d'autres qu'eux. Si cette intuition se confirmait cette mission spéciale leur réservait alors bien des surprises ! Source : Plon

John Thomas Rourke scrutait la rue. Il avait admirablement chronométré son affaire : à l'heure dite, la camionnette pila devant la maison. En ordre, mais lestement, le général Brenton, sa fille Anita et madame Deebs, qui ne cessait de vitupérer contre "ce kidnapping odieux y grimpèrent. Jusqu'ici l'opération s'était déroulée sans anicroche, Rourke en souriait presque. Un cliquetis dans son dos le ramena à la triste réalité. Il avait reconnu ce cliquetis et, s'il ne bougeait pas très vite, le destin allait lui tailler un joli costume, à ses mesures. Et sans retouches... Source : Plon

Pendu par les pieds à la poutre du plafond, Zonberg tournoyait au bout de sa corde comme une longue saucisse sèche. - Crois pas, sale Youpin, que tu vas crever comme ça. Une mort douce, ça se mérite. Seul un bon chrétien y a droit. Mais les gens de ta race, c'est des rats, ils portent en eux la malédiction comme les moustiques le paludisme. Sa race ? Zonberg faillit éclater de rire en entendant cette litanie chargée d'une haine venue du fond des temps. Rien n'avait donc changé sur ces rives du Mississippi ? Brusquement la corde se détendit et Zonberg plongea la tête la première dans un chaudron d'eau bouillante. Source : Plon

Ça le terrorisait, Chester, qu'on en veuille à sa vie. Une vie, il était le premier à l'admettre, qui ne valait pas le poids de poudre que contient une cartouche. II en était à ce stade d'autocritique quand une balle lui traversa la tête de part en part, d'une tempe à l'autre. Ainsi, il ne sut jamais qu'il n'était qu'un pion dans un jeu sauvage organisé par une bande de jeunes fêlés de Saint-Louis. Il ne sut pas non plus qu'il allait être le dernier innocent abattu par le Saint-Louis Gang. Qu'un à un, chaque membre du gang allait payer de sa propre vie. Très cher. Source : Plon

- Les chiens de ton espèce, aboya Kratchov, on leur ouvre le ventre ! Comme une boîte de sardines. Après, on le farcit de pierres brûlantes. Et ça va t'étonner, sale fumier de Yankee, mais on en meurt pas tout de suite. Oh, ça ne dure pas longtemps, mais y a bien cinq minutes pendant lesquelles t'auras qu'une envie, c'est de crever ! Hébété, Simba entendit la sentence sans broncher. Dans son cerveau tétanisé tourbillonnait une seule question : pourquoi, bon Dieu pourquoi était-il entré dans ce sous-marin ? Une vieille relique nazie que des raz-de-marée successifs avaient fini par vomir, intacte, sur les berges de la Cape Fear river... Il y eut une seconde. Puis l'éclat d'une lame cisaillant l'air lui brûla les yeux. Source : Plon

Tétanisé, Rourke s'arrêta net. Il n'avait jamais vu pareille horreur. Charlotte, un fusil d'assaut M.16 glissé sous son long manteau, était beaucoup plus sereine. Elle avait depuis longtemps l'habitude de voir ces minuscules cages suspendues un peu partout dans la ville où les Cristeros emprisonnaient les infidèles : hommes, femmes et enfants recroquevillés à s'en briser les articulations. Leurs vagissements, à peine audibles, suppliant qu'on les achève, transperçaient les oreilles de Rourke comme autant d'aiguilles. — Faut pas traîner, insista Charlotte qui sentit Rourke hésiter. Ce ne sont que des débris humains. Vous ne pouvez plus rien pour eux. Sans un mot il s'engouffra par une porte dérobée dans la forteresse du gourou des Cristeros.

- Croyez-moi, glapit Golovitch, je suis sincèrement désolé, mais, voyez-vous, vous vous êtes égaré sur mes plates-bandes. Je suis, hélas, obligé de sévir... Sévir? Le mot dans la bouche de ce détraqué avait de quoi vous pétrifier d'horreur. Walt Eakins essaya de bouger mais ses liens le serraient jusqu'au sang. Un rire gras secoua la grosse tête porcine de Golovitch. - Allons, Walt, je vous en prie, vous me vexez ! Vous êtes mon invité et vous voudriez vous éclipser avant le plat de résistance ? Au fait, ajouta-t-il virevoltant, vous connaissez Torquemada ? Oui, bien sûr, Eakins connaissait le grand Inquisiteur du Saint-Office, le tortionnaire méthodique et fanatique de milliers d'innocentes victimes. A cet instant, surtout, il comprit qu'il allait mourir. Source : Plon

La bouche lippue de Peter Tosh s'écorna d'un sourire grimaçant : à un mètre de lui se dressait une espèce d'épouvantail enveloppé dans une cape noire : le visage masqué ne laissait apparaître qu'une paire d'yeux qui le fixait d'un regard froid et sinistre. - Encore ces foutues hallucinations, grommela-t-il en éructant un rot lourd de huit heures d'alcool éclusé au bar du Blind Pig. Allez, barre-toi, saloperie, dégage ! Mais l'apparition s'incrustait. Pire, au lieu de se fondre dans les ténèbres d'où elle émergeait, elle se rua sur lui. Tosh eut le temps d'apercevoir une invraisemblable patte de fauve armée de griffes métalliques s'abattre sur sa poitrine. Mais il mourut avant d'avoir eu le temps de jurer de ne plus avaler une goutte d'apple-jack... Source : Plon

- Où est le fils de pute qui a fait ça ? L'homme qui venait de parler, le capitaine Grabble, commandait une unité d'infanterie de marine chargée d'acheminer vers le sud des États-Unis un immense convoi de vivres et de munitions. Autant dire mission impossible dans ce pays ravagé par la famine et dévasté par des bandes de pillards prêts à tuer pour un bout de viande... C'est là, devant le cadavre du caporal Everton, gisant sur la chaussée, le crâne fracassé, que Grabble prit la mesure de l'horreur qui les attendait, lui et ses hommes. Source : Plon

- Lâche-moi, espèce de salope ! brailla Boris. Mais Irena s'agrippait férocement à son bras pour tenter d'arracher le Tokarev qu'il serrait dans sa main. Elle luttait avec l'énergie du désespoir, jetant toutes ses forces dans ce qu'elle savait être son dernier combat. Lorsque le coup partit, Irena, le plus beau et peut-être le seul fleuron véritablement épanoui de la bande de déserteurs russes qui avait établi ses quartiers à Palmyra, au cœur de l'État du Missouri, s'affaissa sans bruit. Pourtant l'écho de sa mort résonna jusqu'en Louisiane, dans le bureau du président des Nouveaux États libres d'Amérique. Source : Plon

Jennifer baissa les yeux. - Scène de cruauté barbare très ordinaire me direz-vous, mais ça fait quelque chose de trouver son mec sur le tapis du salon, la tête tranchée... Elle se tut, les yeux égarés par le désespoir. - Que voulez-vous, le mec, je l'aimais... John Rourke n'osa rien répondre ; il savait pourtant que les coupeurs de têtes allaient franchir un nouveau pas dans l'horreur. Bientôt, viendrait le tour des enfants. Les enfants de Jennifer... Source : Vaugirard

Torse nu, les seins atrocement ,mutilés, la fille gisait dans l'herbe écarlate. A ses côtés, fluide comme un spectre, la longue silhouette osseuse de James Huberty paraissait flotter dans le vent. Alerté par des cris déchirants, le vieux Salomon avait pourtant galopé comme un fou jusqu'à cette petite clairière. Trop tard. La fille était morte. Et là, devant ce cadavre sanguinolent, Salomon ne put retenir un haut-le-coeur. - Pourquoi t'as fait ça, espèce de salaud ? marmonna-t-il enfin. T'es cinglé ! Elle ne faisait de mal à personne, cette pauvre Clara. - Pauvre Clara ? ricana James. Une salope, oui... Une garce comme les autres! De toute façon, tu peux pas comprendre. J'ai une mission à accomplir... C'est Dieu qui m'envoie... Source : Editions Gérard De Villiers

- Merde, John, il y a un os... L'un des deux flingues qu'on a repêchés dans l'étang... - Oui? Et alors? - C'est celui qui a plombé la cervelle du chauffeur du président. Mais c'est pas tout... - Accouche, bon Dieu! - Le numéro de série, on a vérifié sur nos registres. C'est le colt personnel de... - Te fatigue pas, j'ai compris. Morrisson en avait eu le pressentiment dès le début: l'arme qui avait tué Fleetwood était bien celle de Chambers. Chambers, le président du nouveau gouvernement des États-Unis. Source : Plon

Il y a quelques années, certains stratèges de l'US air Force ont pensé que, si l'armée soviétique l'emportait, on devrait se résoudre à la politique du pire. En clair, si une vague de missiles intercontinentaux venait à détruire notre potentiel économique et humain, mieux vaudrait, en guise de réplique définitive, entraîner l'ennemi dans un abîme de destruction. Souvenez-vous : "plutôt morts que Rouges !". Aussi ces stratèges ont-ils imaginé un dispositif à la hauteur de leur ambition... Quelques minutes plus tard, lorsque le Président eut fini de parler, Rourke resta sans voix, horrifié par ce qu'il venait d'entendre : au poing zéro du compte à rebours qui venait de démarrer, c'était l'apocalypse. Source : Plon

Habité par un mauvais pressentiment, John Thomas Rourke mit pied à terre et s'approcha. Alors, malgré la fournaise qui faisait vibrer l'air ambiant, un frisson glacé lui parcourut l'échine: le corps englué jusqu'au cou dans l'asphalte qui les enveloppait comme un linceul visqueux, deux hommes gisaient sur la route. Deux hommes? Deux cadavres plutôt, les yeux révulsés par l'horreur, le visage boursouflé de brûlures atroces. Titubant, Rourke s'éloigna de quelques pas, mais il savait déjà que son chemin ne suivrait pas le cours prévu. Source : Plon

Sans desserrer les dents, Morrisson marmonna hargneusement : - Putain ! Qu'est-ce que c'est que cette connerie encore ! Rourke ? John Thomas Rourke ! Ici ! Et il aurait abattu ces cinq enfoirés ? Troublé, Morrisson quitta son bureau au pas de course. Trop d'indices. Et trop d'indices pourris... D'abord ces cigarillos, ces douilles de 45, ces empreintes de rangers, et puis cette odeur d'huile de moteur et d'essence... Autant de preuves qui accusaient Rourke. Mais bon Dieu, pourquoi aurait-il fait ça ? Source : Plon