S15- La nuit des saboteurs

Aux alentours de quatre heures du matin, Driscol ne s’étonna pas d’être convoqué au bureau du super-intendant. Les conseils de modération de Mats n’avaient, semble-t-il, pas été compris par le général Murphy. Et l’ancien cinéma des Hurricanes n’était plus qu’une forge où les rebelles achevaient de se consumer.

La première unité avait bombardé de grenades incendiaires le sanctuaire. Les hommes des troupes anti-émeutes, déployés dans la Cinquième, avaient consciencieusement dégommé tous ceux qui avaient cherché à fuir ou à se rendre. Le feu s’était étendu à deux autres blocs d’immeubles, qu’il ravageait maintenant, risquant de gagner les faubourgs de la ville où s’entassaient les réfugiés.

On était en pleine confusion. Et pour cette raison, Driscol, alias colonel Agourian des commandos Oméga du KGB, ne se méfia pas en allant aux ordres dans le bureau du superintendant. À peine y était-il entré que Rourke le désarma et lui passa des bracelets. Cela fait, il l’installa sur une chaise au milieu de la pièce.

— Mais… Je ne comprends pas, Mats.

— Allons, ça suffit. Nous connaissons votre rôle ici.

Mats le foudroyait du regard. Il lui en voulait d’autant que c’était lui qui l’avait investi comme chef de service. Question d’amour-propre.