Extraits

— Je ne vois rien ici.

Les métamorphes se déployèrent à la recherche d’une porte secrète.

— Une seconde, dit Carrow.

Elle pointa le doigt vers un petit animal qui courait vers nous sur les rails.

— Quelque chose arrive.

— C’est le plus gros rat d’égout que j’aie jamais vu, remarqua Quinn.

L’animal approcha, puis s’arrêta et se dressa sur ses pattes arrière. Il siffla en direction de Quinn.

"Qui est-ce que tu traites de rat ?"

— C’est Cordélia, Quinn, déclara Carrow. Mon familier. Elle n’aime pas qu’on la traite de rat.

— Mes excuses, Cordélia, dit Quinn, sourcils froncés. Je ne t’avais pas reconnue, de loin.

"Hum. Je ne suis pas convaincue."

— Quel est cet endroit ? demandai-je sans pouvoir m’en empêcher.

— La tour de la Guilde des ensorceleurs, bien sûr. Ce n’est pas pour rien que nous ne laissons jamais personne entrer sans être accompagné.

— Mais vous nous en parlez quand même ?

Mon inquiétude grandit, mais elle haussa les épaules et s’esclaffa :

— À qui pourriez-vous le répéter ?

— Mes amis ?

— Si vous parvenez à sortir d’ici.

Eeet voilà. Tous mes sens étaient déjà en alerte, mais ils étaient désormais aussi concentrés qu’un laser.

Je devais le toucher. Je ne pouvais pas m’en empêcher. Peut-être était-ce à cause de sa magie qui parcourait mon organisme. Ou peut-être était-ce juste lui.

Mais il le fallait.

Il y avait quelque chose de dangereux entre nous. Quelque chose que je ne comprenais pas.

Et je m’en fichais.

Je posai les mains sur les surfaces larges de son torse, et la chaleur de sa peau me brûla les paumes, avant de remonter sous forme de frissons le long de mes bras. Je levai les yeux vers ses lèvres, à temps pour les voir s’entrouvrir et entendre un grognement s’en échapper.

Il souleva ses grandes mains pour les plaquer sur ma taille et m’attirer à lui. Ses gestes étaient vigoureux, autoritaires.

J’adorais ça.

Un gémissement grave résonna dans sa gorge alors qu’il appuyait ses lèvres chaudes et dures contre les miennes. Des étincelles explosèrent derrière mes paupières, et j’ouvris la bouche pour accueillir sa langue humide et glissante. Ses crocs s’étaient rétractés et son baiser n’était rien d’autre que du plaisir pur.

— Quand tu auras terminé, il faut qu’on se prépare à se rendre à La Papillon, déviai-je pour changer de sujet.

— Qu’on se prépare ?

— Qu’on s’habille de la manière appropriée.

— Comment ça, « de la manière appropriée » ?

— Tu ne travailles plus avec la police, Carrow. On ne peut pas entrer là-bas vêtus de nos tenues de ville.

Elle me regarda de haut en bas.

— C’est ça, ta tenue de ville ? s’étonna-t-elle.

— C’est un costume décontracté. Et nous devons nous fondre dans la masse pour obtenir nos informations.

— Hum. Je n’ai aucun vêtement assez chic pour cet endroit.

— Ce ne sera pas un problème. Je vais te déposer dans une boutique spécialisée dans le genre de vêtements dont tu as besoin.

— Et je n’ai pas d’argent, rappela-t-elle avec un sourire et un haussement d’épaules.

— Ce ne sera pas un problème non plus. Dis à la propriétaire de mettre ça sur la note du Diable.

— C’est aussi simple que ça ? Je n’aurais même pas besoin de lui laisser une carte, ou un mot de passe compliqué ?

— Mon nom suffira.

— Les gens en ville ne risquent pas de mettre des trucs sur ta note tout le temps ?

Je ris.

— Non, je ne m’inquiète pas trop pour ça.

— Ils n’oseraient jamais, c’est ça ?

— C’est ça.

— Très bien, mais je te préviens, ça va te coûter cher, dit-elle, les yeux pétillants.

— Je suis ici pour demander son aide à Carrow, dit-il.

Un sourire léger mais sincère flotta sur ses lèvres. Voilà qui était inattendu.

— J’aimerais l’embaucher, ajouta-t-il.

Oui, j’essayais de me lancer en tant qu’extralucide – ou quel que soit le nom, je n’étais toujours pas sûre de le savoir –, mais je n’avais pas encore de vitrine. Je comptais plutôt commencer en aidant Eve.

— Oh non, hors de question, répliqua Mac.

Elle fit un pas en avant, l’air prête à se battre.

— Vous êtes dangereux pour elle.

Il reporta son regard sur Mac.

— Macbeth O’Connell… Quelle mère poule tu fais.

Ses yeux pétillèrent, et je levai une main.

— Ne t’avise pas d’utiliser ton truc de contrôle des esprits sur elle.

Je lui avais déjà interdit de s’en servir sur mes amis, et Dieu merci, j’étais moi-même immunisée contre ce pouvoir.

— Je n’oserais jamais, répondit-il d’un ton léger tout en se tournant vers moi. Comme je le disais, j’aimerais t’embaucher.

Je m’appuyai contre le comptoir d’Eve et arquai un sourcil.

— Ah oui ?

Mac me lança un regard noir.

Je haussai les épaules. Je ne pouvais pas m’en empêcher… j’étais intéressée. Oui, je savais qu’il était dangereux. Mais j’étais un vrai chat, et j’étais prête à risquer l’une de mes neuf vies pour lui.

— Je veux juste entendre ce qu’il a à proposer, plaidai-je.

Mac étouffa un grognement.

Le demi-sourire du Diable s’étira un tout petit peu. Ça le rendait vraiment sexy, et je détestais ça.

« — C’est comme essayer de ne pas puer quand on transpire, hein ?

Il émit un petit rire.

— Plus ou moins. »