Sinon j'oublie

De Clémentine Mélois, j’avais bien apprécié « Cent titres », un livre dans lequel l’auteur avait eu l’idée originale de parler de livres d’auteurs célèbres, livres dont elle avait tout changé, du nom de l’auteur, du titre du livre jusqu'à la première de couverture : c’était un super travail de recherche et surtout d’imagination, c’était fin et super agréable à lire.

Avec « Sinon j’oublie » que j’ai feuilleté deux minutes avant de l’acheter, je m’attendais à quelque chose d’aussi original.

C‘est bien connu et nous le faisons tous, nous partons faire nos courses avec notre liste en poche sinon on oublie forcément quelque chose à acheter. Et bien là, il en est de même pour Coralie, Enzo, Marcelle, Thierry, Simone, Sabine, Albert, René et beaucoup d’autres : tous ont noté sur un bout de papier, la liste de leurs courses et il est marrant de voir sur quel papier untel a écrit sa liste et sur quel autre, tel autre l’a rédigée. Ce sont bien souvent des listes écrites sur du papier ordinaire, une feuille d’écolier, un morceau d’enveloppe, un bout de papier à petits ou gros carreaux, une feuille de listing, exceptionnellement du papier joliment décoré.

Ces listes contiennent tout et n’importe quoi, des denrées alimentaires la plupart du temps, mais aussi des timbres, du savon, de l’alcool à brûler, du ciment ou encore du vernis de chez Yves Rocher, une boisson pour tonton… Il est intéressant de comparer ces listes de courses : certaines sont organisées, d’autres raturées ou déchirées, d’autres encore illisibles ou au contraire bien calligraphiées…

Ces listes de courses, c’est l’auteur qui les a recueillies ; elle en a publié 99 qu’elle collectionne et dévoile au lecteur. A partir de chacune, elle invente, imagine l’auteur de cette liste...

J’aurais trouvé intéressant que l’auteur fasse un réel parallèle entre la liste de courses qu’elle reproduit sur la page de gauche et l’anecdote qu’elle imagine. Un parallèle entre ce qu'une personne achète en magasin et une anecdote relative à ces achats. Mais il n’y a aucun lien entre les deux si bien qu’on se demande à quoi peuvent bien servir toutes ces listes, n’est l’intérêt d’observer les écritures et lire les réflexions des personnages, leurs réactions face au quotidien, leurs souvenirs, leurs peines, leur vie en somme… L'un aurait très bien pu se faire sans l'autre...

Juste pour vous donner un exemple parmi les 99, sur la liste de courses d’Amélie, on peut lire « gros sel » et « petit pois », ainsi écrits. Et sur la page de gauche l’auteur nous raconte une réflexion d’Amélie : « A cause des filles du Crazy Horse qu’on voyait à la télé le soir du réveillon, quasiment identiques, parfaites et calibrées, je croyais que toutes les femmes avaient les mêmes seins, et qu’il ne faisait aucun doute qu’en grandissant j’en aurais des pareils. Si j’avais su que j’allais me retrouver avec ces deux pastèques, j’en aurais profité à fond pour dormir sur le ventre tant que c’était encore possible.