Extraits

- Tu m'as touchée pas moins de dix-huit fois ce mois-ci. Tu es plus tactile que tu ne le penses.

Ses yeux s'écarquillèrent puis se plissèrent.

- Tu viens d'inventer ce chiffre, pas vrai ?

- Tu comptes les boissons, moi les contacts.

— Lena, mon petit cœur, dis-moi, par simple curiosité, quand écartes-tu les jambes, toi ?

Je me rapprochai jusqu’à lui faire face. Il eut l’air inquiet : les fossettes disparurent puis son front se plissa. Oh, pour ça, il avait bien raison.

— Jimmy, mon amour, répondis-je d’une voix mielleuse. Je ne baise pas avec un mec tant qu’il n’a pas les couilles de se comporter comme un homme et de me parler de ses sentiments.

Son rire me poursuivit la majeure partie du chemin du retour.

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- Si tu veux être seul, pourquoi refuses-tu que je parte, alors ?

- Parce que j'aime notre petite routine. On s'envoie sur les roses mais on fait aussi des concessions. ça me convient. Mais plus, je ne peux pas. Vraiment pas.

Il semblait si sûr de lui...

- Comment peux-tu savoir si tu n'as jamais essayé ?

- Non. ( Il me regardait derrière ses sourcils bruns, les doigts blanchis de tenir si fort la rampe. ) Il y a trop à perdre.

Je le regardait en silence, abasourdie.

- Je crois que c'est probablement la chose la plus belle qu'on m'ait jamais dite.

- Qu'est-ce que tu as dit ?

- Tu m'as très bien entendue.

- Tu as des sentiments pour moi ?

(...)

- Oui.

- Tu te fous de moi.

- Non, répondis-je en mettent mon coeur à nu.

Non, oubliez cette métaphore, j'avais plutôt d'avoir enventrée. Je restai là, totalement exposée. Plutôt dégoûtant, à vrai dire.

- Alors ?

Il me regardait en silence.

- Dis quelque chose !

Ce connard éclata de rire.

Le seul homme sur lequel une fille pouvait compter, c’était son père.

Doucement, calmement, j’ouvris la porte. À quelques centimètres de mon visage, un verre se fracassa contre le mur, me causant la peur de ma vie. Je chutai à mon tour au sol, mon cœur battant la chamade.

— Lena ! hurla Jimmy. Fous le camp d’ici !

Putains de rock stars.

Une chance que je porte un pantalon, finalement. Je n’aurais pas vraiment apprécié d’avoir des brûlures aux genoux. C’était décidé : à la minute où nous rentrerions à Portland, je démissionnerais, exigerais une prime de risque, ou les deux. Mon salaire ne valait pas ça.

— Balance-moi encore un truc, Jimmy, et je te botte le cul. Crois-moi, avec mon talon de dix centimètres, tu vas le sentir passer. (Je lui lançai une œillade furieuse derrière ma frange brune.) C’est compris ?

Il me fusilla du regard.

Je ricanai.

La routine, quoi.

"-Qu'est ce que tu fais ?

-Ce que les gens fond à table, répondit-il en écartant mes jambes de ses mains robustes. Je mange."

- parfois, les choses qui semblent avoir le moins de sens sont les plus réelles. Tel est le mystère de la vie.

Il leva un sourcil puis étudia son menu en secouant la tête.

- Tu sors ça d'un biscuit chinois, n'est-ce pas?

- Peut-être.

Mon Dieu, vous avez raison, s’exclama Ev les yeux brillants d’émotion. Lena est sa seule amie. On ne peut pas la laisser partir.

— Ce n’est pas ma seule amie.

Les joues de Jimmy s’empourprèrent.

— Silence, Jimmy, ordonna Mal. Les adultes parlent.

— La prochaine fois, ce sera ton mariage avec Jimmy qu’on fêtera, non ? suggéra Ev en avalant une gorgée de bière.

— Je ne crois pas. On est bien comme ça.

— On est quoi ? s’enquit Jimmy, qui avait terminé sa chanson.

Il me tendit la main et je me redressai tant bien que mal sur mes genoux en vacillant. La grâce incarnée.

— Ev me demandait si nous serions les prochains à nous marier.

Je pris bien soin de poser mon appareil photo sur la table avant de grimper sur ses genoux. Il me voulait là, sur lui : un devoir et un privilège à la fois. Enfin, surtout un privilège.

— Tu en as envie ? me demanda-t-il avec un regard interrogateur.

— Un jour.

— Parfait.

— Jimmy. (Je m’approchai de lui pour lui murmurer à l’oreille :) Je crois que je viens de jouir.

D’une main, il caressa mes cheveux tandis que de l’autre, il empoignait ma hanche.

— C’est vrai ?

— J’évoque un engagement majeur, plus ou moins lointain, et ça ne te pose aucun problème. J’ai l’impression que ces derniers temps je peux obtenir absolument tout ce que je veux de toi. Ça commence à m’exciter légèrement.

Il tourna la tête et m’embrassa délicatement sur les lèvres.

— J’aime quand tu es tout excitée.

— J’en prends note.

Il me mordilla la lèvre inférieure.

Je souris tout en reculant pour éviter ses dents facétieuses.

— Espèce d’animal, dis-je en riant.

— Ça te pose un problème ?

Je glissai mes doigts dans ses cheveux.

— Non. Ne change rien.

— Je t’aime, Lena.