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Quand tu étais enfant, tu croyais qu'un mage était un homme qui avait le pouvoir de tout faire. Je l'ai cru moi aussi autre fois. Nous l'avons tous cru. La vérité, c'est qu'à mesure que le véritable pouvoir d'un homme grandit et que ses connaissances s'étendent, le chemin qu'il peut suivre se fait toujours plus étroit, jusqu'à ce qu'il n'ait finalement plus d'autre choix que de faire ce qu'il doit faire, et de le faire pleinement.
Afficher en entierC'est ainsi que ce qui nous donne le pouvoir d'exercer la magie nous en fixe en même temps les limites. Un mage ne peut maîtriser que ce qui est près de lui, ce qu'il peut nommer exactement et totalement. Et cela est bien. S'il n'en était pas ainsi, la perversité des puissants ou la folie des sages aurait depuis longtemps cherché à changer ce qui ne peut l'être, et l'Équilibre aurait été rompu. Déséquilibrée, la mer recouvrirait les îles où nous demeurons à nos risques et périls, et l'antique silence engloutirait tous les noms et toutes les voix.
Afficher en entier"Pour changer cette pierre en joyau, il te faut changer son vrai nom. Et pour cela, mon fils, même s'il s'agit d'un fragment du monde aussi insignifiant, il te faudrait changer le monde. On peut le faire. Assurément, on peut le faire. [...] Mais tu ne dois rien changer, pas même un galet ou un grain de sable, avant de savoir quel Bien et quel Mal vont résulter de ton acte. Le monde est dans ce qu'on appelle l'Équilibre, et le pouvoir de Changement et d'Appel d'un sorcier peut perturber l'équilibre du monde. [...] Allumer une bougie, c'est projeter une ombre..." Il abaissa de nous les yeux vers le caillou. "Une pierre est également une bonne chose, tu sais, reprit-il sur un ton moins grave. Si les îles de Terremer étaient toutes faites de diamant, nous aurions une existence bien difficile. Amuse-toi avec les illusions, mon garçon, et laisse aux pierres leur rôle de pierres."
Afficher en entierIl en recueillit une cosse chargée de graines séchées, et comme Ogion n'ajoutait rien, il finit par demander :
- À quoi sert-elle, Maître ?
- À rien que je sache. [...] Lorsque tu connaîtras la quatrefeuille en toutes saisons, sa racine, sa feuille et sa fleur, son aspect, son parfum et sa graine, alors tu pourras apprendre son vrai nom, car tu en connaîtras l'essence, ce qui est mieux que d'en connaître l'utilité. Après tout, quelle ton ton utilité ? Ou la mienne ? [...] Pour entendre, il faut être silencieux.
Afficher en entierQu'il soit nommé dès que possible. [...] Avec votre consentement, je l’emmènerai avec moi lorsque je repartirai ; et s'il se révèle apte, je le garderai comme apprenti, ou je veillerai à ce qu'il reçoive une éducation conforme à ses talents. Car c'est une chose bien dangereuse que de tenir dans l'ombre l'esprit d'un mage-né.
Afficher en entier- Non, je ne le pense pas. Ils sont la Création, c'est vrai. Mais nous avons appris la Création. Nous l'avons faites nôtre. On ne peut pas nous la reprendre. Pour la perdre, nous devons l'oublier, la jeter.
(p.1 621)
Afficher en entier- Je ne sais pas ce que je dois redouter le plus, dit Tenar, la mort ou la vie. Je voudrais en avoir fini avec la peur.
(p. 1 618)
Afficher en entier- La mort rompt les liens.
- Alors pourquoi les morts ne meurent-ils pas ?
Seppel le regarda fixement, pris de court.
- Je suis navré, dit Aulne. Dans mon ignorance, je m'exprime mal. Voici ce que je veux dire : la mort rompt le lien qui unit l'âme au corp, et le corps meurt. Il retourne à la terre. Mais l'esprit doit se rendre dans ce lieu sombre, et emprunter l'apparence du corps, et demeurer là-bas - combien de temps ? Eternellement ? Dans la poussière et l'obscurité, sans lumière, sans amour, sans joie ? Je ne peux pas supporter d'imaginer Lys en cet endroit. Pourquoi faut-il qu'elle y soit ? Pourquoi ne peut-elle pas être... (Il buta sur les mots) ... être libre ?
- Parce que là-bas, le vent ne souffle pas, dit Seppel.
Son regard était étrange, sa voix rude.
- Il a cessé de souffler, et l'art des hommes en est la cause.
(p. 1 570-1 571)
Afficher en entier- Le lien qui t'unit à ta femme est plus fort que la séparation entre la vie et la mort.
Aulne hésita.
- J'ai bien pensé qu'il pouvait en être ainsi. Mais cela paraît... tellement prétentieux de le croire. Nous nous sommes aimés, bien plus que je ne saurais le dire, mais notre amour était-il plus grand qu'aucun de ceux qui nous ont précédés ? Etait-il plus grand que celui qui a uni Morred à Elfarranne ?
- Il n'était peut-être pas moindre.
- Comment cela se peut-il ?
[...]
- Eh bien, dit-il lentement, il est parfois des passions qui, au plus fort de leur printemps, rencontre un dessein funeste, la mort. Et parce qu'elles finissent en beauté, les harpistes en font des chansons et les poètes des contes : l'amour qui échappe au poids des ans. Tel était l'amour entre le jeune roi et Elfarranne. Tel était ton amour, Hara. Il n'était pas plus grand que celui de Morred, mais le sien était-il plus grand que le tien ?
Aulne ne répondit pas, plongé dans ses pensées.
- Plus grand ou plus petit n'existe pas quand on parle d'un absolu, dit Epervier. C'est tout ou rien du tout, c'est ainsi que parle le véritable amant, et c'est la vérité profonde. Mon amour ne mourra jamais, dit-il. Il revendique l'éternité. Et il a raison. Comment l'amour pourrait-il mourir, alors que c'est la vie même ? Que savons-nous de l'éternité, à part cet aperçu que nous en donne l'amour ?
(p.1 406-1 407)
Afficher en entierIls ne meurent pas. Ils sont ténébreux et immortels, et ils haïssent la lumière, la brève et brillante lumière de notre mortalité. Ils sont immortels mais ce ne sont pas des dieux. Ils ne l'ont jamais été. Ils ne méritent pas l'adoration d'une âme humaine.
(p.407)
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