Extraits

« -Tu es toujours armé? lui demanda-t-elle en voyant qu’il gardait sa main glissée dans la poche de son coupe-vent.

Il la dévisagea.

-Est-ce que ça t’ennuierait si je répondais par l’affirmative?

-Vu la journée que je viens de passer? Non. Pas du tout.

-Mon arme est légale et je sais m’en servir. »

"Son grand-père lui avait toujours raconté qu'il existait deux sortes de pénombres ou de demi-jours, et que, si l'on voulait contempler son passé, il fallait se rendre sous les pins le soir, au coucher du soleil. Au contraire, si l'on voulait découvrir son avenir, on devait se rendre seul dans la forêt au moment du voile, lors de cette transition sacrée de la nuit en matin."

— Écoute, fils de pute, si tu l’approches…

— Tu vas faire quoi ? Me tuer ? (Il y eut un léger rire.) Tu crois qu’il n’y a personne avec elle en ce moment même ? Si je n’envoie pas de signal d’ici aux quatre prochaines minutes, elle mourra… après un certain laps de temps.

— Restez à l’écart de cette maison…

— Oh ! elle n’est pas chez elle pour l’instant, mais nous la surveillons étroitement. Et, ne t’inquiète pas, nous la protégerons. Jusqu’à ce que nous cessions de le faire. Sa vie est entre tes mains. Que vas-tu faire ?

Un dessert, ce serait génial, se dit-il.

Et le fait qu’il la veuille à son menu dans les deux sens de l’expression était un cliché. Mais bon, il était presque certain que quoi qu’elle dise, dans quelque situation que ce soit, il serait capable d’en déduire un sous-entendu sexuel.

Juste un petit moment. Gardons le contact. Joue bien ton jeu.

Même les simples mots n’étaient pas à l’abri des idées géniales de sa queue.

Cornichon, par exemple.

Mince ! il n’était qu’un sale pervers.

Concentrant son attention sur le profil de la jeune femme, il sentit soudain ses tripes se nouer d’une façon qui n’avait rien à voir avec l’excitation sexuelle.

— Que t’ont-ils fait, Lydia ? lui redemanda-t-il plutôt brusquement.

— Puis-je vous poser une autre question ?

— Bien sûr. Allez-y.

— Quelle est la politique en vigueur au Centre concernant les employés qui dînent ensemble ? (Il leva les paumes de ses mains.) Je ne vous demande pas ça pour vous. J’aimerais savoir si je peux inviter Candy à dîner dehors. Je crois qu’elle est célibataire et je pense que je tenterai ma chance avec elle la semaine prochaine.

Lydia se mit à sourire.

— Il faudra en parler aux RH.

— Et qui sont les RH ?

— Je suppose que c’est moi. Vu que notre directeur général est très souvent absent ces derniers temps.

Daniel avança d’un pas, simplement parce que son corps désirait être plus proche de celui de la jeune femme.

— Alors, madame RH, est-ce que je peux sortir dîner avec vous ou pas ?

La rougeur qui lui empourpra le visage était ravissante : elle colora la colonne de sa gorge et raviva le rose de ses joues et de ses lèvres.

— Je croyais qu’il s’agissait de Candy ?

— Je me demande s’il n’existe pas quelque part une divinité de la plomberie à laquelle je pourrais adresser mes prières.

— Vous voulez que je vous construise un temple consacré à Destop ?

— Vous feriez cela ?

— Un peu de bois, des clous, et quelques flacons de produit de débouchage achetés en gros pour fabriquer un autel. Et le tour serait joué.

Lydia le dévisagea un instant.

— Vous savez, j’ai l’impression que vous seriez parfait pour ce boulot.

— Je suis adroit de mes mains, que dire d’autre ?

Elle repensa aux loups de la réserve, à la façon dont ils les avaient entourés pour les protéger et les sauver tous les deux.

— C’est pour cela que tu as refusé les traitements, n’est-ce pas ? (Elle lui prit le menton quand il détourna la tête.) C’est pour ça ?

— Il ne me reste pas beaucoup de temps, Lydia. Et j’ai trouvé quelqu’un qui, je pense, peut nous aider. J’ai utilisé des canaux officieux pour obtenir ce contact. C’est une femme du nom d’Alex Hess. Je ne l’ai jamais rencontrée, mais quelqu’un que je connais et en qui j’ai confiance, si. La rumeur dit qu’elle est familière des expériences relatées sur les disquettes.

« Lorsqu’elle ressortit dans le couloir, elle regarda à droite et à gauche comme s’il s’agissait d’un carrefour fréquenté, et marcha sur la pointe des pieds jusqu’à la salle de bains. Juste avant de pousser la porte, elle s’enjoignit de ne pas regarder vers la chambre de Daniel…

Mais, bien entendu, elle jeta un coup d’œil.

Penché sur ses sacoches, qu’il avait déposées par terre de l’autre côté du lit, il en sortit quelque chose qu’il jeta derrière lui sur l’édredon. Quand il se redressa face au mur du fond, il dézippa son coupe-vent et le retira, avant d’ôter son tee-shirt par la tête.

Son dos était… spectaculaire.

Il était très musclé, mais aussi élancé, comme un athlète : depuis ses épaules gonflées jusqu’à la ligne puissante de sa colonne vertébrale, ses muscles se déployaient en une succession de pics et de vallées qui allait en se rétrécissant jusqu’à sa taille étroite. Et plus bas ? Eh bien, son jean lui tombait un peu sur les hanches, mais pas parce que ses fesses n’étaient pas…

Daniel jeta un regard par-dessus son épaule. 

Lorsqu’elle rougit et détourna la tête, il lui demanda :

— Tu as besoin de quelque chose ?

— Désolée, je vais juste prendre une douche, dit-elle.

Une douche glacée.

— D’accord.

Après s’être enfermée dans la salle de bains, Lydia s’adossa à la porte. Tout ce qu’elle voyait sur ses paupières, c’était un autocollant de pare-chocs qu’elle avait remarqué une fois : « Économisez l’eau, douchez-vous avec un ami. »

— Nous sommes amis, se rappela-t-elle. »

Extrait de

Wolven T1 Le Loup solitaire

J.R. Ward.

« Tournant vivement la tête, elle découvrit une autre fissure entre les planches qui lui permettait de voir la portion de la forêt s’étendant derrière l’affût. Lorsqu’elle tenta d’identifier ce qui l’avait alertée, son pouls tripla de vitesse. Juste au moment où elle commençait à s’exaspérer…

Elle vit un homme qui se faufilait entre les arbres et se dirigeait droit vers l’affût. Vêtu d’un uniforme noir de style militaire, il portait une casquette noire baissée de façon à dissimuler son visage, et avait toutes sortes d’armes sanglées à ses hanches et à son dos.

— Oh… mon Dieu, chuchota-t-elle.

À côté d’elle, Daniel avait également remarqué le nouveau venu et aussitôt roulé sur le flanc pour l’observer par une autre fente.

Il se rapprochait de plus en plus. Si bien qu’à présent elle pouvait entendre ses légers bruits de pas sur le sol humide. « L’homme n’était plus qu’à dix mètres. Six. Trois.

Et il s’arrêta presque au pied de l’affût.

Fermant les yeux avec force, elle se mit à trembler et plaqua une main sur sa bouche. Des questions telles que l’identité de l’homme ou celle de ses employeurs étaient bien moins importantes que de savoir s’il allait ou non dégainer l’un de ses flingues et cribler l’affût de plomb.

Son cœur cognait si fort qu’il rugissait dans ses oreilles, et elle pria, pria pour que…

Les bruits de pas reprirent… puis commencèrent à s’estomper.

Elle ne put s’en empêcher. Il fallait qu’elle voie. Souhaitant désespérément ne pas faire craquer l’une des lattes disjointes du plancher ou de la paroi, elle se retourna et regarda l’homme… le soldat… bref, s’éloigner d’eux.

— Reste ici, murmura Daniel.

D’un geste vif, elle empoigna sa veste. »

Extrait de

Wolven T1 Le Loup solitaire

J.R. Ward