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Tobie tenta de redresser son visage pour hurler :
-Mon peuple ! Mon peuple me poursuit, mon peuple a tué mon père et mère, mon peuple m'a arraché mes amis, il m'a couvert de sa haine ! Et maintenant, je paye pour lui ?
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Afficher en entierTRAQUÉ
Tobie mesurait un millimètre et demi, ce qui n'était pas grand pour son âge. Seul le bout de ses pieds dépassait du trou d'écorce. Il ne bougeait pas. La nuit l'avait recouvert comme un seau d'eau.
Tobie regardait le ciel percé d'étoiles. Pas de nuit plus noire ou plus éclatante que celle qui s'étalait par flaques entre les énormes feuilles rousses.
Quand la lune n'est pas là, les étoiles dansent. Voilà ce qu'il se disait. Il se répétait aussi : «S'il y a un ciel au paradis, il est moins profond, moins émouvant, oui, moins émouvant...»
Tobie se laissait apaiser par tout cela. Allongé, il avait la tête posée sur la mousse. Il sentait le froid des larmes sur ses cheveux, près des oreilles.
Tobie était dans un trou d'écorce noire, une jambe abîmée, des coupures à chaque épaule et les cheveux trempés de sang. Il avait les mains bouillies par le feu des épines, et ne sentait plus le reste de son petit corps endormi de douleur et de fatigue.
Sa vie s'était arrêtée quelques heures plus tôt, et il se demandait ce qu'il faisait encore là. Il se rappelait qu'on lui disait toujours cela quand il fourrait son nez partout : «Encore là, Tobie !» Et aujourd'hui, il se le répétait à lui-même, tout bas : «Encore là ?»
Mais il était bien vivant, conscient de son malheur plus grand que le ciel.
Il fixait ce ciel comme on tient la main de ses parents dans la roule, à la fête des fleurs. Il se disait : «Si je ferme les yeux, je meurs.»
Afficher en entierIl y a la triste règle du promeneur égaré:
1)Quand on est perdu, on marche plus vite.
2)Or chaque pas que l'on fait nous éloigne de chez nous.
3)Donc on se perd encore plus.
Afficher en entierBien vite, une sensation terrible s'empara de lui. Il commençait à se sentir glisser dans ses chaussettes. Toujours ce point sensible : la chaussette...
Afficher en entierMano nous a menti. Depuis des années, il n’a pas arrêté de se tromper et de nous tromper. Il n’a pas fait un seul bon choix. Ou plutôt il n’en a fait qu’un seul : il a décidé de revenir vers nous. Ce dernier choix, il n’efface rien, mais il réparera tout.
Afficher en entier-Chaque cerveau a son secret. Moi, c'est mon lit. Toi, c'est ton assiette. Mange avant de penser, ou tu penseras mal.
Afficher en entierNils avait un trait horizontal dans le prolongement des lèvres. Non pas une cicatrice comme Tobie, mais un trait dessiné à la peinture. Un trait marron. Norz repensa à la description : treize ans, une cicatrice sur la joue. Oui, avec ce trait marron, on aurait pu prendre Nils pour Tobie.
- Pourquoi ? gémissait Norz Amen. Pourquoi ?
Il s'était levé et portait l'enfant dans ses bras.
- Pourquoi ?…
Alors il pencha son oreille vers le visage de son fils. Nils essayait de dire quelque chose. Sa bouche bougeait un tout petit peu. On entendit à peine un murmure, un souffle qui s'échappa de ses lèvres bleues :
- Pour… Tobie…
Norz comprit d'un coup. Nils avait voulu sauver Tobie. Il avait dessiné cette cicatrice sur son visage. Il s'était fait passé pour lui. Il avait interrompu la chasse de milliers d'hommes. Il s'était fait traîner trois heures durant sur l'écorce rugueuse pour faire gagner du temps à Tobie. Il avait livré sa peau pour celle de son ami.
Afficher en entier« Jamais combat plus inégal ne s’était déroulé dans l’arbre : un enfant contre le reste du monde »
p.47
Afficher en entierSoit Norz prit le chef par le cou pour assommer les trois autres. Soit il les frappa deux par deux comme des cymbales. Soit il les prit tous les quatre en bouquet dans son poing, et les frappa avec sa main libre. Soit-ils s'écrasèrent sur le sol comme un petit tas de bouse de limace avant même qu'il ait eut le temps de leverla main sur eux.
Norz jura longtemps que la dernière version était la bonne. mais la première est certainement la plus vraisemblable.
Norz Amen reprit son fils dans ses bras et disparut dans la foule.
Afficher en entierQuand tout une salle se met à rire, il flotte une joie céleste, c’est un avant-goût d’éternité.
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