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Un immonde sans limite



Description ajoutée par tekyla 2022-04-17T13:46:21+02:00

Résumé

L’avènement de « l’individu total », de celui qui ne doit rien à la société mais peut en revanche tout exiger d’elle, construit une société de « l’immonde », caractérisée par la disparition de la limite reconnue collectivement.

Le fait de nous être libérés à juste titre des carcans du patriarcat et du religieux nous a laissés croire que nous n’avions plus à nous soucier de la construction de la réalité psychique, que nous serions d’emblée des êtres libres et autonomes. Notre fascination pour les progrès scientifiques et technologiques nous a rendu sourds et aveugles à ce qui fait notre humaine condition. Pourtant, nous sommes et restons des êtres de langage – des parlêtres – forcément dépendants des premiers autres, souvent les parents, et de la société dans laquelle nous vivons, et à partir desquels nous nous construisons comme sujets, et non comme des individus autonomes, voire autoengendrés.

L’auteur analyse les conséquences – sur la vie psychique, la vie politique, la clinique, l’éducation – de cet individualisme exacerbé qui a déconnecté le citoyen de son implication dans le lien social. Il montre la place que les psychanalystes ont aujourd’hui encore à tenir, alors que le risque d’une aliénation sociétale, qui se méconnaît elle même, est sans précédent dans l’Histoire.

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extrait

Extrait ajouté par tekyla 2022-04-17T13:51:21+02:00

La question que se pose tout analysant qui se respecte est celle de savoir en quoi il participe au symptôme dont il se plaint. Cela vaut aussi pour le collectif. Nous nous plaignons à longueur de médias de « l’immonde » qui nous envahit plus que jamais. La liste ne pourrait même plus être exhaustive, tant elle atteint tous les registres du fonctionnement sociétal.

Et s’il nous fallait avoir le courage de regarder les choses en face et de reconnaître que le monde sans limite auquel nous « collaborons » depuis près d’un demi-siècle ne pouvait qu’aboutir à produire cet « immonde sans limite » dont nous nous lamentons aujourd’hui ?

C’est le fil rouge que l’on pourra tirer de cet ouvrage : nous sommes confrontés actuellement aux conséquences d’un raz-de-marée en profondeur dont l’origine serait l’estompement dans le discours sociétal, voire même l’effacement, de la négativité inscrite dans la condition de l’être parlant.

Rien d’étonnant à cela puisque désormais n’a plus cours sa transmission de génération en génération ainsi qu’elle se faisait depuis des lustres, via la loi du père.

On pourrait alors aussitôt penser qu’il s’agit donc d’abord de rétablir cette dernière. Mais ce serait bavardage, car le développement de la science et des technologies qui s’ensuivent ne peut que poursuivre cette « évaporation du père » (Lacan) programmée. Certains s’en lamentent, d’autres s’en réjouissent. Nous verrons tout au long de ce livre qu’il s’agit de frayer une autre voie. Sans plainte réactionnaire, sans jouissance libertaire, car c’est toute l’articulation du social et du singulier qui s’en est retrouvée complètement transformée.

Ladite articulation doit être entièrement remise sur le métier, fût-ce pour rendre compte de l’émergence de problématiques cliniques qui n’avaient que peu cours jusqu’ici. Certains, à cet égard, ont parlé de névrose actuelle, d’autres encore de nouvelle économie psychique ou de psychose ordinaire. J’ai moi-même évoqué une perversion ordinaire. Les postfreudiens, quant à eux, ont parlé de fonctionnement limite où le corps et ce qu’ils appellent l’infra-verbal prennent une place dorénavant incontournable.

Cette pluralité d’appellations traduit notre difficulté à éclairer ce qui se passe. Chacune d’elles – valable seulement dans sa chapelle analytique – mériterait pourtant d’être confrontée à celle de l’autre. Peut-être qu’on s’apercevrait que chacune dispose de quelques pièces du puzzle. Évidemment, cela impliquerait d’avoir dépassé l’antagonisme de mise dans et entre les sociétés de psychanalystes. Mais ces derniers ont peut-être été les premiers à être emportés par ces changements de société : en se comportant, à juste titre, comme des défenseurs de la singularité du sujet, ils se sont peu préoccupés de l’articulation au collectif ; à cet égard ils se sont peut-être montrés en avance dans l’exigence individualiste qui nous atteint désormais tous de plein fouet.

Les divers courants psychanalytiques reconnaissent pourtant la plupart du temps – même si pour certains, ce n’est que récemment – que le monde a changé. J’avancerais volontiers que c’est comme si aujourd’hui, entre la condition humaine et son appropriation à laquelle chacun se trouve contraint, s’était ouverte une brèche qui ne fait que s’élargir. S’y loge maintenant un individu, légitimé par le droit, qui prétend d’emblée à l’autonomie et s’estime libre de choisir d’intégrer les lois de la condition humaine ou, au contraire, de les récuser, autrement dit de considérer qu’elles ne le concernent pas.

La force de la contrainte, qui hier ne laissait que peu de marge de manœuvre, s’est aujourd’hui affaiblie au point qu’elle laisse dorénavant à l’enfant la possibilité de ne pas se sentir concerné par la nécessité de s’approprier la condition d’être de langage, de parlêtre.

C’est comme si la nécessité de subjectiver via le langage n’était alors plus au programme. Pourtant, chaque être humain est et restera « condamné » à devoir en passer par les mots pour dire et se dire, à découvrir dans le même temps qu’il n’y arrivera jamais entièrement, à être aussitôt confronté de ce fait à de l’impossible. Ce dernier lui collera à la peau, car c’est ce réel – avec son effet de négativité – qui habite chacun de nous.

Comme je le développerai plus loin, dans le monde d’hier, le social était premier et prévalait donc d’emblée ; dans celui que nous habitons aujourd’hui, c’est l’individu qui est premier et le social n’est plus que ce qui doit s’ensuivre pour prendre acte du « vivre ensemble ». Le changement est de taille : hier le social était cause, aujourd’hui il est effet.

De ce fait, hier, il y avait isomorphie entre les lois du discours sociétal et la construction de la réalité psychique. Chacun devait d’abord en passer par l’Autre du langage, intégrer ses normes et puis, pouvait soutenir sa singularité en travaillant à se séparer d’elles, à s’individuer. Aujourd’hui, à l’inverse, chacun est d’emblée et même d’abord reconnu comme individu particulier, et il se retrouve amené à vivre avec les autres sans avoir dû impérativement intégrer les règles et lois que sa condition d’être parlant lui prescrit, ni non plus les habitus, les automatismes qui l’accompagnent.

S’ensuit alors souvent une absence d’étoffe psychique, la faculté de parler ne signifiant plus rien d’autre que ce qu’elle permet de pragmatique, de fonctionnel, de positif, de communicationnel. Une profonde méconnaissance de ce que parler implique se révèle dès lors derrière une façon de dire qui n’est plus qu’une façon de faire, ce que Moustapha Safouan, dans son dernier ouvrage, appelle un régime fondé sur « la seule communication de demandes et de contre-demandes, soit la fonction la plus primitive de la parole ».

La question actuellement cruciale et pourtant insuffisamment prise en compte est celle des conséquences de ce changement de l’articulation entre le sujet singulier et le social.

Depuis la découverte de Freud, désormais passée au domaine public, il n’échappe pourtant plus à personne que l’on ne peut pas rendre compte du destin d’un sujet sans en référer à son enfance, autrement dit à son histoire, mais aussi de ce fait à l’inconscient, puisque ce dernier peut être considéré comme la persistance de l’infantile en chacun de nous. Charge pour la psychanalyse d’aujourd’hui de préciser davantage ce que recouvre désormais le champ de cet inconscient.

La construction d’un sujet passe nécessairement par les premiers autres qui l’ont entouré, et le discours de la société interfère, influe, voire modèle ce que, par exemple, les parents vont soutenir comme interventions à l’égard de l’enfant ; celle-ci exerce donc son influence sur la construction de ce futur sujet. Le neurophysiologiste renvoie à cet égard à une « causalité descendante », et c’est certainement la tâche de la sociologie que d’éclairer ladite influence et cela de la manière la plus rigoureuse possible

Cependant, ce qui en revanche reste la plupart du temps énigmatique, c’est non seulement comment l’articulation entre environnement familial et environnement social détermine la construction de la constitution subjective… mais aussi ce que celle-ci devient à la suite de ce changement.

Récemment, un chauffeur de taxi parisien, au détour d’une manifestation de contestation contre la corruption de l’un des gouvernants de son pays, me déclarait face aux désordres du monde politique : « Monsieur, je suis embarrassé, j’ai trois filles, et je ne sais plus à quoi je dois les éduquer : au vice ou à la vertu ? »

La pertinence de son propos m’a touché : je me suis formulé qu’il avait en effet raison : nous ne faisons qu’entendre mal---versations et magouilles de tous ordres, corruptions et contournements des lois, mésusages de la technique et des réseaux sociaux aux fins de harcèlement, appui sur la mondialisation pour enfreindre le fonctionnement de l’État-nation, au point qu’il n’est effectivement pas illégitime de nous demander si nous avons encore à préparer les générations suivantes en leur transmettant nos valeurs, ou plutôt en les incitant à pouvoir se débrouiller avec les pratiques effectives.

Il me sera bien évidemment aussitôt rétorqué qu’il n’y a là que pessimisme et qu’en plus, vouloir ainsi séparer le bien du mal se révèle d’un simplisme inadmissible. Car, aujourd’hui, c’est pouvoir relativiser qui importe : c’en est fini d’une lecture univoque qui aurait la prétention de viser l’universel. Tout le poids est à mettre sur le singulier, et justement, ne vaudrait-il pas mieux enseigner aux générations futures comment se débrouiller dans ce monde où souvent prévalent les traits de l’immonde ?

Il y a maintenant près de vingt-cinq ans, j’écrivais Un monde sans limite. Régulièrement, lorsque ce livre est cité, il est écrit « sans limites » avec le « s » du pluriel, alors que mon titre a été écrit – et pensé – avec le mot « limite » au singulier. Précisément parce que j’y soutenais que c’était du concept même de limite que nous nous étions débarrassés, et pas seulement des limites que nous rencontrions chacun dans nos domaines respectifs. Actuellement, c’est bien à un monde débarrassé de la catégorie de la limite que nous avons affaire depuis quelques dizaines d’années ou plutôt aux conséquences d’un monde ainsi constitué il y a maintenant deux, voire trois générations.

Ne devrions-nous pas plutôt prendre en compte enfin que ce « monde sans limite » a produit précisément le développement d’un « immonde sans limite » ? Cela désigne bien sûr, au-delà de l’augmentation de nos déchets de tous ordres, notre incapacité à en réguler les effets délétères – pensons, par exemple, à la disparition des insectes, des oiseaux et de nombreux mammifères, aux incendies de la forêt amazonienne ou au dérèglement du climat – ou notre sidération devant les dérives et malversations les plus inattendues. Mais l’immonde ne relève pas que de l’égout. Il concerne notamment aussi la violence.

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