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Liste des extraits

"My magic - not an ember. They must have dosed all of us today." And given me a poisoned apple just to make sure it kept me down.

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My rage had become a living thing inside my chest, an echoing heartbeat that soothed me to sleep and stirred me to waking.

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The High Priestess looked exactly as I remembered, both in those memories Rhys had shown me and in my own daydreamings of using the talons hidden beneath my nails to carve out her eyes, then her tongue, then open up her throat.

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It is a new world, and we must decide how we are to end this old one and begin it anew.

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You do not fear... You do not falter. You do not yield.

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Words had become as foreign and hard to reach as the stars

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The painting was a lie.

A bright, pretty lie, bursting with pale pink blooms and fat beams of sunshine.

I'd begun it yesterday, an idle study of the rose garden lurking beyond the open windows of the studio. Through the tangle of thorns and satiny leaves, the brighter green the hills rolled away into the distance.

Incessant, unrelenting spring.

If I'd painted this glimpse into the court the way my gut had urged me, it would have been flesh-shredding thorns, flowers that choked off the sunlight for any plants smaller than them, and rolling hills stained red.

But each brushstroke on the wide canvas was calculated; each dab and swirl of blending colors meant to portray not just idyllic spring, but a sunny disposition as well. Not too happy, but gladly and finally healing from horrors I carefully divulged.

I supposed that in the past weeks, I had crafted my demeanor as intricately as one of these paintings. I supposed that if I had also chosen to show myself as I truly wished, I would have been adorned with flesh-shredding talons, and hands that choked the life out of those now in my company. I would have left the gilded halls stained red.

But not yet.

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Quand tu es assise à côté de moi, lire de vieux manuscrits poussiéreux est bien la dernière idée que j'ai en tête. Surtout quand tu es moulée dans ce cuir.

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- je ne regrette qu'une chose : le temps que je n'ai pas pu passer avec vous, Nesta.

Elle ne le repoussa pas quand il se redressa pour l'embrasser doucement.

- Je vous retrouverai dans l'autre monde... dans une autre vie, où nous aurons le temps, je vous le promets, reprit-il en essuyant une larme sur le visage de Nesta.

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Extrait 17

Chapitre 17

Je laissai Cassian me ramener au pavillon deux heures plus tard, car il m’avait confié qu’il avait besoin d’exercer ses ailes.

La brise d’été caressait mon visage tandis que nous survolions le toit dont les tuiles dégageaient des ondes de chaleur.

Notre discussion avait pris fin moins d’une demi-heure auparavant, et uniquement parce que Mor avait déclaré haut et fort qu’elle mourait de faim. Nous avions passé le reste de cette réunion à réfléchir au lieu de notre rencontre avec les autres Grands Seigneurs, et à l’éventuelle présence d’autres participants.

Les invitations qui seraient envoyées le lendemain ne préciseraient pas le lieu de la réunion, car les Grands Seigneurs le refuseraient à coup sûr et insisteraient pour en décider eux-mêmes. Nous avions donc fixé seulement le jour et l’heure, et le délai de deux semaines tenait compte des discussions qui s’ensuivraient inévitablement. Quant au reste… nous devrions être prêts à faire face à toute éventualité.

Nous nous étions rapidement changés à l’hôtel particulier avant de nous envoler vers le pavillon, où Nuala et Cerridwen m’attendaient dans ma chambre, leurs visages évanescents illuminés d’un sourire.

Je les avais serrées contre moi.

Rhys s’était montré distant. Quand je lui avais répondu sèchement chez Amren, il n’avait pas semblé m’en tenir rigueur, mais il m’avait observée attentivement ensuite. Cela m’avait mise mal à l’aise. J’avais déjà affronté Rhys auparavant, mais jamais en tant que Grande Dame, et jamais sur ce ton.

Mais je n’avais pas eu l’occasion d’en parler avec lui, car Nuala et Cerridwen avaient tenu à m’habiller.

Ma tenue était sans apprêts : un pantalon en cuir illyrien, une ample chemise blanche et des pantoufles brodées qui firent pouffer Cassian pendant qu’il m’enlevait dans les airs. Je finis par lui pincer le bras.

– Il fait chaud et les bottes me serrent trop, me justifiai-je.

– Je n’ai rien dit, répliqua-t-il de son air le plus innocent.

– Mais vous gloussez.

– Depuis cinq siècles que je vis auprès de Mor, j’ai appris à ne plus critiquer les choix en matière de chaussures, si stupides soient-ils.

– Nous allons simplement dîner au pavillon… à moins qu’une bataille ne soit au programme ?

– Avec votre sœur là-haut, une bataille est toujours prévisible.

J’observai son visage à la dérobée et remarquai ses efforts pour rester impassible et pour éviter mon regard. Rhys volait à quelques mètres de nous, mais trop loin pour nous entendre.

– Seriez-vous prêt à vous servir d’elle pour réparer le mur ? demandai-je.

Ses yeux fauves plongèrent dans les miens, clairs et impitoyables.

– Oui. Non seulement pour cette mission, mais aussi parce que… elle a besoin de sortir du pavillon. Ça la détruirait de rester cloîtrée.

Je sentis mon cœur se serrer.

– Est-ce que… Le jour de sa transformation, elle… j’ai senti un changement en elle, bafouillai-je.

Je me souvenais des hurlements, du sang et de ma nausée à la vue de mes sœurs entraînées de force et de mon impuissance à les aider, alors que nous… je ravalai mon angoisse et mon sentiment de culpabilité.

– C’était comme si… ce qui est en elle depuis toujours, ce feu… avait été amplifié. Prêt à tout ravager. Comme un chat qui se serait transformé en panthère, expliquai-je.

Je secouai la tête pour chasser le souvenir de cette rage de prédateur dans les yeux bleu-gris de Nesta.

– Je n’oublierai jamais ce moment, aussi longtemps que je vivrai, fit doucement Cassian comme s’il avait deviné le flux de souvenirs qui me ravageait.

Le pavillon surgit devant nous avec les lumières dorées de ses portes et de ses fenêtres qui nous accueillaient.

– Je sens parfois l’effet de cette transformation, reprit Cassian. Généralement quand elle est en colère contre moi… c’est-à-dire presque toujours.

– Pourquoi ? demandai-je.

Ils avaient toujours été comme chien et chat, mais dans le passé leurs relations étaient différentes… plus âpres.

– Je ne crois pas que Nesta me pardonnera ce qui est arrivé en Hybern.

– Vos ailes étaient en lambeaux et vous étiez presque mort. Vous n’étiez plus en mesure de secourir personne.

Il était rongé par un sentiment de culpabilité.

– Je lui ai fait une promesse, mais le moment venu j’ai été incapable de la tenir, reprit-il.

Je le voyais encore dans mes rêves ramper vers elle, tenter de la saisir dans l’état de semi-inconscience provoqué par la douleur. Comme Rhysand l’avait fait pour moi au cours de notre confrontation finale avec Amarantha.

– Pourquoi est-ce si important pour vous, Cassian ? demandai-je alors que quelques battements d’ailes à peine nous séparaient de la terrasse.

Son visage se ferma tandis que nous nous posions en douceur. Je crus qu’il ne me répondrait pas, car nous entendions déjà les voix des autres dans la salle à manger. Rhys, qui avait gracieusement atterri, passa devant nous en nous adressant un clin d’œil.

– Parce que je suis incapable de rester loin d’elle, répondit doucement Cassian alors que nous nous dirigions vers la salle à manger.

Elain resta dans sa chambre, ce qui était prévisible. Nesta, en revanche, me surprit en sortant de la sienne.

Ce n’était pas un dîner au sens formel du terme. Lucien, qui contemplait par la fenêtre le coucher du soleil sur Velaris, portait néanmoins une élégante veste verte brodée d’or, un pantalon crème moulant ses cuisses musclées et des bottes noires si reluisantes que la lumière des lustres s’y reflétait.

Il avait toujours possédé une grâce nonchalante, mais ce soir-là, les cheveux tirés en arrière et la veste boutonnée jusqu’au cou, il avait vraiment l’allure du fils d’un Grand Seigneur : beau, puissant, un peu désinvolte, mais bien élevé et élégant.

Je le rejoignis pendant que les autres se servaient du vin à l’antique table en bois, mais je sentais leurs regards sur nous tandis qu’ils bavardaient. L’œil unique de Lucien jaugea mes vêtements sans apprêt, les cuirasses des Illyriens, l’uniforme gris d’Amren et la robe rouge et fluide de Mor.

– Quelles étaient les consignes pour la tenue de ce soir ? s’enquit-il.

– C’est… chacun fait comme il veut, répondis-je avec un haussement d’épaules.

Son œil d’or émit un cliquetis et me fixa, puis revint se poser sur la ville au-devant de lui.

– Qu’avez-vous fait cet après-midi ? demandai-je.

– J’ai dormi, pris un bain et je me suis tourné les pouces.

– Je pourrais vous faire visiter la ville demain matin. Si vous en avez envie.

Même si nous avions un conseil à organiser, un mur à réparer et une guerre à préparer, je pouvais bien prendre une demi-journée pour lui montrer pourquoi ce pays était devenu le mien et pourquoi j’étais tombée amoureuse de son maître.

Lucien parut lire dans mes pensées.

– Vous n’avez nul besoin de me convaincre. J’ai compris. J’ai compris que… nous n’étions pas ce que vous désiriez ou ce dont vous aviez besoin. Et j’ai mesuré combien la Cour du Printemps a dû vous paraître étriquée et isolée quand vous avez découvert cela, dit-il en désignant du menton la ville dont les lumières s’allumaient dans le crépuscule. Qui pourrait soutenir la comparaison ?

Je notai qu’il avait dit « qui », mais m’abstins de tout commentaire.

Il avait détourné les yeux. Son regard se fixa soudain derrière moi et son œil métallique bourdonna imperceptiblement.

Je regardai dans la même direction et dus faire un effort pour ne pas me raidir quand Nesta s’avança dans la salle.

Oui, le terme de « saisissant » que j’avais déjà employé à sa vue exprimait parfaitement sa beauté d’immortelle. Et dans cette robe bleu nuit aux manches longues qui épousait les courbes de son corps avant de retomber en plis gracieux…

Cassian avait l’expression de quelqu’un qui vient de prendre un coup de poing dans le ventre.

Mais Nesta ne regardait que moi dans la lumière qui faisait scintiller les peignes d’argent dans ses cheveux relevés. Ignorant résolument les autres, elle se dirigea vers moi, le menton haut. Je priais pour que Mor et Amren, qui avaient haussé les sourcils, ne disent rien de…

– D’où vient cette robe ? demanda Mor.

Sa jupe rouge flotta derrière elle alors qu’elle s’approchait de Nesta, légère comme un souffle.

Ma sœur se figea, les épaules rigides, prête à…

Mais Mor palpait déjà le lourd tissu bleu et l’examinait sous toutes les coutures.

– J’en veux une semblable, fit-elle avec une moue.

C’était probablement une invitation à courir les magasins : en tant que Grande Dame, j’aurais besoin de nouvelles tenues plus raffinées, tout comme mes sœurs.

Les yeux bruns de Mor rencontrèrent les miens et, submergée de reconnaissance, je dus refouler mes larmes.

– C’est sûrement Rhys qui l’a dénichée, répondis-je en le regardant par-dessus mon épaule.

Il était assis sur le bord de la table, flanqué d’Az et de Cassian, et les trois Illyriens se versaient du vin en feignant de ne pas épier nos moindres paroles.

Fouineurs, lui lançai-je mentalement, et son rire ténébreux me répondit.

Mor examinait toujours la robe tandis que ma sœur la surveillait comme un faucon.

– Rhys a le don pour trouver des merveilles, mais il est impossible de savoir où il achète tous ces vêtements. Il a refusé de me dire où il a déniché la robe de Feyre pour la soirée de la Pluie d’étoiles, le fumier, pesta-t-elle en le foudroyant du regard.

Rhys gloussa. Cassian, en revanche, ne cilla même pas car toute son attention était concentrée sur Nesta.

– Heureusement que nous ne sommes pas de la même taille, sinon je serais tentée de voler cette robe, commenta Mor.

– Et même de la lui arracher, se moqua Cassian.

Mais le visage de Nesta restait froid et inexpressif. Elle toisa Mor, détaillant sa robe généreusement décolletée dont la jupe fendue sur les côtés laissait entrevoir ses jambes. C’était une tenue scandaleuse aux yeux d’un mortel.

– Soyez rassurée, je ne volerai pas la vôtre, dit-elle.

Azriel faillit s’étrangler, mais Nesta garda tout son sang-froid, se dirigea vers la table et s’assit. Mor cilla.

– Je crois que nous aurons besoin de pas mal de vin ce soir, me confia-t-elle avec une grimace.

Je vis le dos de Nesta se raidir, mais elle garda le silence.

– Je vais en chercher à la cave, proposa Cassian avant de disparaître.

Nesta se raidit davantage. Ils la taquinaient, la raillaient…

Je pris place sur un siège voisin du sien.

– Ils ne sont pas méchants, lui murmurai-je.

Nesta suivait du doigt l’ivoire et l’obsidienne de son assiette en examinant les couverts aux manches gravés de vrilles de jasmins.

– Je m’en moque complètement, répondit-elle.

Cassian revint, une bouteille dans chaque main, et ne put réprimer une grimace quand il vit Amren se glisser sur le siège face au mien.

– Vous êtes quelqu’un de peu ordinaire, déclara Amren à ma sœur.

Nesta leva les yeux. Amren buvait nonchalamment un verre de sang tout en l’observant comme un chat qui vient de découvrir un jouet particulièrement intéressant.

– Pourquoi vos yeux ont-ils cet éclat ? demanda Nesta.

Son ton ne trahissait aucune peur.

Amren inclina la tête sur le côté.

– Aucun des fouineurs assis à cette table ne m’avait encore posé cette question, figurez-vous.

Les fouineurs en question, y compris moi-même, dissimulaient leur nervosité de leur mieux. Nesta se contenta d’attendre l’explication.

Amren poussa un soupir qui fit osciller ses cheveux noirs.

– Mes yeux ont cet éclat parce que c’est la seule partie de moi-même que le sort d’emprisonnement n’a pu modifier. Le seul aperçu de ce qui est tapi sous la surface.

– Et qu’est-ce que c’est ? s’enquit Nesta.

Personne d’autre dans la salle ne parlait ni ne remuait. Lucien, qui était resté près de la fenêtre, avait blêmi.

Amren suivit du doigt le bord de son verre. Son ongle verni était d’un rouge aussi vif que le sang à l’intérieur du verre.

– Cette question-là non plus, ils n’ont jamais osé me la poser, observa-t-elle.

– Pourquoi ?

– Parce que c’est impoli… et parce qu’ils ont peur.

Amren soutenait le regard de Nesta qui ne fléchissait pas.

– Nous sommes semblables, vous et moi, reprit-elle.

Je n’étais pas sûre de respirer encore et je ne percevais pas davantage la respiration de Rhys par notre lien.

– Non par l’apparence ni ce qui est tapi au fond de nous, sous notre peau et dans nos os, mais… Je peux voir votre essence, précisa Amren.

Ses yeux remarquables s’étaient réduits à deux minces fentes.

– Vous n’étiez pas à votre place dans le moule qu’on vous a imposé, sur le chemin que vous avez dû suivre depuis votre naissance, déclara-t-elle. Malgré tous vos efforts, vous n’avez jamais pu vous y faire. Et puis un jour, le chemin a changé. J’en sais quelque chose. Je m’en souviens, même si ça remonte à très loin.

Nesta avait acquis le calme surnaturel des immortels bien plus vite que moi. Elle dévisagea l’étrange et frêle créature assise face à nous, soupesant ses paroles et évaluant le pouvoir qui émanait d’elle…

– Je ne comprends pas de quoi vous parlez, répondit-elle simplement.

Les lèvres rouges d’Amren s’entrouvrirent en un sourire rusé.

– Quand tu entreras en éruption, ma jolie, fais en sorte que tout l’univers en sente le souffle.

– Amren a dû suivre des cours d’art dramatique au théâtre de sa rue, déclara Rhys d’une voix traînante.

– Je parle sérieusement, Rhysand, riposta-t-elle avec un regard mauvais.

– Je n’en doute pas, répondit-il en prenant place à ma droite. Mais je préférerais dîner avant que tu ne nous coupes l’appétit.

Je sentis la chaleur de sa main sur mon genou, qu’il pressa légèrement comme pour me rassurer.

Cassian s’assit à la gauche d’Amren, Azriel à côté de lui et Mor face à lui, laissant à Lucien…

Les sourcils froncés, il regarda la place vide en bout de table, et l’autre, également inoccupée, en face de Nesta.

– Je… N’êtes-vous pas censé vous asseoir en bout de table ? demanda-t-il à Rhys.

Ce dernier haussa un sourcil.

– Peu m’importe où vous êtes assis. Tout ce que je veux, c’est manger, et maintenant, grommela-t-il, et il claqua des doigts.

Le dîner, préparé par des cuisiniers dans le ventre du pavillon, surgit sur la table dans des plats et des terrines. Rôtis en sauces variées, riz, pain et légumes cuits à la vapeur en provenance des fermes des alentours… leurs fumets faillirent m’arracher un soupir d’aise.

Lucien s’assit avec la mine de quelqu’un qui doit se jucher sur une pelote d’épingles.

– On s’y fait… à cette absence de cérémonie, lui assurai-je.

– Tu en parles comme si c’était un inconvénient, Feyre chérie, commenta Rhys en se servant en truite frite avant de me passer le plat.

Je levai les yeux au ciel en faisant glisser quelques morceaux croustillants sur mon assiette.

– Ça m’avait surprise lors de notre premier dîner, figure-toi, répondis-je.

– Je sais, je sais.

Cassian ricana.

– Pour tout dire, Azriel est le seul convive poli à cette table, déclarai-je à Lucien qui, après avoir empilé des haricots verts sur son assiette, n’y touchait pas.

Cette déclaration arracha des cris outragés à Mor et à Cassian, mais l’ombre d’un sourire se dessina sur les lèvres du fils de l’invisible.

– Ne me racontez pas que c’est faux, leur lançai-je.

– Bien sûr que c’est vrai, mais ce n’est pas une raison pour nous faire passer pour des barbares, protesta Mor.

– J’aurais cru que ce qualificatif était un compliment à tes yeux, Mor, observa Rhys d’une voix suave.

Nesta assistait à cette joute verbale comme à un tournoi, en nous regardant tour à tour. Comme elle ne bougeait pas, je pris la liberté de remplir son assiette.

– Je comprends maintenant ce que tu voulais dire au sujet de la nourriture, commenta-t-elle alors que je me servais.

Il me fallut un instant pour me rappeler la conversation que nous avions eue lors de ce dîner chez notre père. Nous nous étions disputées à propos des différences entre la nourriture des mortels et celle des Fae. C’étaient à peu près les mêmes aliments, mais en bien plus savoureux de l’autre côté du mur.

– Est-ce un compliment ? m’enquis-je.

Nesta ne me rendit pas mon sourire. Elle embrocha des asperges sur sa fourchette et mordit dedans.

Je décidai de changer de sujet.

– À quelle heure reprenons-nous l’entraînement demain ? demandai-je à Cassian.

– En temps normal, j’aurais répondu « à l’aube », mais pour célébrer votre retour en un seul morceau je vous laisserai faire la grasse matinée. Rendez-vous à sept heures sur le terrain.

– Ce n’est pas ce que j’appelle faire la grasse matinée !

– Pour un Illyrien, si, grommela Mor.

– La lumière du jour est une ressource précieuse, déclara Azriel.

– Mais nous vivons à la Cour de la Nuit, riposta Mor.

Cassian fit la grimace en regardant Rhys et Azriel.

– Je vous avais prévenus que l’arrivée de femmes dans notre cercle sèmerait la pagaille, commenta-t-il.

– Si mes souvenirs sont bons, Cassian, tu avais plutôt dit que tu étais fatigué de voir nos sales têtes et que la beauté féminine serait un repos pour tes yeux, le corrigea Rhys.

– Gros porc ! lâcha Amren.

Lucien en avala ses haricots de travers.

– J’étais jeune et ignorant. Inutile de te cacher derrière tes ombres : tu avais dit exactement la même chose, lança Cassian à Azriel, sa fourchette pointée vers lui.

– Sûrement pas, intervint Mor, et les ombres qu’Azriel avait discrètement tissées autour de lui s’évanouirent. Azriel n’a jamais rien dit d’aussi nul.

Le général des armées de la Cour de la Nuit lui adressa un geste ordurier et elle lui rendit la politesse.

Amren foudroya Rhys du regard.

– Tu devrais les laisser à la niche pendant notre conseil avec les Grands Seigneurs, Rhysand, lui dit-elle. Ils ne nous attireront que des ennuis.

J’épiai la réaction de Lucien. Il contrôlait soigneusement son expression, mais j’entrevis une lueur de surprise dans son regard. De la méfiance, aussi, mais teintée de surprise. Je risquai un coup d’œil vers Nesta, mais elle contemplait le fond de son assiette en ignorant résolument les convives.

– Reste à savoir s’ils viendront à ce conseil, répondit Rhys.

Lucien le dévisagea avec une curiosité visible. Rhys le remarqua et haussa les épaules.

– Vous le saurez bien assez tôt, je suppose. Des invitations seront envoyées demain à tous les Grands Seigneurs de Prythian pour un conseil de guerre, l’informa-t-il.

– Tous ? répéta Lucien, la main crispée sur sa fourchette.

Je me demandai s’il pensait à Tamlin ou à son père.

Rhys acquiesça. Lucien réfléchit un instant.

– Puis-je donner un conseil même si on ne l’a pas sollicité ? reprit-il.

– Je crois que c’est la première fois qu’on entend une demande pareille à cette table, répondit Rhys avec un petit sourire. Dites toujours.

Lucien observa tour à tour Rhys et moi.

– Je suppose que Feyre sera présente à ce conseil ? demanda-t-il.

– Oui, répondis-je.

Lucien réfléchit de nouveau tandis qu’Amren buvait quelques gorgées de sang, le seul bruit troublant le silence de la salle.

– Avez-vous l’intention de dissimuler ses pouvoirs ? demanda-t-il.

Il y eut un moment de flottement avant que Rhys ne reprenne la parole.

– Je comptais en parler avec elle. Avez-vous un avis sur la question, Lucien ?

Lucien m’observa et je dus faire un effort pour ne pas me tortiller sur mon siège.

– Mon père se rallierait peut-être à Hybern s’il pensait avoir une chance de récupérer la parcelle de son pouvoir que détient Feyre. En la tuant.

Un grondement jaillit de la gorge de Rhys.

– Vos frères m’ont vue en action, dis-je à Lucien en reposant ma fourchette. Peut-être qu’ils ont cru que le feu venait de vous, mais la glace…

– Voilà ce que vous devez tirer au clair, déclara Lucien à Azriel. Ce que mon père et mes frères savent à ce sujet. C’est là-dessus que vous devrez vous concentrer et vous devrez préparer ce conseil en conséquence.

– Il se peut qu’Eris garde cette découverte pour lui et persuade ses frères d’en faire autant s’il le juge plus utile, observa Mor.

Je me demandai si elle pensait à Eris quand elle regardait la chevelure d’or rouge de Lucien et son hâle plus prononcé que celui de ses frères.

– C’est possible, répondit Lucien sur un ton égal, mais il faut s’en assurer au préalable. Si Beron ou Eris détiennent ce savoir, ils essaieront d’en tirer parti lors de ce conseil pour en prendre le contrôle. Il se peut également qu’au lieu d’assister à ce conseil, ils se rendent tout droit chez le roi d’Hybern.

Cassian jura à voix basse et je l’aurais volontiers imité.

Rhys fit tourner son vin dans son verre avant de le reposer.

– Vous devriez parler de tout cela avec Azriel demain, proposa-t-il à Lucien.

Lucien regarda le fils de l’invisible, qui acquiesça.

– Je suis à votre disposition, répondit-il.

Personne ne fut assez stupide pour demander s’il était prêt à donner des renseignements sur la Cour du Printemps et s’il pensait que Tamlin viendrait au conseil. C’était une conversation qu’il valait mieux garder pour plus tard, et que lui et moi devrions avoir seul à seul.

Rhys se renversa dans son fauteuil pour réfléchir. Sa mâchoire se crispa et il poussa un soupir presque inaudible, comme s’il rassemblait ses forces pour dévoiler des plans qu’il avait gardés secrets jusqu’ici. Malgré mon appréhension, je sentis un frisson d’exaltation.

– Ce n’est pas la seule réunion à laquelle nous devrons assister, annonça-t-il.

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