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Est-ce qu'on aime moins un enfant parce qu'on ne l'a pas mis au monde ? Qui peut savoir ce que c'est que de se lever la nuit pour se pencher sur lui, de ne penser qu'à lui, de ne vivre que pour lui ? Quand elle est arrivée, cette petite, j'ai tout de suite compris que c'était la mienne, celle que j'attendais depuis toujours. Si elle ne l'était pas vraiment, elle est devenue ma fille aussitôt. Mais est-ce qu'on peut parler de ça ? Qui comprendrait une chose pareille ? Et d'ailleurs est-ce que ce sont des choses qu'il faut dire ? Et à qui ? Moi je lui ai donné ce que j'avais appris tout ce que je savais et c'est vrai que ce n'était pas grand-chose. Seulement à moi, on ne m'a rien appris et rien donné. Alors j'ai fait ce que j'ai pu, sans jamais calculer et sans compter ma peine. Et personne aujourd'hui ne peut me dire si j'ai bien ou mal fait. Je l'ai fait avec toute ma force, avec mes mains et avec le peu que j'ai dans la tête. Je ne crois pas qu'elle aurait été plus heureuse ailleurs...
Afficher en entier- Regarde-le, fit Cyprienne, il sait mieux parler aux bêtes qu'à sa femme.
[...]
- C'est parce qu'il y a des bêtes qui me parlent mieux que ma femme.
Afficher en entier- Et d'abord pourquoi tu me poses toutes ces questions ? Est-ce que ce sont les questions d'un enfant de ton âge ?
- D'un enfant qui peut mourir, oui, dit-il, sans la regarder.
Afficher en entierSébastien tourna la tête vers la vallée : elle étincelait comme l’eau d’un immense lac. On aurait dit que cette lumière-là avait été celle de la naissance du monde. C’est ce que pensa vaguement Sébastien. Il lui sembla que ce jour dans sa beauté primitive, pouvait être le premier d’une guérison définitive, et cette pensée lui fut précieuse.
Afficher en entierDeux jours avaient passé. Ils avaient pris l'habitude de s'asseoir sous le tilleul le soir, après le repas, pour attendre la nuit. Sébastien se tenait entre Auguste et Cyprienne, là, au terme de ces interminables journées de juin qui n'étaient que chaleur et lumière. Il avait l'impression de se trouver au coeur du monde, en un lieu secret, à l'abri de tous les dangers.
Afficher en entierAvec son grand père étaient entrés dans la chambre un parfum de feuilles et de terre, l'odeur de la maison elle-même, mélange de café, de cire d'abeille et de légumes, une odeur ménagère qui évoquait un bonheur lointain.
Afficher en entierIl n'avait pas trouvé ses mots, car ceux du médecin s'entrechoquaient encore dans sa tête : "Leucémie aiguë avec anémie grave. Il faut agir vite." Sébastien ne se sentait pas malade, pourtant, à part ses saignements de nez, cette pâleur étrange de son visage, cette impression d'extrême faiblesse et cette sensation de vivre dans un froid intense, un froid jamais ressenti jusqu'alors, un froid qui circulait dans ses veines, pétrifiait son cœur, comme s'il battait dans la neige.
Afficher en entier" Le soleil était apparu dès que le V.S.L était sorti de Toulouse et avait illuminé la campagne tout au long de la route. Comme à chaque retour, Sébastien s'étonnait de pouvoir passer si rapidement d'un univers à l'autre : derrière lui la peur, devant lui l'espoir(...). On eût dit que le monde était neuf, que tout était possible, que tout recommençait, et Sébastien, comme à chacun de ses retours, retrouvait un refuge."
Afficher en entier- Comment tu me trouves, toi? , fit Auguste.
Sébastien grimaça un sourire.
- Pas mal, dit-il.
- J'ai bien vu comment les filles me regardaient, fit Auguste à l'intention de Cyprienne.
- Qu'est ce qu'il me faut entendre à mon âge! s'écria-t-elle. Qu'est ce que je vous ai fait, Sainte Vierge, pour trouver un putassier dans ma maison? T'as pas honte dis?
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