Extraits

Qu’est-ce qu’une enfance heureuse ? Une période d’insouciance où le garçon découvre avec naturel chacune des étapes cruciales de la vie. Un moment de l’existence où il rit et sourit de tout, puis parfois explore avec saveur les idées folles qui lui viennent.

Levant son petit visage cristallin, elle entrevit dans mon regard quelque chose de vital. Je n’attendais rien, n’espérais rien, cependant que ma vie semblait dépendre de l’instant. Mon apparente sincérité et la manière dont je me jetais dans le précipice de son âme l’émurent.

Offerte et fragile, elle ne vibrait que par ses retenues. Je l’admirais, ainsi immobile et dans la volupté de l’attente ; la caressais, à l’écoute de sa respiration chaude, de ses pulsations et de l’écho de sa métamorphose intime ; puis, dans un élan dépouillé, venais en elle, en quête de son galbe, d’un subtil abandon au mystère de son plaisir. Je m’endormais toujours un peu triste.

Dans l’accouplement, l’homme se comporte souvent égoïstement, aimant un peu moins l’autre que lui-même. Il n’agit pas en témoignage de son attachement, mais pour apaiser sa vitalité, et sans doute la rassurer. Conscient de cette inclination, je tentai de diluer ma fierté de mâle dominateur. Sous les draps, je devenais plus tendre encore, et poète. J’en vins assez facilement à m’oublier, ne souhaitant plus que le plaisir de l’autre.

Au petit matin, je rentrai dans l’appartement sur la pointe des pieds. Arrivé au salon, à tâtons peu discrets, je sursautai. Fatiha m’attendait, chatoyante et nue, dans notre divan oriental. D’un bond, elle fut assise, agrippant mon falzar. Avide de friandises, ma future se rua et me dépluma. Hélas, le petit bonhomme était fatigué, et la féline ne put se sustenter. Elle ouvrit un large bec, laissant tomber sa proie. Ses grands yeux de corbeau me glacèrent d’effroi.