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Une fois qu'on a commencé, on peut plus s'arrêter. Dès qu'on a pris goût à l'argent, on ne peut plus s'en passer. Le fric est devenu pour Jim et moi notre drogue, et comme tous les camés, on a besoin de notre dose quotidienne. Les trois cents dollars qu'on s'était amassé lors de notre premier vrai braquage ont déclenché en nous cette attirance mortelle pour le fric. On en voulait toujours plus, encore et encore. On n'en avait jamais assez. Trois cents, c'était bien pour une première fois, pour une deuxième aussi, mais ensuite, on visait plus. Je ne sais pas si l'argent est la pire des drogues ; mais en tout cas, ça a bousillé notre vie. L'argent avait des bons côtés, je ne vais pas vous mentir, mais ça en avait aussi des mauvais. Après notre premier braquage, notre vie a changé. On était lancé sur l'autoroute infernale de notre auto-destruction.
Afficher en entierJ'aurais aimé l'interroger davantage sur son enfance, mais Jim a augmenté le volume de la radio, comme s'il savait que j'allais lui poser une question qui allait le déranger. Jim ne parlait jamais ou presque de sa vie d'avant. C'était comme s'il avait fait table rase de son passé, et que sa nouvelle vie avait commencé quand il m'avait rencontré. « À présent c'est toi ma vie » qu'il a sorti un soir alors que je me reposais dans ses bras.
Afficher en entierQuand on braque, peu importe la grandeur du bâtiment ou son importance, on doit faire vite. On n'a pas le temps de parler, de négocier ou de s'éclater. On s'éclate une fois qu'on est à l'extérieur et avec le butin ; pas avant. Un braquage, c'est une sorte de course contre la montre. En vérité, ça peut se passer très vite, sans dégât ni rien. Mais parfois, ça peut dégénérer et tourner à la catastrophe et c'était ce qu'on devait éviter à tout prix. Je crois que je n'ai jamais autant stresser que ce jour-là. Les premières fois, c'est toujours quelque chose d'inoubliable, parce que justement, ce sont les premières fois. Maintenant, braquer devient une habitude et j'y ai pris des réflexes
Afficher en entierJim avait toujours des bonnes idées, à croire qu'il était né pour ça. À cette époque, je me demandais comment il faisait pour avoir toutes ces idées. Après, j'ai compris qu'il était dans ce milieu depuis longtemps. « Le vol, c'est ma seconde nature » qu'il a dit un jour. C'est vrai qu'il était doué pour ça. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans lui. C'est lui qui m'a aidé à grandir dans ce monde, et c'est grâce à lui que je suis devenue quelqu'un de plus fort. Je lui dois pas mal de choses.
Afficher en entierJe suis restée longtemps, comme ça, à fixer l'arme sans rien dire. Je dois avouer que, pendant l'espace d'une seconde, je me suis demandé ce qui arriverait si je tirais sur Jim... ou sur moi. J'avais le doigt sur la détente et la petite voix en moi me disait de tirer. Vous savez, cette même petite voix qui vous dit lorsque vous êtes sur le bord d'une falaise de sauter pour voir ce qu'il arriverait. C'est tentant avouez-le. On a tous cette petite voix qui nous lance ce genre de défis à la con. Parfois, elle prend le dessus sur notre conscience et les gens font alors des choses regrettables : ils sautent dans le vide, ou tirent dans le tas. Alors quand cette petite voix me disait de tirer, c'était pour voir ce que ça faisait de tuer ou d'être blessé par balle. Hier j'avais tiré dans le vif de l'action, sans forcément me rendre compte de ce que tirer signifiait réellement. Je sais ce que vous devez penser au moment même où vous lisez ces lignes de mon journal : « Cette fille est folle, bien trop bercée par la télé. » Je voulais être aussi charismatique que Sigourney Weaver dans Alien. Et c'est cette impression que le flingue sur mes genoux reflétait.
Afficher en entierJ'aime Jim ; c'est une certitude. Et il m'aime. Je le sais. Quand je le regarde, je repense à notre première rencontre. C'était magique et inoubliable ; un conte de fées, ou presque. Jim n'est pas un prince charmant : il n'a pas de cheval, il n'est pas riche, ne possède ni château, ni famille. Moi je ne suis pas une princesse. En fait, notre histoire n'est pas un conte de fées, mais plutôt un vieux polar, une romance moderne entre deux jeunes gens que tout sépare.
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