Karine Reysset

J'ai lu ce livre d'une traite. Excellente identification à la narratrice. Très touchant.

Petite bouffée de fraîcheur avant de s'atteler à un livre plus sérieux, ou couper un cycle d'un même auteur.

Coralie s’est toujours demandé ce que Soline lui trouvait. Issues de milieux différents, enflammées par d’autres désirs, une amitié indéfectible semble pourtant les unir. Autant que faire ce peu lorsqu’on a 18 ans, qu’on imagine que l’éphémère nous arroge tous les droits et qu’on croit rêver plus fort que les autres.

C’était l’été 1993. Âgée de bientôt 40 ans, le passé la rattrape et Coralie se souvient…

Invitée à passer le mois d’août dans la résidence secondaire des Weyers, elle quitte avec joie le pavillon de banlieue où elle s’étiole. À la villa, amis et famille se croisent, et toute nouvelle embrassade s’arrose copieusement : les limites tombent à mesure que les coudes se lèvent, et il suffirait de gratter un peu le vernis pour découvrir qui sont vraiment ces gens qui brillent à la tombée du jour autour d’apéritifs à rallonge. Fascinée par ses nouveaux modèles dont elle consigne les faits et gestes dans un carnet, Coralie voudrait s’extraire de son insignifiance et être acceptée de cette caste chic et lettrée. Mais il est toujours un regard, une remarque, pour lui rappeler qu’elle est du camp des prolos, de ceux qui logent au camping d’en face et dont se moquent ostensiblement Weyers et consorts.

La disparition d’une fillette hollandaise qui campait là jette un froid, mais très vite, tout le monde passe à autre chose. Coralie, moins égocentrique que ses hôtes, garde le drame dans un coin de sa tête, mais elle a commencé de s’extravertir et compte bien profiter de ce si bel été où tout est permis, sans interdits.

Karine Reysset raconte alors par le menu les désillusions de sa jeune héroïne, un pied dans l’âge adulte, qui pensait avoir gravi un échelon social. D’emblée, le ton de la confidence capte l’intérêt et questionne. Le style, délicat, sans excès de rhétorique, décrit des émotions justes et nuancées, derrière lesquelles se dessine une jeune femme qu’il faudrait protéger – des autres, d’elle-même. Ces autres, en façade parfaits, mais qui taisent des secrets bien plus laids que votre modeste train de vie et vos vacances ordinaires. Vous n’intégrez jamais leur joli monde d’hypocrisie et d’opportunisme. Au mieux, vous les distrayez… jusqu’à être la cause de tous leurs maux. Se mêler « aux gens bien », qui meublent leur patio avec goût et méprisent leur jardinier, c’est se trouver projeté dans un jeu (de dupes) dont on n’appréhende pas les règles.

Vous savez ce qu’on dit des torchons et des serviettes.

La sincérité du personnage, servie par la construction du roman, m’a réellement touchée, sans pour autant que j’approuve ses choix d’adolescence. J’ai été peinée, aussi, par la cruauté du pouvoir des apparences, et l’habilité du rupin à toujours tirer la couverture à soi. Les chagrins d’amitié sont aussi douloureux que les chagrins d’amour, et vingt ans après ce triste été, certaines plaies ne se sont pas refermées. J’ai connu des Weyers. Raison pour laquelle, en dépit du goût amer que certains scènes ont fait surgir, j’ai tellement apprécié ce roman, l’acuité de la vision de l’auteur.

Roman d’apprentissage, satire sociale, L’Étincelle a ce côté intemporel (d’autres s’y laisseront prendre) qui donne plus de force encore au propos. Incandescent, où chacun officie à la place qui est la sienne – y compris le lecteur, observateur privilégié –, drapé des couleurs passées des souvenirs qu’il ne faudrait pas remuer.

Il reste dans ma liste de bronze car le portrait de Kyoto en automne m'a vraiment transportée. A part ça, une lecture adulte de ce roman manque quelque peu d'intérêt.

Un bon roman sur l'adolescence et ce passage si compliqué à l'âge adulte.

Coralie, loin de sa famille étriquée, va vivre un été où tout est permis. Elle découvre l'alcool, les pétards, les amis et surtout la sexualité. Plus d'interdits ; elle s'autorise tout. La femme de quarante ans se penche avec un peu de mélancolie, sur cette jeune fille qui, telle un papillon s'est extrait de sa chrysalide et qui lui paraît bien lointaine. C'est un joli roman d'apprentissage qui se double d'un roman social où les adultes cachent bien leur hypocrisie.

"L'étincelle" est celle produite par la découverte par Coralie jeune adolescente, de la vie des adultes qu'elle idolâtrait de leur culture et de leur aisance.

Cette "étincelle" a été celle du passage du monde de l'enfance et à celle des adultes : boissons, pétards, amours débutantes....

Un beau roman sur les apprentissages initiatiques d'une jeune fille sur la vie...

"Les yeux au ciel" c'est le fantôme d'une jeune fille de 3 ans, décédée accidentellement et dont l'explication de sa mort n'a pas été bien expliquée à ses frères et sœurs.L'a-t-elle été comprise par ses propres parents.

Cette mort plane sur toute la famille et les rapports des uns avec les autres.

En lisant ce livre, on assiste à un patchwork dans lequel l'autrice dépeint chaque jour du jeudi au mardi chaque personnage...les liens sont distendus, se distendent ou essaient de se tendre....se revoir peut être salvateur car cela assoit la sincérité des relations.

J'ai aimé ce livre dont l'histoire est tiraillée par ce secret qu'on découvre peu à peu, secret, source certes des malheurs mais aussi des bonheurs de tous.

"L'ombre de nous mêmes"c'est la vie croisée de trois femmes.

Salma, en prison,vient d'accoucher d'Anton et dévoile son passé,son présent en écrivant des lettres la plupart à son compagnon quitté mais père d'Anton.

Sara,sa fille,qui décrit la même vie et la sienne grâce à un blog

Lucinda,voisine de cellule de Salma,raconte son histoire que Salma réécrit.

Par ce livre,on découvre l'univers carcéral de la prison pour femmes de Rennes avec toute sa cruauté,sa froideur,sa déshumanisation mais aussi ces beaux moments si rares de la beauté d'un rayon de soleil, d'un mur coloré,d'un bébé qui grandit...bref de la vie et de sa beauté.

Un livre aux personnages attachants et un hymne à la liberté qu'un rien peut enrayer.

Tout oppose les deux héroïnes de ce roman : Émilie a la projet d'accoucher sous X car elle ne veut pas de l'enfant qu'elle porte, Judith n’arrive pas à avoir d'enfants et cette fois, elle accouche mais l'enfant meurt ; Émilie est pauvre et presque trop jeune ; Judith riche et presque trop âgée ; Émilie trouve l'amour auprès d'un garçon de son âge, tandis que Judith perd le sien auprès de l'homme de sa vie...Léa, la fille d’Émilie, construit la vie de sa maman qui allait se détruite tandis qu'elle détruit celle de Judith qui ne construit plus.

Mais tout les réunit : une enfance cabossée, des parents malveillants, des grands parents aimants et surtout Léa sur laquelle Judith transfère sa souffrance, jusqu'à commettre l'irréparable.

Chacune agit"comme un mère" et dans cet univers de femmes, c'est "comme un mère" qui est décrit, interrogé car Émilie comme Judith ont été enfant avant de devenir ou essayer de devenir "mères".

Cette histoire à deux voies racontée par chacune de ces deux femmes est un véritable cri à la maternité, dans laquelle les hommes n'ont pas vraiment leur place à part Titouan le copain d’Émilie.

Un beau roman justement écrit qui ne sombre dans le mélancolique et qui fait la part belle à Léa qui porte ces deux femmes qui agissent "comme une mère."