Régis MESSAC
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Note moyenne : 8/10Nombre d'évaluations : 6
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Bien que son oeuvre de non-fiction soit plus important (en quantité !), Régis Messac est (au même titre que J. Spitz) considéré comme un des pères fondateurs de la SF française, du genre "sans issue". Or, à moins de juger ce livre comme une "simple" contre-utopie, "Valcretin" verse plutôt dans la critique de société, sarcastique et acerbe (gardez votre crachoir à proximité !).
Ce court roman est aussi le dernier écrit par Messac, avant sa déportation en 1943. Dès 1941, l'auteur était entré dans la résistance : [...] un misanthrope qui ne voyait que trop bien, sous ses fenêtres de 1943, grouiller lâcheté et démission en face des silhouettes vert-de-gris du mal absolu"...et exprime son aversion pour cette humanité à travers ses écrits ; des humains, ça ? Non ! Des crétins !
Un monde de "pauvres baveux, les goitreux, les bossus, les noués, les noueux, les crasseux, chassieux, chiasseux, miteux et marmiteux"...une vallée de crétins...
Valcretin est une île au climat brumeux, humide et froid, perdue quelque (nulle) part dans l'océan pacifique, à l'écart des côtes chiliennes. Suite à la lecture d'un article de presse qui a suscité leur intérêt, l'équipe de professeur Baber, dont son assistant Le Bret se fait le porte-parole, va y débarquer afin d'étudier ce microcosme de "dégénérés". Mais au contact de ces échantillons abêtis, plus proche de l'animal que de l'homme, les hommes de l'équipe, qui se prétendent pourtant intelligents et civilisés , vont succomber...à la crétinerie !
Bon nombre d'analyses littéraires concernant ce livre s'accordent à dire que Messac à voulu dénoncer le colonialisme et/ou la collaboration sous l'occupation nazie. Et c'est sûrement vrai... La préface brillante (de Natacha Vas Deyres), qu'il est d'ailleurs conseillé de lire comme postface (!), va également dans ce sens.
Il y a quelques années, j'ai pu lire le post-apocalyptique "Quinzinzinzili" du même auteur, et de ces deux ouvrages ressort clairement que Messac n'avait aucune foi dans l'espèce humaine. Il va un peu plus loin dans "Valcretin" et fait dire à Le Bret (p. 50) : "il ne s'agit pas ici d'un conte à la manière d'Edgar Poe, d'une histoire à donner le frisson. L'impression dominante serait bien rendu, à ce qu'il semble, non par le mot de terreur, mais par celui d'écoeurement". L'auteur ne ment pas ! le lecteur sera bel et bien dégouté par les descriptions des crétins, révolté par l'obstination de Baber à vouloir "humaniser" ces êtres qui jusqu'à là vivaient en paix avec et dans leur crasse... écoeuré encore par la bassesse des hommes qui ne savent réagir qu'avec violence quand une situation leur échappe.
Même si l'humour et quelques brins de poésie effleurent par ci, par là...le pessimisme et la noirceur l'emportent : l'homme est un crétin et il ne sait se comporter tel quel.
Afficher en entierCe livre est une découverte Babelio. C'est en recherchant des récits post-apocalyptique que je suis tombé tout à fait par hasard sur la fiche de Quinzinzinzili. Les notes et les critiques pertinentes m'ont convaincu de rechercher activement ce roman. J'ignorai jusque-là qu'il existait une réédition plus récente. C'est donc ainsi que j'ai entre mes mains celle de l'Édition Jean-Claude Lattès (édition “Spéciale”) de 1972 à la couverture psychédélique de Lamy.
Quinzinzinzili, en voilà un titre formidable, et dire que l'éditeur de l'époque voulait que Régis Messac change son titre ! Il faut dire que Régis Messac était un précurseur. C'est d'ailleurs grâce au magnifique édito signé Ralph Messac – fils de l'auteur suscité –, que l'on apprend plein de choses. Ainsi, Régis Messac a été déporté et décédé dans un camp de concentration en Allemagne, victime d'un régime totalitaire et barbare.
J'apprends, via la page qu'il lui est consacré par Wikipédia, que Régis Messac était un pacifiste convaincu et socialiste. Un intellectuel qui s'est imposé jusqu'à s'interposer entre les officiers allemands et les prisonniers du camp.
Le début m'a un peu fait penser aux anciens romans tels que « La guerre des mouches » ou bien encore « La guerre des salamandres ». le récit s'appuie, en quelque sorte, sur quelques articles, mais aussi sur une reconstitution des armées. Il est intéressant de constater, que Quinzinzinzili fut écrit en 1935 et déjà Régis Messac voyait une Seconde Guerre mondiale éclater. D'un côté le bloc occidentale avec l'Europe divisée et de l'autre l'orient avec un conflit asiatique et Russe. Bien évidemment, entre les faits décrit par l'auteur et la réalité, des choses sont différentes, mais d'autres se sont réalisées, comme l'attaque des japonais avec leur aviation, non pas sur Honolulu (comme décrit ici), mais à Pearl Harbor.
Une fois que le conflit s'est déclenché, le monde a sombré dans l'apocalypse totale en éradiquant presque l'humanité. Des gaz et un raz-de-marée gigantesque ont provoqué des génocides.
Deux hommes – dont Gérard Dumaurier, le narrateur, – sont les seuls rescapés en compagnie d'une douzaine d'enfants.
Gérard Dumaurier est le dernier homme civilisé sur terre. Il est déprimant, asocial, misopède, arrogant. Il passe son temps à observer l'évolution des enfants sans l'intervention des adultes. Ainsi, il est intéressant de constater, à contrario de « Sa majestée des mouches », que l'être humain n'est juste qu'un animal et que le savoir est une chose fragile qui n'est pas innée chez l'homme. Sans partage des connaissances et éducations, on redevient primaire.
La seule chose qui persiste avec le temps, c'est la religion. On assiste à une forme de polythéisme, mais un seul Dieu va prendre le pas sur les autres : “Quinzinzinzili”.
Régis Messac nous offre un livre intéressant sur la vision de l'humanité. Un précurseur en matière post-apocalyptique qui, d'après son fils Ralph, aurait inspiré Robert Merle avec « Malevil » et Roger Ikor avec « Les grands moyens ». C'est un récit très court. J'ai été un peu déçu par la fin. Cela dit, je pense que je lirai d'autres de ses textes.
Très belle critique également de Domi_V que je conseille de lire ;)
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Biographie
Formidable précurseur, Régis Messac, né en 1893, fils d'instituteur, qui deviendra enseignant, il est le premier Français à s'être intéressé de près au " roman de détection " - appellation d'époque du polar -, en le portant sur les bancs de l'université avec une thèse qui fait date, " Le "Detective novel "et l'influence de la pensée scientifique ", rédigée à son retour d'un long séjour en Amérique du Nord. Auteur prolifique sur une courte période, habile à manier l'anticipation et la chronique sociale, il s'était très tôt rebellé contre un système (on lui doit un pamphlet A bas le latin !) qui le marginalisera. Blessé à la guerre, il est un pacifiste convaincu. Il a une intense activité de critique (il écrit les premiers essais littéraires sur la S.F.), de traducteur et de romancier durant les années 30. Gagné par un pessimisme acide, il imagine des contre-utopies : Quinzinzinzili (1935), La Cité des Asphyxiés (1937) ou le posthume Valcrétin indiquent que rien de l'avenir "messacien" n'est souriant. Motivés par la provocation dont il espère qu'elle conduira à un soubresaut moral (" Où est le bonheur ? Dans l'accord avec son milieu. Si nous vivons parmi les Crétins, soyons crétins. "), ses récits présentent une vue panoramique de sociétés futures ou parallèles. Arrêté par les Allemands en 1943, déporté "Nacht und Nebel", il disparaît en Allemagne en 1945.
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