La grande musique

Roman étrange! Mais est-ce un roman ou plutôt un traité de musicologie, une biographie? A ce point étrange que la première mouture de mon commentaire n'eut pas l'heur de me plaire et que je du la retravailler. C'est passablement confus: on ne sait jamais si on parle de John Callum dernier du nom ou de son père ou encore de son grand-père. Comme ils portent des noms très similaires, tout est mélangé et reste flou. Je suis certain que c'est la volonté de l'auteure. On revient par vagues successives sur l'histoire de cette dynastie de cornemuseurs. L'arbre généalogique se découvrira peu à peu, et sera enfin conforté plus tard dans le livre.

Ce sont les femmes, respectivement leur amantes et leurs filles qui permettent de redéfinir la temporalité. Toutes des femmes libérées, les Mary, sa fille Margaret, ou sa petite-fille Helen ou encore son arrière-petite-fille Kathryne. Quasi toutes filles-mères ou plutôt femmes n'ayant pas besoin de mari au moment où le besoin d'enfant se fait sentir.

Et on revient sans cesse sur les mêmes événements, les même faits de vie mais avec certaines nuances mises particulièrement en exergue. Le ton du récit varie du poétique, au rapport d'historie jusqu'à l'obituaire. J'en ai déduit que l'on simulait ainsi une épétitivité lancinante, peut-être celle de la musique dite PIOBAIREACHD ou "Grande Musique". Si j'ai bien compris la persistance de la note y est fort importante. Cette structuration quasi musicale est corroborée par le titre des paragraphes et chapitres: ce sont le nom des mouvements de ce type de musique. Cela a pu m'apparaître un peu agaçant par moment; je ne sais pourquoi, j'ai tenu bon. Ce qui m'a fait le lire jusqu'au bout: c'est l'Écosse, le beau pays d'Écosse, les paysages vert bouteille et brun clair, l'odeur du whisky, de la tourbe et de la bruyère, le son de la cornemuse et du vent.

Ce livre est donc extrêmement original dans son développement. C'est un livre qu'on aurait du mal à cataloguer. Il a pourtant éveillé en moi un intérêt manifeste pour cette musique celtique. Pour répondre à mes premières interrogations, je me suis largement documenté sur le site francophone http://bagpipe.shost.ca/

On découvre tardivement qu'il s'agit de la compilation posthume des notes de composition d'un John Callum MacKay, cornemuseur, que ses notes furent rassemblées par sa fille naturelle Helen.

Si j'ai bien tout compris, elle me semble un rien incestueuse cette saga. Au yeux de l'auteure, qu'Helen et son demi-frère Callum Innes macKay furent amants ne mérita qu'une simple phrase! Et Kathryne est-elle la fille d'Helen et de son demi-frère Callum Innes MacKay? On ne le saura jamais.