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Tout ce que j'avais à faire, c'était tuer l'assassin avant qu'il ou elle me tue. Croire que Richard ne laisserait pas Marcus le tuer. Empêcher Raina de me tuer. Et voyons... J'étais sûre que j'oubliais quelque chose. Ah, oui : décider si j'allais coucher avec Richard, et le cas échéant, ce que ça signifierait pour Jean-Claude et pour moi. Il y a des jours où ma vie est trop compliquée, même pour moi.

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Tout ce que j'avais à faire, c'était tuer l'assassin avant qu'il ou elle me tue. Croire que Richard ne laisserait pas Marcus le tuer. Empêcher Raina de me tuer. Et voyons... J'étais sûre que j'oubliais quelque chose. Ah, oui : décider si j'allais coucher avec Richard, et le cas échéant, ce que ça signifierait pour Jean-Claude et pour moi. Il y a des jours où ma vie est trop compliquée, même pour moi.

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- Peut-être est-ce que votre compagnie que je devrais réclamer, suggéra Sabin.

Je me dégageai très doucement. Je ne voulais pas faire de mouvement brusque, de peur de lui arracher son gant. Je n’avais aucune envie de la voir se répandre en une flaque de liquide nauséabond. Il était déjà bien assez horrible comme ça.

Sabin ne tenta pas de me retenir. Peut-être nourrissait-il les mêmes craintes.

- Es-tu encore en train d’enfreindre mon hospitalité ? lança Jean-Claude.

Il se tenait sur la piste de danse, fixant son regard sur Sabin. Ses yeux étaient pareils à deux rayons de lumière bleue, et sa peau était devenue pâle et lisse comme du marbre.

- Tu ne m’as pas encore témoigné de véritable hospitalité, Jean-Claude, répliqua Sabin. La coutume voudrait que tu m’offres de la compagnie.

- Je ne pensais pas que ce qui reste de toi puisse en avoir besoin.

Sabin grimaça.

- C’est une maladie cruelle. La pourriture n’affecte pas la totalité de mon corps. Mes besoins demeurent, bien que plus personne ne le toucherait de son plein gré.

Il secoua la tête, et sa peau se fendit sur un côté de son visage. Quelque chose de noir et de plus épais que du sang se mit à couler le long de sa joue.

Cassandra gémit. Mon garde du corps allait gerber. Peut-être que ça sentait mauvais pour elle.

- Si l’un de mes gens me met suffisamment en colère pendant que tu te trouves sur mon territoire, tu pourras l’avoir. Ce sera sa punition. Mais je ne te donnerai pas quelqu’un juste par ce que tu l’as réclamé. Je craindrais que sa santé mentale n’y résiste pas.

- Il y a des jours, Jean-Claude, où je doute que la mienne y ait résisté. Ou qu’elle y résiste beaucoup plus longtemps. (le regard de Sabin se détacha de Cassandra pour poser sur moi.) je pense que ça briserait ta louve. Mais ta servante… elle tiendrait le coup.

- Elle n’est pas à ta disposition, et elle ne le sera sous aucun prétexte. Si tu abuses de mon hospitalité en portant la main sur elle, édit du conseil ou pas, je te détruirai.

Sabin se tourna vers Jean-Claude, où personne ne me parlait sur ce ton excepté les membres du conseil.

- C’était avant, réplique Jean-Claude.

Sabin soupira.

- Oui, avant.

- Tu es libre de profiter du spectacle, mais ne me provoque plus, Sabin. Je n’ai aucun sens de l’humour quand il s’agit de ma petite.

- Tu acceptes de la partager avec un loup-garou, mais pas avec moi ?

- Ce sont nos affaires, répondit calmement Jean-Claude, et je t’interdis d’aborder de nouveau ce sujet. Si tu le fais, je considérais ça comme un défi, et tu sais que tu n’es pas en état de te battre contre moi ?

Sabin esquissa une courbette maladroite. Difficile de se plier en deux quand on n’a pas de jambes.

- Tu es le maitre de la ville. Ta parole fait loi.

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"Richard avait le regard perdu dans le vide. Il semblait écouter quelque chose que je ne pouvais pas entendre. Sa main se convulsa autour de la mienne d'une façon presque douloureuse. Il baissa les yeux comme s'il venait juste de se rappeler que j'étais là.

Il me sourit.

- Tu sens ?

- Quoi ?

- La nuit."

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Anita avec Richard

Du bout de l'index, j'effleurai ses lèvres, descendis le long de son cou, traçai la ligne de sa clavicule et continuai à la suivre jusqu'à ce que mon doigt disparaisse dans l'échancrure boutonnée de sa chemise.

Puis je fis volte-face, revins vers le lit à grandes enjambées et saisis le pardessus en cuir. je le jetai sur mon épaule de façon qu'il pende dans mon dos comme un corps flasque, sans cacher grand-chose de ma tenue. enfin, j'ouvris la porte et m'immobilisai sur le seuil, laissant ma silhouette se découper dans l'encadrement.

- Tu viens, chéri ?

Je m'éloignai sans attendre sa réponse. L'expression de son visage me suffisait. On aurait dit que je venais de le frapper entre les deux yeux avec une masse.

Génial. Maintenant, il ne me restait plus qu'à essayer sur Jean-Claude, et nous pourrions nous mettre en route.

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CHAPITRE 14

Le nom du club, Mortelle Séduction, flamboyait en lettres de néon rouge hautes de près de trois mètres. Des cursives inclinées, comme tracées par la main d’un géant. La boîte de nuit occupait l’ancien entrepôt d’une distillerie, au bord du fleuve. Avant que Jean-Claude en fasse l’acquisition, le bâtiment était à l’abandon, portes et fenêtres bouchées par des planches clouées en travers, telle une verrue à la face d’une avenue bordée de restaurants chic, de clubs privés et de bars à la mode. Ce quartier est également appelé le District ou le Carré Sanglant, mais jamais à portée d’oreille des vampires civilisés. Pour une raison qui m’échappe, ce surnom les dérange.

La foule s’était déversée depuis le trottoir jusque sur la chaussée, si compacte que notre limousine fut obligée de s’arrêter. Je repérai un flic en uniforme qui forçait les gens à reculer pour laisser passer les voitures. À travers les vitres teintées, je scrutai les visages qui nous entouraient. L’assassin était-il là dehors ? Une de ces personnes bien habillées et souriantes était-elle venue uniquement pour me tuer ? J’ouvris mon sac de soirée et en sortis le Seecamps.

Jean-Claude le regarda fixement.

— Nerveuse, ma petite ?

— Oui, admis-je.

Il m’observa, la tête penchée sur le côté.

— Pourquoi un seul assassin humain te préoccupe-t-il davantage que toutes les créatures surnaturelles que tu as déjà affrontées ?

— Jusqu’ici, chaque fois qu’on a essayé de me tuer, c’était personnel. Je pouvais comprendre. Mais cette fois, c’est professionnel. Purement professionnel.

— En quoi est-ce plus effrayant ? Quelle que soit la motivation de ton agresseur, tu seras tout aussi morte.

— Merci beaucoup.

Il posa une main sur la mienne, celle dont les doigts étaient crispés sur le flingue.

— J’essaie de comprendre, ma petite. C’est tout.

— Je ne peux pas vous expliquer pourquoi ça me tracasse. C’est comme ça. J’aime mettre un visage sur mes ennemis. Si quelqu’un doit me tuer, ça ne devrait pas être que pour de l’argent.

— Donc, le meurtre rétribué offense ta sensibilité morale ? demanda-t-il sur un ton neutre – trop neutre, comme s’il se retenait d’éclater de rire.

— Bon sang, oui !

— Pourtant, tu es amie avec Edward.

— Je n’ai jamais dit que j’avais de la suite dans les idées, Jean-Claude.

— De toutes les personnes que j’aie jamais connues, tu es celle qui a le plus de suite dans les idées, ma petite.

— Ça doit être pour ça que je sors avec deux hommes, raillai-je.

— Crois-tu vraiment qu’être incapable de choisir entre nous fasse de toi quelqu’un de frivole ?

Il se pencha vers moi, et sa main remonta le long de la manche de mon boléro en lissant le tissu.

Le problème, c’est que j’avais presque choisi. Je faillis le lui dire, mais je me retins. D’abord parce que je n’étais pas sûre à cent pour cent. Ensuite, parce que Jean-Claude m’avait fait du chantage pour que je sorte avec lui. Si j’avais refusé, il aurait tué Richard. Il voulait une chance de me séduire. Et pour ça, il fallait que nous nous fréquentions. Comme il me l’avait dit une fois : « Si tu embrasses Richard, tu dois me laisser t’embrasser aussi. Autrement, ça ne serait pas juste. »

En théorie, si je choisissais Richard, Jean-Claude s’effacerait. C’est ce qu’il avait promis, et il était assez imbu de sa propre personne pour le penser. Le Maître de la Ville n’imaginait même pas qu’on puisse lui résister sur le long terme. Pas si on avait accès à son corps délicieux. Il n’arrêtait pas de me l’offrir, et je n’arrêtais pas de décliner. Si je lui préférais Richard, se retirerait-il vraiment de bonne grâce, ou déclencherait-il un bain de sang ?

Je plongeai mon regard dans ses yeux bleu marine et ne fus pas plus avancée. Je le connaissais depuis des années. Je sortais avec lui depuis des mois. Mais il restait un mystère pour moi. Je ne savais tout simplement pas comment il réagirait. Je n’étais pas prête à appuyer sur ce bouton, pas encore.

— À quoi penses-tu pour avoir une mine aussi sérieuse, ma petite ? Ne me dis pas que c’est à l’assassin : je ne te croirais pas.

Je ne voyais pas quoi répondre ; aussi me contentai-je de secouer la tête.

Sa main glissa autour de mes épaules jusqu’à ce que je me retrouve lovée dans le creux de son bras. La proximité de nos deux corps me donnait des palpitations. Il se pencha comme pour m’embrasser. Je posai ma main gauche sur sa poitrine pour l’en empêcher. Du coup, je touchais sa peau nue. Je n’étais pas sûre que ça m’aide beaucoup.

— Vous vous êtes conduit en parfait gentleman pendant tout le trajet. Pourquoi cesser maintenant ?

— J’essaie juste de te réconforter, ma petite.

— Ben voyons.

Il passa son autre bras autour de ma taille et fit pivoter mon torse vers lui. J’avais toujours le flingue à la main, mais je commençais à me sentir idiote. Je n’allais pas l’utiliser contre Jean-Claude, et l’assassin ne risquait pas d’arracher la portière pour se jeter sur nous. Une telle démonstration de violence dans une foule aussi dense, en présence des flics qui canalisaient la circulation, ça aurait été un peu trop risqué, même pour un professionnel.

Sans lâcher mon flingue, je glissai mon bras dans le dos de Jean-Claude.

— Si vous m’embrassez, il faudra que je me remette du rouge à lèvres.

Il inclina la tête vers moi et, sa bouche à un cheveu de la mienne, souffla :

— Je serai très prudent.

Il déposa un baiser sur ma joue et fit courir ses lèvres le long de ma mâchoire. Du canon de mon flingue, je le forçai à relever la tête. À présent, ses yeux étaient d’un bleu liquide.

— Pas de suçon dans le cou, dis-je sévèrement.

Je ne m’étais portée volontaire qu’une seule fois pour lui faire un don de sang, et c’était parce qu’il allait mourir si je ne faisais rien. Je ne partage pas mes fluides corporels avec le Maître de la Ville.

Jean-Claude frotta sa joue contre le Seecamps.

— Je pensais viser un peu plus bas.

De nouveau, il inclina la tête, et je sentis sa langue me caresser la clavicule. L’espace d’une seconde, je me demandai quel endroit il visait exactement, puis le repoussai avec un peu moins de conviction que je n’aurais voulu.

— Et puis quoi encore ? protestai-je avec un petit rire qui sonna faux, même à mes oreilles.

— Te sens-tu mieux à présent, ma petite ?

Je le toisai, incrédule, puis éclatai d’un rire sincère.

— Vous êtes un fils de pute pervers, vous savez ça ?

— On me l’a déjà dit, acquiesça-t-il en souriant.

Les flics avaient réussi à repousser la foule, et la limousine put de nouveau avancer.

— Vous n’avez fait ça que pour me remonter le moral, dis-je sur un ton presque accusateur.

Jean-Claude écarquilla les yeux.

— Tu m’en crois vraiment capable ?

Je le dévisageai, et mon sourire s’évanouit. Un instant, je n’avais pas vu en lui le plus bel objet de désir de la planète, mais juste Jean-Claude. Le Maître de la Ville se souciait de mes sentiments. Je secouai la tête. Ou bien il mollissait en vieillissant, ou bien je me faisais des illusions.

— Pourquoi cet air solennel, ma petite ?

— Oh, comme d’habitude j’essaie de deviner à quel point vous êtes sincère, répondis-je avec une désinvolture feinte.

Son sourire s’élargit.

— Je suis toujours sincère, ma petite, même quand je mens.

— C’est pour ça que vous êtes si doué pour embobiner les gens.

Il inclina la tête comme pour saluer ma clairvoyance et accepter le compliment.

— Tout à fait. (Puis il jeta un coup d’œil à la route.) Nous allons nous embarquer sur une mer de caméras et d’appareils photo, ma petite. Si tu pouvais ranger ton arme... Je ne voudrais pas que la presse en fasse ses choux gras.

— La presse ? Vous voulez parler des journaux du coin ?

— Entre autres.

— Vous ne pourriez pas être un peu plus précis ?

— Quand la portière s’ouvrira, prends mon bras et souris, s’il te plaît.

Je fronçai les sourcils.

— Que va-t-il se passer ?

— Tu vas être présentée au monde.

— Jean-Claude, que mijotez-vous ?

— Moi ? Rien du tout. Ce n’est pas moi qui ai convoqué ces journalistes. Je n’aime pas la lumière des projecteurs à ce point. Le conseil m’a choisi pour être son représentant auprès des médias.

— Je sais que vous avez dû révéler votre identité à la communauté vampirique locale après avoir remporté votre dernier défi, mais ça, ce n’est pas un peu dangereux ? Jusqu’ici, vous avez fait semblant d’être le bras droit d’un mystérieux maître vampire ; c’est ce qui a empêché que des maîtres extérieurs à Saint Louis viennent vous défier à leur tour.

— La plupart des maîtres s’expriment à travers un porte-parole. Ça leur évite d’être ennuyés par leurs congénères et par des assassins humains.

— Je sais tout ça. Alors, pourquoi vous montrer au grand public ce soir ?

— Le conseil pense qu’en restant tapis dans l’ombre, nous ne faisons que fournir des munitions à nos détracteurs. Il a donc ordonné à ceux d’entre nous qui présentent bien de... paraître dans la lumière.

Je le dévisageai.

— Sans mauvais jeu de mots... Vous pourriez être un peu plus clair ?

— Range cette arme, ma petite. Le portier va nous ouvrir, et il y aura des caméras.

Je le foudroyai du regard, mais glissai quand même le flingue dans mon sac.

— Dans quoi m’avez-vous entraînée, Jean-Claude ?

— Souris, ma petite. Ou au moins, tâche de ne pas trop faire la tête.

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CHAPITRE PREMIER

Le plus beau cadavre que j’aie jamais vu était assis derrière mon bureau.

La chemise blanche de Jean-Claude scintillait dans la lumière de la lampe, le bouillonnement de dentelle qui ornait son plastron dépassant par le col de sa veste en velours noir. Je me tenais derrière lui, dos au mur, les bras croisés sur le ventre, ce qui mettait ma main droite à une portée raisonnable de mon Browning Hi-Power dans son holster d’épaule. Je n’avais aucune intention de le braquer sur Jean-Claude. C’était l’autre vampire qui m’inquiétait.

Ma lampe de bureau était la seule source de lumière dans la pièce : le vampire avait demandé qu’on éteigne le plafonnier. Il s’appelait Sabin et il se tenait contre le mur d’en face, recroquevillé dans la pénombre. Avec la cape noire qui l’enveloppait de la tête aux pieds, il ressemblait à un personnage d’un vieux film de Vincent Price. Je n’avais jamais vu de vrai vampire s’habiller ainsi.

Le dernier membre de notre joyeux petit groupe était Dominic Dumare. Il avait pris place dans une des chaises réservées aux clients. Bien que très élancé, il n’avait rien de frêle. Une seule de ses grandes mains aurait suffi à me couvrir le visage. Il portait un costume trois pièces noir, semblable à celui d’un chauffeur à l’exception de l’épingle en diamant qui se détachait sur sa cravate. Une barbe et une fine moustache soulignaient l’ossature vigoureuse de sa figure.

Quand il avait pénétré dans mon bureau, je l’avais senti comme un vent psychique soufflant le long de ma colonne vertébrale. Jusque-là, je n’avais rencontré que deux autres personnes qui me fassent cet effet-là. La première avait été la plus puissante prêtresse vaudou que j’aie jamais connue. Le second était le deuxième plus puissant prêtre vaudou que j’aie jamais connu. La femme était morte. L’homme travaillait pour Réanimateurs Inc., comme moi. Mais Dominic Dumare n’était pas venu postuler pour un emploi.

— Mademoiselle Blake, asseyez-vous donc, m’enjoignit-il. Sabin trouve très impoli d’être assis en présence d’une dame debout.

Par-dessus son épaule, je jetai un coup d’œil au vampire.

— Je m’assiérai s’il s’assoit, répliquai-je.

Dumare regarda Jean-Claude avec un sourire aimable mais condescendant.

— Avez-vous donc si peu d’autorité sur votre servante humaine ?

Je n’eus pas besoin de voir la figure de Jean-Claude pour savoir qu’il souriait.

— Oh, vous devrez vous débrouiller seul avec ma petite, répondit-il sur un ton affable. Elle est ma servante humaine, déclarée comme telle devant le conseil, mais elle ne s’incline devant personne.

— Vous semblez en tirer une grande fierté, fit remarquer Sabin avec un accent anglais archidistingué.

— Anita est l’Exécutrice. Elle a plus de vampires à son tableau de chasse que n’importe quel autre humain. Et c’est une nécromancienne si puissante que vous avez dû traverser la moitié de la planète pour venir la consulter. Elle est ma servante humaine, sans qu’aucune marque la lie à moi. Elle sort avec moi, sans que j’aie eu besoin d’utiliser mon glamour vampirique pour l’y contraindre. Pourquoi cela me mécontenterait-il ?

À l’écouter parler ainsi, on aurait pu croire que l’idée venait de lui. La vérité, c’est qu’il avait essayé de me marquer, et que j’avais réussi à y échapper. Nous ne sortions ensemble que parce qu’il me faisait du chantage : ou bien j’acceptais, ou bien il tuait mon autre petit ami. Jean-Claude avait réussi à retourner la situation à son avantage. Pourquoi cela ne me surprenait-il pas ?

— Jusqu’à sa mort, vous ne pourrez pas marquer d’autre humain. Vous vous privez d’un grand pouvoir, observa Sabin.

— Je suis parfaitement conscient des implications de mes actes, affirma Jean-Claude sans se troubler.

Sabin éclata d’un rire amer.

— Nous faisons tous d’étranges choses par amour.

J’aurais donné cher pour voir la tête de Jean-Claude à cet instant. Mais je ne voyais que ses longs cheveux noirs qui cascadaient sur le dos de sa veste, leur couleur était identique à celle du velours.

Ses épaules se raidirent ; ses mains glissèrent sur le buvard de mon bureau. Puis il se figea, saisi par cette horrible immobilité dont seuls les vieux vampires sont capables, cette immobilité qui donne l’impression qu’ils vont finir par disparaître si elle dure trop longtemps.

— Est-ce ce qui vous amène ici, Sabin ? interrogea-t-il sur un ton neutre. L’amour ?

Le rire de Sabin crissa dans l’air comme du verre brisé. Rien que de l’entendre, ça me faisait mal à l’intérieur. Je n’aimais pas ça du tout.

— Assez joué, lançai-je brusquement. Venons-en au fait.

— Est-elle toujours aussi impatiente ? s’enquit Dumare.

— Toujours, acquiesça Jean-Claude.

Dumare eut un sourire aussi vide et éblouissant qu’une ampoule allumée.

— Jean-Claude vous a-t-il dit pourquoi nous souhaitions vous voir, mademoiselle Blake ?

— Il m’a dit que Sabin avait contracté une sorte de maladie en essayant de se sevrer à froid.

Le vampire s’esclaffa de nouveau, projetant son rire à travers la pièce comme une arme.

— À froid. Très drôle, mademoiselle Blake.

Son rire me lacérait comme un millier de lames minuscules. Je n’avais jamais ressenti une chose pareille à cause d’une simple voix. Durant un combat, ça m’aurait distraite dangereusement. Ça me perturbait déjà bien assez dans les circonstances présentes.

Je sentis quelque chose couler sur mon front. J’y portai ma main gauche, et retirai mes doigts barbouillés de sang. Je dégainai mon Browning et, m’écartant du mur, le braquai sur la silhouette noire à l’autre bout de la pièce.

— S’il recommence, je tire.

Jean-Claude se leva lentement. Son pouvoir déferla sur moi comme un vent froid, hérissant les poils de mes bras. Il leva une main d’une pâleur presque translucide. Du sang dégoulinait le long de sa peau scintillante.

Dumare resta assis, mais lui aussi saignait d’une coupure presque identique à la mienne. Il l’essuya sans se départir de son sourire.

— Le pistolet ne sera pas nécessaire, déclara-t-il.

— Vous avez abusé de mon hospitalité, dit Jean-Claude.

Sa voix emplit la pièce d’un écho sifflant.

— Je n’ai pas d’excuse à vous fournir, sinon que ce n’était pas intentionnel. Je dois mobiliser une si grande partie de mon pouvoir pour me stabiliser, que je ne possède plus autant de contrôle qu’autrefois, expliqua Sabin.

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