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Un souffle.
Mon souffle.
Une lente expiration qui passe par les deux narines. Je l'entends distinctement dans mes tympans, comme si j'étais sous l'eau. Comme si j'enchaînais les longueurs, à la piscine découverte. Soudain, plus rien n'existe que le corps, sa fluidité, l'enchaînement des mouvements, leur rythmique – et le souffle partout. Avoir assez de souffle. De temps à autre, je remonte à la surface. Brièvement. Trois secondes. Pour inspirer de l'air. Je chope des instantanés de surfaces. Des photos de ce qui se passe autour de moi.
Le barman s'est arrêté d'essuyer les verres, la serviette encore dans la main.
Micheline, les lèvres serrées, les yeux sur la scène.
Burnz, à côté d'elle, qui se mordille le pouce. La fille, derrière lui, qui essuie furtivement une larme.
Et le silence, bon Dieu.
Le même silence que sous l'eau javellisée, les bruits assourdis, plus rien n'existe, plus rien n'existe.
Afficher en entierLe silence, bon Dieu.
Il n'y a jamais de silence, ici.
Même quand le bar est fermé, les murs vibrent encore des cris, des mots, des applaudissements, des interjections. Et là, il n'y a plus rien, à part les voitures qui glissent sans bruit de l'autre côté des vitres – les phares qui éclairent le rez-de-chaussée des immeubles.
Je suis suspendu dans le moment. Qu'est-ce qu'ils ont tous à me fixer, comme ça ? Je sais que ma voix s'est éraillée, je sais que j'ai failli me laisser emporter, mais j'ai tenu bon, j'ai tenu bon.
Simplement j'ai hurlé le CRAC. Je l'ai entendu résonner dans le bar. Je passe mes mains sur mon visage – c'est seulement à ce moment-là que je remarque qu'il est humide. Putain. Je viens de chialer en public. La honte. Je savais bien que je ne devais pas venir.
Afficher en entier"-Thibaud je ne comprends pas ce que tu me trouves.
-Moi non plus. C'est ça qui est cool. Ah... au fait si tu te posais des questions je ne suis pas gay. Enfin en même temps, je ne sais pas exactement puisque je n'ai jamais essayé. Disons que je n'ai pas l'impression que.
-Je ne me posai pas de question.
-Menteur. Et là je suis sûr que tu es déçu.
-Déçu que tu ne sois pas amoureux de moi ? Tu te fais beaucoup trop de fleurs."
Afficher en entierUn raclement de gorge.
Je reviens à la salle. Je n'ai toujours pas écrit une ligne.
J'aperçois F. X. qui mâchouille son crayon de papier,
Florent qui dessine sur une feuille blanche depuis le début de l'épreuve, et Gladys qui bâille sans grâce.
Évidemment, je ne suis pas le seul à être bloqué.
Mais je suis sans doute le seul à être bloqué à cause du trop-plein.
Afficher en entier"Je m’aperçois aussi que je n'ai pas perdu la main, malgré toutes ces années. Je sais encore lancer des vannes sans méchanceté et sourire quand il le faut. On aimait bien ça chez moi, avant.
Derrière mon dos, j'entends des "Eh ben, je ne croyais pas qu'il était comme ça, lui !" et des :"Ah ben merde alors !" Je laisse les mots couler sur moi. J'ai décidé qu'ils me faisaient du bien.
Après, on verra.
On verra bien.
C'est sûr, il y a un moment où ça va se gâter, mais pour une fois, je ne veux pas y penser.
Et ça, oui, c'est nouveau."
Afficher en entierC'est l'histoire.
C'est mon histoire.
Et c'est à Thibaud que je veux la raconter.
Afficher en entierSimplement j'ai hurlé le CRAC. Je l'ai entendu résonner dans le bar. Je passe mes mains sur mon visage-c'est seulement à ce moment-là que je remarque qu'il est humide.
Afficher en entier"Ce que je veux, c'est faire partie d'un tout - mais sans qu'on s'adresse à moi de façon personnelle.
Je sais, c'est impossible."
Afficher en entier"Je serais plutôt du genre solitaire.
Ma mère, ça l'inquiète.
Je sais bien faire ça - inquiéter mes parents. C'est comme un don".
Afficher en entier"Je suis le papier peint de la pièce ,invisible,rasant les murs."
Clémence
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