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Maintenant, Melanie a dix ans, et un teint de princesse de conte de fées : une blancheur de neige. Donc elle sait que quand elle sera grande, une beauté, les princes se bousculeront pour escalader son donjon et pour la sauver.
Afficher en entierMélanie se dit : quand les rêves se réalisent, la réalité a bougé. On n'est déjà plus la personne qui les faisait, alors ça donne plutôt l'impression d'un écho bizarre : celui de quelque chose de lointain, d'arrivé avant.
Afficher en entierLes gens avaient peur, ils ont paniqué. beaucoup de ceux qui auraient dû prendre les décisions importantes étaient eux-mêmes contaminés, et les autres se sont enfuis pour se cacher. Ceux qui restaient ont agi un peu n’importe comment. Mais je ne suis pas sûre qu’ils auraient pu faire quoi que ce soit de mieux. Toutes les horreurs dont ils avaient peur étaient déjà plus ou moins arrivées.
Afficher en entierLe plaisir est pour les hommes, la faute pour les femmes !
Afficher en entierPersonne ne sait vraiment, parce que, quand on est mort, on ne peut pas revenir pour en parler.
Afficher en entierTous les homme sont des marins, réponds Parks. Toutes les femmes, des océans.
(page233)
Afficher en entierC’est Mlle Justineau qui accroche les photos. Elle les découpe dans la pile de vieilles revues posées dans la classe, elle fixe chaque coin avec un truc bleu qui colle. Elle thésaurise ce truc bleu comme l’avare d’un conte. Chaque fois qu’elle enlève une image ou qu’elle en affiche une nouvelle, elle racle le moindre petit bout de bleu restant au mur pour le rajouter à la boulette qu’elle range dans le tiroir de son bureau. Quand il n’y en a plus, il n’y en a plus, encore une de ses phrases préférées.
Afficher en entierD’ici là, elle a cette cellule, le long couloir, la salle de classe et celle des douches.
La cellule est petite, carrée. Il y a un lit, une chaise, une table, des images accrochées aux murs peints en gris : une grande photo de la jungle amazonienne et puis une, plus petite, d’un chat buvant du lait à sa soucoupe. Des fois, Sergent et son équipe déplacent les enfants. Certaines cellules montrent d’autres images. Melanie a longtemps eu droit à un cheval dans un pré et une montagne au sommet couvert de neige – elle préférait.
Afficher en entierMelanie aussi a été nouvelle un jour, mais elle a du mal à s’en souvenir, parce que ça remonte à longtemps. À une époque d’avant les mots, où il n’y avait que des choses sans nom, et les choses sans nom ne vous restent pas dans la tête. Elles en tombent, et après, plus rien.
Maintenant, Melanie a dix ans, et un teint de princesse de conte de fées : une blancheur de neige. Donc elle sait que quand elle sera grande, une beauté, les princes se bousculeront pour escalader son donjon et pour la sauver.
En supposant qu’elle ait un donjon, bien sûr.
Afficher en entierIl n’y a eu aucun nouveau ni aucune nouvelle depuis un moment, Melanie ne sait pas pourquoi. Avant, il en arrivait plein, toutes les unes ou deux semaines. On entendait des voix dans la nuit, des ordres à voix basse, des plaintes, des fois un juron et un claquement de porte de cellule. Et ensuite, au bout d’un moment, un mois ou deux en général, une nouvelle tête était là dans la classe, un enfant qui n’avait même pas encore appris à parler. Enfin, bon, ça rentrait vite.
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