Extraits

« Non, je ne supportais pas cette idée, malgré mon amour pour

Mona, malgré la manière dont mon cœur soupirait après elle, malgré mes craintes que tous ses mails, toutes ses lettres, tous ses fax m’assurant de son « état stable » fussent mensongers. »

C'est précisément pour cela que je vous le raconte, répondit Lestat. Pour que vous fermiez le dossier Merrick Mayfair en sachant ce qu'il est advenu d'elle. Pour que son histoire ne s'achève pas dans le silence et la perplexité, que vous ne la pleuriez pas éternellement en vous demandant où elle est et ce qu'elle devient.

« Les arts et la guerre, Quinn, on en revient toujours là, me dit-elle un jour où nous étions assis en tailleur par terre, ici même. Cela peut paraître choquant, mais la plupart des grands hommes étaient fous. »

« « Vous aimez donc les livres », disait tante Reine.

Il me fallait mobiliser mon attention.

« Oh oui, répondait Lestat. Par moments, eux seuls me gardent en vie.

- Comment peut-on dire une chose pareil à votre âge ?

Elle se remit à rire.

« Le désespoir frappe à n’importe quel âge, vous ne croyez pas ? La jeunesse est toujours désespérée. Or les livres offrent un espoir : un univers entier se déploie sous leur couverture ; celui qui y tombe est sauvé. »

Une fois ma lettre terminée, je restai un long moment immobile.

Assis près des fenêtres ouvertes à la brise nocturne, l’oreille tendue aux bruits du marais, les yeux fixés sur les feuilles posées devant moi, je remarquai malgré moi la régularité lassante de mon écriture dans la clarté tamisée des lampes réfléchie par le dallage de marbre.

Tout allait bien dans mon petit palazzo des marécages.

Le Christ était-il en moi ? Bien sûr. Pourquoi le miracle de la métamorphose vampirique eût-il annulé celui de la communion ? Me rendais-je coupable de sacrilège ? Sans doute. Mais que peut faire un meurtrier ? Je voulais que Dieu vînt en moi. Mon acte de contrition, ma renonciation au péché étaient en cet instant absolus. Agenouillé, les yeux clos, j'eus les pensées les plus étranges.

Le monde démentiel où j'étais perdu se révélait de ce fait capable de sécréter son propre tissu conjonctif.

Et puis il y a plus dangereux encore. Un chasseur de sang d'une force inouïe qui se fait appeler Lestat le vampire règne sur la Nouvelles-Orléans. C'est une créature impitoyable, iconoclaste, égoïste [ ... ]

Notre vision change donc à ce point, murmurais-je. La moindre chose nous semble brûler par toutes ses molécules d'un feu maîtrisé.

Il m'était difficile de soulever le linceul qui pesait sur Pompéi afin de l'imaginer emplie de vie.