Extraits

"S'il y a une vérité que j'ai apprise pendant toutes ces années de batailles, Nihal, c'est que le bien et le mal ne sont jamais que d'un seul côté."

Sennar se dirigea vers l'écurie. Il longea l'allée centrale en la cherchant des yeux. Et puis, il la vit.

Penchée sur son dragon, elle était en train de lui donner à manger. Le magicien s'arrêta pour la regarder, ému. Il lui sembla que pendant leur séparation elle était devenue encore plus belle. Il s'approcha:

- Nihal ?

La jeune fille tourna la tête et chassa une mèche de cheveux de son front. Elle ne se leva même pas :

- Salut, Sennar ! Qu'est ce que tu viens faire dans cette partie du monde ?

- Quel accueil !...murmura Sennar, déçu.

Il avait imaginé qu'elle se jetterait à son cou et qu'elle lui dirait comme elle était contente de le voir. Mais Nihal n'était plus habituée à de telles démonstrations d'affection. Elle continua à nourrir le dragon, qui scrutait le magicien avec méfiance de ses grands yeux écarlates.

Cela ne dura qu'un instant. Un battement de cils : un des deux fammins transperça Livon de part en part.

Nihal vit son père s'éffondrer sur le sol comme un sac vide.

Elle vit son sang se répandre sur le pavé de la boutique.

Elle vit le démon arracher son épée du corps sans vie.

Elle ne ressentit rien. Elle regarda simplement la scène, les yeux écarquillés et les membre paralysés.

Puis vient le désespoire, et juste après une colère animale, qu'elle n'avait jamais éprouvée auparavant. Elle se jeta avec un hurelement inhumain sur l'assassin de son père, et un seul coup lui suffit pour lui trancher la tête.

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La pierre courait d'avant en arrière le long de la lame, faisant jaillir des étincelles. Il aimait aiguiser lui même son épée, et il était entièrement absorbé dans sa tâche. Pourtant, bien que le bruit couvrit tout autre son, Ido sentit que quelqu'un était arrivé. Il leva les yeux.

Une silhouette menue, habillée de noir, se tenait immobile, sur le seuil de la cabane. Le coeur du gnome bondit dans sa poitrine. Il était content, mais, il ne voulait surtout pas le montrer. Il retourna à son travail.

- Alors ? dit- il calmement.

- J'ai vécu, comme tu me l'avais demandé.

- Et tu as compris pourquoi tu combats ?

- Je n'en suis pas sûre... Maintenant je sais ce que c'est la vie, je sais ce qu'est la paix et je sens que je dois combattre, que c'est la seule chose que je peux faire. Ce n'est pas la vengeance qui me pousse, c'est quelque chose d'autre que je ne comprends pas encore très bien... Peut être que je n'ai pas les idées assez claires pour reprendre l'entraînement. Si tu ne m'acceptes pas...

- Ca suffit ! l'interrompit Ido.

-Nous passerons à l'action cette nuit, Sennar, c'est le moment d'y aller.

Le jeune magicien, qui avait toujours rêvé du moment où il réaliserait des actes héroïques pour libérer le Monde Emergé du joug du Tyran, se découvrait soudain plus peureux qu'il ne l'avaient imaginé. Il hésita quelques instants; puis, s'efforçant de se donner du courage, il monta en selle et se prépara à partir.

-Sennar !

Nihal était debout à quelques pas de lui. Pour la première fois depuis des jours, elle sourit:

-Bonne chance ! Et reviens en un seul morceau.... Sennnar lui répondit par un clin d'oeil.

-Ca va être une vraie balade, lança-t-il avant de s'éloigner.

(Chapitre 10: En fuite , p 153-154)

La Terre du Vent est caractérisée par l’architecture particulière de ses cités, construites comme d’immenses tours, hautement organisées et pour la plupart autosuffisantes.

Chaque secteur des agglomérations urbaines est dédié à une activité précise. Le noyau de chaque tour est constitué d’une vaste zone centrale ouverte et cultivée. La tour-cité de Salazar est le dernier avant-poste de la Terre du Vent avant la Forêt, l’imposant bois qui marque la frontière avec la Terre des Roches

Spoiler(cliquez pour révéler)"La pierre courait d'avant en arrière le long de la lame, faisant jaillir des étincelles. Il aimait aiguiser lui-même son épée, et il était entièrement absorbé dans sa tâche. Pourtant, bien que le bruit couvrît tout autre son, Ido sentit que quelqu'un était arrivé. Il leva les yeux.

Une silhouette menue, habillée de noir, se tenait immobile sur le seuil de la cabane. Le cœur du gnome bondit dans sa poitrine. Il était content mais il ne voulait surtout pas le montrer. Il retourna à son travail.

-Alors? dit-il calmement.

-J'ai vécu, comme tu me l'avais demandé.

-Et tu as compris pourquoi tu combats ?

-Je n'en suis pas sûre... Maintenant, je sais ce que c'est que la vie, je sais ce qu'est la paix, et je sens que je dois combattre, que c'est la seule chose que je peux faire. Ce n'est pas la vengeance qui me pousse, c'est quelque chose d'autre, que je ne comprend pas encore très bien... Peut être que je n'ai pas les idées assez claires pour reprendre l'entrainement. Si tu ne m'accepte pas...

-ça suffit! l'interrompit Ido.

Nihal resta sur le pas de la porte, tête baissée. Elle avait peur. Il lui semblait que toute sa vie se jouait pendant ces quelques secondes.

-Oarf t'attend. Nous reprendrons demain.

Folle de joie, la jeune fille embrassa son maître. Elle était revenue !"

Toute petite déjà, Nihal fréquentait la bande des garçons avec qui elle arpentait Salazar en fomentant d’innombrables sales coups. Et si, au début, elle avait été accueillie avec une certaine méfiance, parce qu’elle tait une fille et parce qu’elle avait un aspect pour le moins étrange, il ne lui avait pas fallu longtemps pour se faire accepter. Quelques duels avaient suffi pour démontrer que pour l’exubérance, bien qu’elle appartînt au sexe féminin, elle n’avait rien à envier aux autres membres du clan.

Dès lors qu’elle fut admise, sa cote ne cessa d’augmenter. Les garçons l’admiraient ; et lorsqu’elle battit Barod, le chef, en combat singulier à l’épée, ils se mirent carrément à l’idolâtrer et l’élirent chef de la bande.

Chapitre 10

Nihal passa les quatre jours suivants dans un silence complet. Elle resta allongée, sa douleur au côté gauche pour toute compagne, à regarder par la fenêtre sans dire un mot. Elle avait besoin de réfléchir. Il lui semblait avoir été jetée à l'improviste dans l'existance de quelqu'un d'autre. Jusque-là, sa vie consistait à se réveiller le matin en entendant Livon battre l'acier, le dos penché sur son travail, aprrendre la magie auprès de Soana, discuter avec Sennar, et ....

- Tu n'as aucune raison de rester ici. Tu ne sais pas pour quoi tu combats. La seule chose que tu saches, c'est que tu veux mourir.

- Non ! Je ne suis pas comme ça ! hurla Nihal.

- Oh si! Tu as peur de vivre ! Chaque fois que tu te rends sur le champ de bataille, tu espères inconsciemment recevoir un coup d'épée qui te délivrera de la responsabilité d'affronter ta vie. Qu'est-ce que tu crois, qu'il faut du courage pour mourir? Mourir, c'est facile. C'est vivre qui demande du courage. Tu es lâche, Nihal.