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Puis la grande Anaïs (qui réussira sans doute à franchir les portes de l’École de Fontenay-aux-Roses, grâce à une prodigieuse mémoire lui tenant lieu d’intelligence véritable), froide, vicieuse, et si impossible à émouvoir que jamais elle ne rougit, l’heureuse créature ! Elle possède une véritable science du comique et m’a souvent rendue malade de rire. Des cheveux ni bruns ni blonds, la peau jaune, pas de couleur aux joues, de minces yeux noirs, et longue comme une rame à pois. En somme, quelqu’un de pas banal ; menteuse, filouteuse, flagorneuse, traîtresse, elle saura se tirer d’affaire dans la vie, la grande Anaïs.
Afficher en entier[...] on ne peut pas contenter tout le monde et soi-même. J'aime mieux me contenter d'abord...
Afficher en entierCes petites grands filles m'agacent, ça a peur de se déchirer aux ronces, ça a peur des petites bêtes, des chenilles velues et des araignées de bruyères, si jolies, rondes et roses comme des perles, ça crie, c'est fatigué - insupportables enfin.
Afficher en entierQuelquefois des pluies d'orage vous surprennent dans ces grands bois-là ; on se blottit sous un chêne plus épais que les autres, et, sans rien dire, on écoute la pluie crépiter là-haut comme sur un toit, bien à l'abri, pour ne sortir de ces profondeurs que tout éblouie et dépaysée, mal à l'aise au grand jour.
Afficher en entierLa couronne maintenant : Ah ! Qu'elle me va bien ! Une petite Ophélie toute jeunette, avec des yeux cernés si drôlement !... Oui, on me disait, quand j'étais petite, que j'avais des yeux de grande personne ; plus tard, c'étaient des yeux "pas convenables" ; on ne peut pas contenter tout le monde et soi-même. J'aime mieux me contenter d'abord...
Afficher en entier...Quant à mademoiselle Sergent, elle s'occupe de tout, mais plus que de tout, de la petite aux beaux yeux qui la fait "tourner en chieuvre". Elle a fleuri, cette Aimée, d'une façon surprenante ! Son teint merveilleux, sa peau de velours et ses yeux, "qu'on y frapperait des effigies" ! Comme dit Anaïs, en font une petite créature maligne et triomphante. Elle est tellement plus jolie que l'année dernière ! On ne prêterait plus attention maintenant au léger écrasement de sa figure, au petit cran de sa lèvre à gauche, quand elle sourit ; et quand même, elle a de si blanches dents pointues ! Sa rousse amoureuse défaut rien qu'à la regarder et ne résiste plus guère devant nous aux furieuses envies qui la saisissent d'embrasser sa mignonne toutes les trois minutes...
Afficher en entierEn classe, la petite Luce se serre contre moi, me lance des regards affectueux et me prend les mains, mais ses caresses m'agacent : j'aime seulement la battre, la tourmenter, et la protéger quand les autres l'embêtent.
Afficher en entierPendant qu'il le feuillette, assez vite, Mlle Sergent foudroie à voix basse la première division (des gamines de douze et quatorze ans qui commencent déjà à se serrer la taille et à porter des chignons) car la première division a profité de l'inattention directoriale pour se livrer à un sabbat de tous les diables ; on entend des tapes de règles sur des mains, des gloussements de gamines qu'on pince ; elles vont se faire orner d'une retenue générale, sûr !
Afficher en entierIl est assis sur la table, une jambe pendante, et me tutoie, pour ne pas en perdre l'habitude :
– Alors, tu es paresseuse ?
– Dame, c'est mon seul plaisir sur la terre.
Afficher en entierJ'inspecte mes ongles et je mets mes cheveux en évidence, car le visiteur regarde surtout de notre côté ; dame ! on est de grandes filles de quinze ans, et si ma figure est plus jeune que mon âge, ma taille a bien dix-huit ans. Et mes cheveux aussi valent d'être montrés, puisqu'ils me font une toison remuante de boucles dont la couleur change selon le temps entre le châtain obscur et l'or foncé, et qui contraste avec mes yeux brun-café, pas vilainement ; tout bouclés qu'ils sont, ils me descendent presque aux reins ; je n'ai jamais porté de nattes ni de chignon, les chignons me donnent la migraine et les nattes n'encadrent pas assez ma figure ; quand nous jouons aux barres, je ramasse le tas de mes cheveux, qui feraient de moi une proie trop facile, et je la noue en queue de cheval. Et puis, enfin, est-ce que ce n'est pas plus joli comme ça ?
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