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Pendant que mon squatteur petit-déjeune en me décochant des œillades lubriques qui m'assèchent la gorge, j'expédie un SMS à Zara sous la table. Elle habite à deux minutes de chez moi et détient un double de ma clé : je n'aurai pas à aller lui ouvrir la porte.
[Code alerte facehugger. Le pot de colle ne veut plus quitter la trousse. Je répète : le pot de colle ne veut plus quitter la trousse.]
Pas de réponse. Je guette l'écran en me rongeant l'ongle de l index, tendue comme un microstring sur un sumo. Elle devrait être réveillée à cette heure-là ! Mais qu'est-ce qu'elle fabrique ? Je relève la tête avec brusquerie en entendant le raclement sinistre d'un paquet de céréales sur le plan de travail.
Et là, c'est le drame.
La panique me gagne tandis que la situation se dégrade à vitesse grand V. Tout sourire, l'inconnu s'empare d'un bol Mulan qu'il remplit de lait, avant d'y déverser mon carburant quotidien, mes précieux Chocapic, ceux que je déguste chaque matin depuis près de deux décennies. Oh non, tout sauf ça ! Ploc. Ploc. Ploc. Un désespoir sans fin m'envahit, pétale chocolaté après pétale chocolaté qui atterrissent dans le liquide immaculé les uns après les autres, comme une scène tragique au ralenti...
- Tu... tu mets le lait... avant les... céréales ? je gargouille, en aberration devant son effroyable méthode.
- Mais oui, comme toute personne sensée le ferait, s'esclaffe-t-il avec insouciance, piétinant toutes mes valeurs ancestrales avec un mépris sidérant.
Je suis outrée ! Comment ose-t-il ? C'est lui qui n'est pas sensé ! Verser le lait avant les céréales est un crime ! Un acte contre-nature ! Une preuve de folie ! Si Elyas était là, il en aurait une crise cardiaque. Mon cœur à moi saigne à cette vue. J'hyperventile, impuissante, les mains contractées sur le bord de la table. Une larme invisible coule pour chaque céréale sacrifiée sur l'autel de la connerie humaine. Mes malheureux petits Chocapic se noient dans cet océan de lait impitoyable et se gonflent de douleur alors qu'ils auraient dû être délicatement arrosés par une tendre cascade. Je capte presque leurs terribles cris d'agonie d'ici. J'imagine leurs minuscules bras en chocolat brandis vers moi, me suppliant « Leelooooooo comment as-tu pu nous laisser mour... blurb ! »
Afficher en entierUn hurlement effroyable déchire les airs.
— Merde, c’est Stan ! je m’exclame.
Elyas et moi nous précipitons vers l’origine du bruit, derrière un bosquet d’arbres. Rongée par l’angoisse, je me fais mille films d’horreur en courant comme une dératée derrière mon ami. J’imagine mon grand frère plié en deux, couvert de sang, parce qu’il a été poignardé par les vieux bikers que j’ai provoqués sur la route tout à l’heure. Ou en train de se bagarrer avec un mari jaloux parce qu’il a dragué sa femme. Ou aux prises avec un puma.
Mais en aucun cas, je n’imaginais Stan…
… attaqué par un écureuil.
Je m’immobilise à côté d’Elyas, aussi estomaqué que moi par cette vision hallucinante. Mon frère gigote dans tous les sens en poussant des cris d’orfraie, un écureuil brun pendu à ses coucougnettes. La coriace bestiole s’accroche à son entrejambe avec ses dents et ses griffes malgré le fait qu’il tente de la tirer par la queue. Alice, paniquée, agite les mains en se dandinant d’un pied sur l’autre près de lui, sans savoir comment réagir dans cette situation inédite.
— Enlève-moi ça ! Enlève-moi ça ! brame-t-il en se tortillant, les traits crispés de douleur.
— Ne lui fais pas de mal, Stan ! supplie-t-elle, une main tendue vers lui. C’est une âme innocente !
— Ton âme innocente est en train de me bouffer les couilles, Alice !
— Il a dû les prendre pour des noisettes. Je t’avais conseillé de ne pas trop l’approcher, c’est ta faute aussi !
Afficher en entierLee est un peu comme… un avion dans lequel je flippe d’embarquer, parce que le crash est inexorable. Je ne vois pas comment un appareil si instable pourrait voler.
Afficher en entierTu es la grande planète à la surface glaciale et au cœur de feu autour de laquelle je gravite comme un satellite détraqué depuis quatorze ans. Tu es le monde aux couleurs changeantes qui accomplit son cycle elliptique sans jamais dévier de sa trajectoire, si bien que parfois je te perds de vue. Mais on se revoit toujours à un moment ou à un autre, puisque je suis ton satellite, aimanté par ton attraction Mercury et tout ce que tu recèles sous ta couche gelée, jusqu’à ce que j’implose. Il ne tient qu’à toi de façonner ta réalité pour que nos deux astres fusionnent.
Afficher en entierLa vision d'Elyas qui cale le cube de glace entre ses lèvres en me couvant d'un regard bestial me foudroie.
Il se penche en avant vers mon bas-ventre.
Il ne va pas faire ça ?
D'un coup d'épaule, il m'écarte les cuisses.
Si, il va le faire !
Afficher en entierSes doigts huileux se positionnent de part et d’autre de ma nuque, avec une prudence qui me chambarde. Mon cœur cavale dans ma poitrine, ma respiration s’accélère. Il malaxe la rondeur de mes épaules comme pour temporiser, puis ses paumes dévalent la pente de mon dos, le long de ma colonne vertébrale, avec une lenteur nettement plus… lascive… qui fait grésiller mes nerfs. Oui, quelque chose a changé dans ses gestes. Ils sont différents. Plus charnels et moins techniques. Ce n’est plus le kiné qui me masse : j’ai l’impression délectable d’être entre les mains d’un amant… Elles descendent vers mes flancs, à la frontière de mes seins écrasés contre le matelas. En frôlant mes courbes, elles me provoquent un frémissement sensuel dans tout le corps et contractent mon bas-ventre. Je reste immobile, offerte à son expertise manuelle, ainsi qu’à la tension érotique qui gorge l’atmosphère feutrée de la chambre. Cependant, je ne perds pas une miette de l’afflux fébrile de sensations brûlantes qui m’envahissent. Je les accueille avec une joie que je me garde d’extérioriser, pour ne pas risquer un énième rejet.
Afficher en entier- Je ressens un million de sentiments envers toi, Mercury, mais la pitié n'en a jamais fait partie, et ce n'est pas près de changer, j'affirme dans un murmure
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