Commentaire de claclouche

Emma est le second roman de Jane Austen que j’ai lu – et je m’en souviens comme si c’était hier. De tous ceux que proposais ma librairie, j’avais pris le plus épais. Parce que j’avais tellement aimé Orgueil et Préjugés que je ne me voyais pas être déçue par l’auteure.

Et en soi, c’était vrai. Mais je suppose que, comme Persuasion, ma vision d’Emma a changé en grandissant. Et pourtant, j’aime toujours autant ce roman.

Emma s’ennuie dans son petit village, surtout depuis que sa gouvernante s’est mariée – mariage dont elle s’attribue le mérite. Forte de ce succès, elle décide de s’occuper en formant quelques couples autour d’elle – d’autant plus qu’elle ne trouve aucun célibataire avec lequel elle-même pourrait songer à s’unir. Et sans réfléchir aux cœurs qu’elle risque de briser au passage.

J’ai beaucoup apprécié l’histoire, et la manière dont Jane Austen dénonce ces jeunes femmes désabusée et qui, pour tromper leur ennui, décident de se mêler de la vie des autres. Elle en montre – avec humour et une fin heureuse – les conséquences : qu’on peu facilement se tromper en essayant de former les autres à l’image qu’on a d’eux et surtout, qu’à trop regarder ailleurs, on perd souvent de vue ce qui se passe sous notre nez.

Alors que, plus jeune, j’adorais le personnages d’Emma, je l’ai enfin vue comme une enfant gâtée à qui l’on cède tout. Elle n’a pas un mauvais fond, bien au contraire, et elle est très attachante, mais sa manière d’intriguer et de mener la vie de ses voisins comme elle l’entend est assez dérangeante. Mr Knightley est le seul à ne pas (vraiment) lui céder, et sa présence plus stricte permet à Emma de se rendre compte de ses erreurs, de faire de meilleurs choix, et donne un aspect moral au roman. Son personnage est intéressant, bien que comme la plupart des personnages masculins d’Austen, on en sache en réalité peu sur lui.

Les personnages secondaires sont moins marquants que dans d’autres œuvres de l’auteure, mais ils représentent bien la faune d’un petit village de campagne qui s’émeut d’un rien et admire la Ville.

Un bon roman, plein de bon sens et qui se lit facilement !