Extraits

« J’espère montrer quel genre de reine je veux devenir. Pour notre peuple, mais surtout pour lui. Je suis enfin prête à être celle que je suis, pas celle que l’on attend que je sois, ou encore celle qui lutte contre ma véritable nature. »

Chapitre 2 :

«… Je me lève et pose mes mains sur celles de Caël. Le Nefilim ne m’accorde pas un regard.

— Il n’y a jamais eu d’étreintes, ni de sexe entre nous, avoué-je avec soulagement. Jamais. Rien. Je me suis masturbé toute seule dans les toilettes en pensant à toi, puis j’ai touché Ayperos juste avant l’orgasme. C’est tout, ne le tue pas.

— Pourquoi ? articule Caël entre ses dents. Parce que tu l’aimes ?

— Non, parce que c’est ton frère, et qu’en agissant ainsi, il a voulu te protéger. À sa manière, il a voulu te protéger de ta propre folie !

Caël se tourne vivement vers moi. Heureusement, il desserre ses doigts et je vois le visage d’Ayperos reprendre des couleurs. … »

Chapitre 1 :

«… Dans les yeux de mon interlocuteur, je vois ma transformation. Mes deux ailes blanches s’allongent dans mon dos tandis que mes yeux prennent une teinte parme limite fluorescente. Les cinq démons devant moi sont bouche bée. J’agite mes ailes, j’ai toujours du mal à bien les positionner. Ayperos, aux ailes reptiliennes, n’a jamais été capable de m’expliquer comment m’en servir. Pour lui, seul un ange pourrait me l’enseigner, et je préfère rester loin de ces fanatiques.

— Je comprends mieux, chuchote Alarios, pourquoi vous rendez Caël fou.

J’ai à peine le temps de réagir que le démon s’exclame :

— Magnifique, si nous allions dîner et profiter des nuits new-yorkaises ? .…»

- Une commande pour le bureau du maître, annonce-telle.

Caël reçoit une délégation et j’ignore si cette étrange soirée ou simplement que j’arrive à bout de ma patience, ou encore le compte à rebours pour la nouvelle année, je déclare à la serveuse :

- Reprends ton poste, je m’en occupe.

Elle m’obéit immédiatement tandis que je prépare la commande. Juste avant de m’engager dans l’escalier qui mène au bureau du Nefilim, je m’éclipse dans un couloir. Je regarde à droite puis à gauche, pose le plateau au sol j’enlève ma culotte le plus rapidement possible et la glisse dans ma poche. Franchement, c’est stupide , mais je ne suis plus comment faire pour que Caël me contemple comme avant. Je le désire tellement que j’en souffre, je veux combler ce vide entre nous à tout prix et je suis persuadée que seul le sexe peut réparer notre relation bancale. Elle a commencé avec la passion et je suis convaincue que c’est aussi ce qui la restaurera. Je ne peux pas finir cette année sans me reconnecter à lui.

Je monte les escaliers à la fois excitée et embarrassée. Porter une jupe sans culotte est vraiment particulier. Cette sensation me semble parfaitement indécente et un peu grisante. Parvenue en haut des marches, je suis légèrement essoufflée et cela n’a rien à voir avec l’ascension. Je frappe à la porte, partagée entre l’espoir et la peur. Les discussions s’arrêtent alors que je pénètre dans la pièce, et à peine ai-je fait trois pas que le regard rouge sang de Caël se braque sur moi. En fait, l’attention des cinq démons, dont Jial et Sam, se porte sur moi, seulement je ne remarque que celui du Nefilim. Ils me dévisagent tous et ma peau se couvre de chair de poule. J’ai impression de m’être transformée en une petite souris face à cinq prédateurs.

- Vos boissons, annonce-je d’une voix enrouée en m’approchant de la table.

- Si vous voulez bien nous excusez, glisse Caêl en se levant avant de saisir mon boss.

Les breuvages seraient tous renversés au sol si Jial ne s’était pas emparé du plateau au même moment. J’émets glapissement alors que le Nefilim affirme sa prise sur mon bras et m’entraîne en dehors de la pièce. Sans ménagement, il me jette dans un cagibi et me suit en fermant la porte. Il saisit mes deux épaules et me secoue comme un prunier fort que mes dents s’entrechoquent. Puis il se met à hurler :

- Mais qu’est-ce que tu as dans la tête, Ella ? tu sais ce que tu envoies comme signal en ce moment ? que tu es prête à t’accoupler avec n’importe qui ! encore quelques secondes de plus et je devais me battre avec nos alliés ! qu’est-qui t’a pris ?

Le Nefilim arrête de me secouer et, une fois passé le choc ; je hurle aussi fort que lui, submergée par mes sentiments.

- Je n’en peux plus que tu m’évites. Je te veux. Comme avant. Je ne commencerai pas cette nouvelle année sans toi !

Ma voix se brise sur ces derniers mots.

- Tu me veux, répète-t-il en me déposant au sol. Alors que je suis en colère contre toi. Je pourrais braiment perdre le contrôle Ella, parce que tu me rends fou ! Je suis tellement furieux contre toi, ça pourrait dégénérer ! salement dérapé.

J’éprouve des difficultés à déglutir alors que Caël baisse les yeux en essayant de maîtriser sa respiration. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de la voir se battre : il est brutal, pourvu d’une force herculéenne et déchaîne. Pourtant, je ne crains rien avec lui. En réalité, je suis même prête à prendre le risque, car j’ai impression de m’éteindre à chaque seconde qui s’écoule sans m’unir à lui. Je me mets sur la pointe des pieds avant de passer mes bars derrière sa nuque. Caël se raidit à mon contact, seulement cette fois, je ne recule pas. Il a essayé de me protégé de lui. Une grossière erreur, mais un geste d’amour quand même. Je glisse ma bouche sur son cou puis remonte vars son oreille. Je perçois l’accélération de ses respirations.

- Je n’aurais jamais peur de toi, lui assure-je. Et j’ai envie de toi entièrement avec ton amour ou ta colère. J’ai besoin de toi, de tout accepter de toi.

La mâchoire de Caël se raidit sous mes lèvres.

- Ella, gronde-t-il. Rien de ce que tu as connu ne peut te préparer à ça. Je suis tellement furieux que je m’en fous que tu prennes ton pied !

- Ok, accepté-je.

Si on doit passer par du sexe brutal pour apaiser Caël, je me tiens prête à le supporter. Je m’attaque à sa bouche et il me résiste encore alors que je caresse ses lèvres. Je décide de mettre ma imité au placard en débouchant la ceinture de son jean puis en empoignant son membre déjà bandé. Caël siffle entre ses dents.

- Ne viens pas pleurer après Ella, car je ne peux pas me contrôler après ta petite démonstration. Sors de cette pièce si tu ne veux pas que ça dégénère !

Je m’éloigne de sa bouche, son sexe toujours sans mes mains.

- Dites donc, ajoute une voix féminine derrière moi. Ça pue la femelle en manque, tu ne trouves pas, Avaléa ?

Je me retourne pour faire face aux deux sœurs, nièces très lointaines de Caël, Aurozia et Avaléa, petite-fille d’Aradia, la reine des sorcières. La première est à peine vêtue, elle aurait plus sa place sur scène qu’au bar. Quant à Avaléa, elle s’est séparée de ses dreadlocks rouges pour ue crête violette. La discrétion ne semble pas constituer un prérequis nécessaire pour devenir une sorcière. Grace à leurs odorants, les peu de leur sang dans les veines perçoivent les effluves avec acuité. Enfin surtout les émanations de sexe. Donc toutes l’absinthe peut savoir à quel point ma vue sexuelle s’apparente à un désert. Un pont supplémentaire qui me rend de mauvaise humeur. Les deux sœurs prennent place au bar juste en face de moi.

- Si tu veux changer de camp, m’annonce Avaléa en m’adressant un clin d’œil, je te prends tout de suite. Pour finir cette année en beauté !

Evidemment, ma pudeur rejaillit et je me mets à rougir furieusement.

- Euh, non merci. Les choses vont s’arranger avec Caël.

Sa sœur, Aurozia, nièce, mais aussi ancienne amante du Nefilim, se penche au-dessus du bar.

- Si tu peux un conseil, coince-le ! Caël est incapable de te résister. Montre un peu plus de peau, enlève ta culotte et il pétera les plombs.

- Ma culotte ! répété-je en fronçant tes sourcils.

- Tu ne le sais pas, ajoute-t-elle avec un sourire gourmand. Les démons sentent tout, absolument tout et sans vêtement, ton odeur, celle de ton désir, embaumera l’air. Un parfum irrésistible pour lui.

J’y réfléchis avant de secouer la tête et reprendre mes esprits. Ecouter les conseils d’une sorcière ayant couché avec son oncle-très éloigné, mais quand même !, je dois réellement perdre l’esprit.

Avec raideur, je me lève. Tous les muscles de mon dos me font souffrir. Utiliser mes ailes n’est pas sans conséquence. Je suppose qu’il faudra que je m’entraîne pour réellement voler et pas seulement planer. L’infirmière m’indique le chemin le plus court pour accéder au pont. Le paquebot se révèle énorme, il transporte plus cinq mille passagers pour cette croisière transatlantique qui a parcouru les Caraïbes avant de rejoindre le Havre. Heureusement qu’il se trouvait sur notre chemin. Je monte les marches pour accéder au pont avec lenteur en maudissant ses maudits anges. Comme je l’imaginais, le Nefilim, assis sur un banc, observe le ciel étoilé. Il a beau ne pas me regarder, je suis convaincue qu’il sait que je m’approche. Je sens toujours quand il entre dans une pièce comme une sorte d’attraction, comme si le fil du destin tirait sur ma main pour m’amener à lui. Je m’assois avec précaution à ses côtés seulement je suis incapable d’étouffer un petit cri de douleur lorsque mon muscle tire sur mon aile. Caël bondit sur ses pieds pour m’aider.

— Ella ! s’exclame-t-il en s’accroupissant devant moi.

Je ne lui réponds pas immédiatement, je le contemple longuement. En réalité, j’observe son visage dépourvu de la colère, du ressentiment qu’il nourrit actuellement envers moi. Le Caël d’avant : l’homme que j’aime. Mon cœur bat plus fort quand il se tient si proche de moi, mon souffle s’accélère et mon corps se réchauffe. J’ai autant besoin de lui que d’eau, de nourriture ou du soleil. Mue par une pulsion incontrôlable, je porte mes doigts à son visage pour en parcourir les traits avec nostalgie. La force de sa mâchoire, la pulpe soyeuse de ses lèvres, ses pommettes marquées puis ses cheveux, désormais assez longs pour lui tomber sur les épaules avant de contempler la beauté irréelle de ses yeux.

— Tu me manques … murmuré-je.