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– Si ça se sait, on est morts…
– Non, il suffit d’assumer ce qu’on fait.
– Tu n’es pas sérieux ? murmuré-je en sentant un frisson me parcourir.
– Si, j’en ai marre, de ce putain de secret ! De ne pas pouvoir être moi-même ! Je vais péter les plombs à force de jouer un double jeu. J’ai l’impression d’être schizophrène.
– D’abord, parle moins fort ! Ensuite, arrête de ne penser qu’à toi ! Et enfin, réfléchis un peu !
– Je ne fais que ça, réfléchir, Sawyer ! Tu n’es pas la seule à cogiter, j’ai retourné la question dans tous les sens, un putain de million de fois. Et je ne vois pas où est le problème. Tu n’es pas ma sœur, je ne suis pas ton frère…
– Tout le monde pense le contraire ! le coupé-je.
– On s’en fout, de tout le monde !
– Pas moi ! Moi je ne m’en fous pas ! Je croyais qu’on était d’accord…
– J’ai changé d’avis, c’est tout. Je n’ai plus envie de me cacher. Ça n’a aucun sens !
– Est-ce que tu as pensé une seule seconde aux conséquences ?
– Oui, Liv ! Et j’en ai ras le bol de penser ! Moi, je veux vivre ! s’énerve-t-il vraiment.
Nos voix étouffées s’entrechoquent. Puis plus rien. Je n’ai jamais entendu de silence plus assourdissant. Une seule marche nous sépare, mais c’est un gouffre d’incompréhension qui se creuse entre nous. Et nous éloigne de plus en plus. Si je fais un pas vers lui, je tombe. Si je recule, je le perds. Et si c’est Tristan qui m’attire à lui, il m’entraînera dans sa chute. À cet instant, aucune de ces options ne me semble supportable. Alors je laisse s’installer ce silence étouffant, ce malaise qui m’oppresse, sans bouger d’un centimètre. Ni quitter son regard qui me défie de lui dire oui.
– Je ne comprends pas, dit-il d’une voix lasse. Tu pourrais te battre contre les autres. Mais tu préfères te battre contre moi.
Afficher en entier– Tu n’es pas obligée d’être parfaite en permanence, tu sais… Tu as le droit de lâcher prise.
– Quand je lâche prise, je fais des choses que je ne devrais pas faire, murmuré-je en le fixant sans détour.
Il croise les bras sur son torse, étonné par ma hardiesse. Les membres de son groupe l’appellent un peu plus loin, il les ignore.
– Des regrets, Sawyer ?
– Aucun. J’assume tout ce que j’ai fait, dit ou ressenti. Mais ça ne veut pas dire que je suis prête à recommencer…
– Jamais ?
Son regard s’est assombri, je jurerais qu’il a frémi.
– On ne peut jamais dire « jamais ».
Son regard fixe un point invisible, dans mon cou. Puis il passe la langue sur sa lèvre inférieure et, sans ajouter un mot, me contourne pour s’éloigner. J’expire enfin, en réalisant que je retenais ma respiration. Au moment où je tente d’avancer, une main se pose sur ma nuque et me retient. La voix chaude et profonde de Tristan emplit mes oreilles :
– Même si tu me disais « jamais », j’arriverais à te faire changer d’avis, Liv.
– Arrogant, soufflé-je, le cœur affolé.
– Non, juste lucide.
Afficher en entier[Bon, on est bien avancés… Ça peut être n’importe qui, on ne résoudra pas ce mystère ce soir. Un dessert, Sawyer ?]
[Même par SMS, il faut que tu m’appelles par mon nom de famille…]
[J’aime bien t’appeler comme ça.]
[Parce que ça m’énerve ?]
[Entre autres. Aussi parce que ça me rappelle qu’on ne porte pas le même nom, toi et moi…]
J’écarquille les yeux en réalisant que c’est la vraie raison. Le fait que nous n’ayons pas le même patronyme rend notre relation moins… scandaleuse, interdite. Et cette attention de sa part, même dissimulée, me donne une envie folle de l’embrasser. Je dois cependant me contenter d’un énième texto :
[Je n’avais pas réalisé… J’aime beaucoup (passionnément) cette idée, Quinn <3]
Son regard s’est adouci, il me sourit enfin et une nuée de papillons s’envole au creux de mon estomac. Foutue fossette. Détournant les yeux, je rédige à toute vitesse :
[Un milkshake Oreo ! Le Bachelor m’attend !]
[Mais bien sûr… Il y a un match des Miami Heat ce soir.]
[Tristan ? Tu veux mourir étouffé dans ton sommeil ?]
Le titan lève les yeux au ciel, saute de son tabouret, tire sur le bas de son tee-shirt Led Zeppelin. Je n’en perds pas une miette. Il le remarque, s’approche de moi et me fixe, le regard sombre et joueur, se retenant clairement de sourire.
– Tu en rêves, Sawyer, de me rejoindre dans mon sommeil… Ou plutôt, dans mon lit…, susurre-t-il avant de se rendre de sa démarche nonchalante jusqu’au frigo.
Un peu tremblante, les joues et le cœur en feu, je vérifie que Sienna, face à son mixeur, n’a rien entendu, puis je quitte la cuisine en tapant :
[Je vais attendre mon milkshake au salon, allumeur !]
Je m’affale sur le canapé et allume la télé. Je salive d’avance en pensant à mon dessert – ou à celui qui va me l’apporter. Harry est couché, mon père est retranché dans son bureau, Sienna est maintenant hors de mon champ de vision, en tête à tête avec sa purée. La soirée s’annonce merveilleuse. À une chose près…
En guise de milkshake Oreo, je reçois par SMS sa recette et réalise que Tristan n’est plus dans les parages. Lorsque je m’apprête à lui demander ce qu’il fait, la réponse me vient comme par magie, dans un dernier texto :
[J’ai un rencard ce soir. À plus, Sawyer.]
Je cligne plusieurs fois des yeux pour vérifier que j’ai bien lu : « Rencard ». C’est la première fois que Tristan me fait froidement ce coup-là. Chercher à me rendre jalouse, il l’a fait des milliards de fois ; chercher délibérément à me blesser, jamais. Ça ne lui ressemble pas. Je serre les mâchoires et ravale mes larmes lorsqu’une masse vient soudain s’écrouler sur le canapé, juste à côté de moi.
Tristan, un putain de sourire en coin sur les lèvres.
– Bah quoi ? se marre-t-il alors que je l’assassine du regard. J’ai rendez-vous avec le Bachelor !
Connard.
MON connard.
Afficher en entierQuand tu ne peux pas avoir celle que tu désires, tu fais avec les souvenirs.
Afficher en entierNouvel extrait
"Sur ma droite, j’entends un groupe de femmes débattre sur l’âge probable du « chanteur canon », plutôt dans les vingt, plutôt dans les trente, selon la taille de ses muscles, la lumière sur son visage, la profondeur de sa voix, « toutes les cigarettes et les whiskys qu’il doit s’envoyer », « son petit sourire innocent » qui contraste avec son sex-appeal et sa virilité, et « tout le vécu dans son regard ». Je ris intérieurement de tout ce qu’elles ignorent sur lui, de tout ce qu’elles inventent aussi.
Et je ne peux pas m’empêcher de ressentir une sorte de fierté… mal placée."
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