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Nous perdons tous sans cesse des choses qui nous sont précieuses, déclare-t-il quand la sonnerie a enfin cessé de retentir. Des occasions précieuses, des possibilités, des sentiments qu’on ne pourra pas retrouver. C’est cela aussi, vivre. Mais à l’intérieur de notre esprit – je crois que c’est à l’intérieur de notre esprit, il y a une petite pièce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues. Une pièce avec des rayonnages, comme dans cette bibliothèque, j’imagine. Et il faut que nous fabriquions un index, avec des cartes de références, pour connaître précisément ce qu’il y a dans nos cœurs. Il faut aussi balayer cette pièce, l’aérer, changer l’eau des fleurs. En d’autres termes, tu devras vivre dans ta propre bibliothèque.
Afficher en entierÀ Hawaï, il y a un spot de surf qu’on appelle Toilet Bowl. C’est un endroit où le flux et le reflux de la marée se rencontrent et forment un tourbillon comme l’eau dans une cuvette de W-C. Si on est aspiré à l’intérieur, on a peu de chances de remonter à la surface. Cela dépend du caprice des vagues, elles peuvent ne jamais te ramener en haut. Alors tu es là, au fond de l’eau, et tu dois attendre sans rien faire, ballotté par les vagues. Il ne sert à rien de s’agiter et de se débattre. Au contraire, tu ne fais qu’épuiser tes forces. Quand on se retrouve dans une situation de ce genre, on a peur pour sa vie, je t’assure. Mais si on n’arrive pas à surmonter cette peur, on ne deviendra jamais un vrai surfeur. On est seul, face à la mort, on l’apprivoise, et on la dépasse
Afficher en entier— Tu m’en diras tant ! Un marteau et des couteaux pour me battre contre une créature invraisemblable dont je ne connais ni la taille ni la forme. C’est à peine croyable, non ? Et quand je pense que c’est un chat noir qui me donne les instructions. Mets-toi un peu à ma place !
La pierre s’abstint de tout commentaire.
Afficher en entierDis, tu sais ce que c’est que les limbes ? C’est le no man’s land qui s’étend entre le monde de la vie et celui de la mort. Un lieu triste, aux contours Indistincts. Autrement dit, c’est l’endroit où je me trouve en ce moment. Cette forêt. Je suis mort. Oui, mort, de ma propre volonté. Mais je ne suis pas parti pour l’autre monde. Je suis une âme errante, et les âmes errantes n’ont pas de forme, j’ai juste emprunté une forme provisoire. Voilà pourquoi tu ne peux rien contre moi. Tu ne peux pas me blesser. Tu comprends ? Même si je perdais une abondante quantité de sang, ce ne serait pas du vrai sang. Même si je souffrais, ce ne serait pas une souffrance réelle. Le seul qui puisse m’éliminer maintenant, c’est celui qui en a le pouvoir. Et malheureusement, ce n’est pas toi
Afficher en entierFinalement, il découvrit une déchirure dans l’océan d’arbres en contrebas, et piqua droit vers elle. Une petite clairière s’ouvrait juste à cet endroit. Un faible soleil brillait sur ce coin de terre, où des herbes d’un vert vif avaient poussé comme un présage. Il y avait une grosse pierre ronde au milieu de cette clairière, sur laquelle un homme était assis. Il portait un survêtement rouge vif et était coiffé d’un chapeau de soie noire. Un sac de toile kaki était posé à ses pieds, chaussés de souliers de montagne à semelles épaisses. Drôle de tenue, remarqua le garçon nommé Corbeau, qui par ailleurs s’en moquait éperdument. Car c’était la personne qu’il cherchait, et peu lui importait la façon dont elle était habillée.
Afficher en entierLa pierre se taisait. Hoshino ne savait pas si elle écoutait ou non la musique. Mais il continuait à lui parler sans s’en soucier.
Afficher en entierDebout sur le seuil, je la regarde disparaître dans les ténèbres du dehors. Me voilà de nouveau seul dans la cabane, au centre d’un cercle fermé. Le temps n’est pas un facteur important ici. Personne n’a de nom. Quand j’aurai besoin d’elle, elle sera là. Elle a quinze ans. Pour l’éternité sans doute. Mais moi, alors ? Est-ce que je vais rester éternellement un adolescent de quinze ans, enfermé ici ? Ou bien, est-ce qu’ici l’âge non plus n’est pas un facteur important ?
Afficher en entierAu-dessus de ma tête un oiseau pousse à nouveau un cri perçant. Je regarde le ciel : toujours ces nuages gris et bas, inexpressifs. Il n’y a pas de vent. Je poursuis ma marche. J’avance sur le rivage de ma conscience. Les vagues viennent lécher la grève, et refluent en laissant des lettres derrière elles ; puis elles reviennent et les effacent. J’essaie de déchiffrer les mots écrits entre les vagues. Mais ils sont effacés avant que j’aie eu le temps de les lire par les nouvelles vagues qui arrivent, ne laissant derrière elles que d’énigmatiques fragments.
Afficher en entierSi tu te souviens de moi, cela m'est égal que tous les autres m'oublient.
Afficher en entierMême en rêve, c'est vraiment merveilleux de savoir lire.
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