Extraits

"Pense à ce que tu as fait et réjouis-toi, car tu as traversé les territoires du Mal. Tu t'es acquitté d'une tâche que nul autre que toi ne pouvait réussir. Beaucoup te sont redevables."

"Viens à moi,Eragon, car j'ai des réponses à toutes tes questions."

Une vague de paix et de contentement réconforta Eragon.

"Je viendrai."

Cependant, malgré de graves blessures, Galbatorix réussit à mettre les monstres en déroute. Le malheur voulut qu'une flèche ennemie vint se ficher dans le cœur de sa dragonne. Incapable de la guérir, Galbatorix la vit mourir dans ses bras. Ainsi furent plantées les graines de sa folie…

-Deux hommes sont arrivés a Carvahall hier, raconta Horst. Des gens bizarre. Ils sont habillés de noir et portent une épée au côté. Rien que de les voir, j'en ai eu la chair de poule. Dans la soirée, ils ont interrogé les gens. Ils cherchent a savoir si quelqu'un a vu une pierre comme celle que tu m'as apportée. Ils poursuivent leurs interrogatoires aujourd'hui.

A la vue du sang de Saphira, Eragon ne se contrôla plus. Il sauta à terre avec un cri sauvage et frappa l'un des Urgals en plein cœur. Dans son désir fou d'aider Saphira, il était prêt à tout.

- Vous êtes marin ? voulut savoir Eragon.

- Nope ! dit Martin en ricanant. Est-ce que j'ai une tête de marin ? On m'embauche pour défendre les navires contre les pirates. C'est à croire que je leur ai fichu la trouille : on n'en entend plus parler d'ces saletés de bandits, ces temps-ci.

Dès qu'ils se fuirent éloignés du sol, Eragon inspira profondément et se serra contre l'encolure de la dragonne.

"Qu'as-tu fait? chuchota-t-il.

"Je lui ai donné de l'espoir, répondit Saphira, et tu lui as donné un avenir."

Ayant compris cela, il enchaîna les attaques les plus complexes qu'il connaissait. Il vola d'une fente à l'autre, multipliant les bottes, les combinant et les modifiant de toute les manières possibles. Mais, tout inventif qu'il fut, l'épée d'Arya arrêtait toujours la sienne. Elle paraît chacune de ses actions avec une grâce et une aisance incomparables. Engagés dans une chorégraphie féroce, leurs corps étaient rapprochés puis séparés par des lames étincelantes. Parfois, ils se touchaient presque, il s'en fallait d'un cheveu; l'instant suivant les envoyait virevolter loin l'un de l'autre, avant de les réunir de nouveau. Leur silhouettes souples ondulaient ensemble comme des fumerolles poussées par le vent.

Soudain, une fissure apparut sur la surface. Puis une autre craquelure. Puis une brèche. Fasciné, Eragon s'avança sans lâcher son couteau. Sur le dessus de la pierre, à l'endroit où toute les zébrures se rejoignaient, un morceau se souleva, resta suspendu dans les airs, comme en équilibre, puis tomba au sol. Après une nouvelle série de couinements, une petite tête noire émergea du trou, suivie par un corps curieusement plié.

Il se leva, approcha son sac du feu et en sortit un objet envelopper dans un linge, plus long qu'un bras, qui devait peser un bon poids, à en croire la façon du vieil homme le maniait.

Broom ôta le linge, petit bout par petit bout, comme on aurait enlevé ses bandages à une momie. Subjugué Eragon vit ainsi apparaître une épée.

Le pommeau d'or avait la forme d'un lame.

Les côtés en était tronqués, révélant un rubis de la taille d'un petit œuf. La poignée était en sertie de fils d'argent, et si bien fourbie qu'elle étincelait comme une étoile.

Le fourreau, de couleur rouge sombre, poli tel du verre, était orné d'un unique symbole noir, étrange, gravé sur la surface.

Accroché à l'épée, un ceinturon de cuir muni d'une lourde boucle.

Quand le dernier morceau de tissu tomba, Broom tendit l'arme à Eragon.

- Vous êtes un Dragonnier, souffla Eragon, incrédule.

Un sourire douloureux adoucit les traits de Brom.

- Jadis, je le fus... mais je ne le suis plus. Quand j'étais jeune pour rejoindre le rang des Dragonniers. Pendant mon entraînement, je me lié d'amitié avec un autre apprenti.. Morzan, qui à l'époque n'était pas un Parjure.

Eragon écoutait, sidéré. Cela s'était passée un siècle auparavant !

- Mais après, Morzan nous a trahit pour servir Galbatorix.. Pendant le combat de Dorù Areaba - la cité de Vroengard - ma jeune dragonne a été tuée. Elle s'appelait Saphira.

- Pourquoi vous ne m'avez pas raconté cela plus tôt ? demanda doucement Eragon.

Brom eut un petit rire.

- Parce que.. ce n'était pas nécessaire.

Il se tut, le souffle court, les mains serrés.

- Je suis vieux, Eragon... si vieux. Malgré la mort de ma dragonne j'ai vécu plus longtemps que la plupart des hommes. Tu n'imagines pas ce que c'est d'atteindre mon âge et de regarder derrière soi et... et de se rendre compte qu'on ne se souvient de pas grand chose. Et, quand on regarde devant soi, on sait que de nombreuses années nous attendent. Aujourd'hui encore, ma Saphira me manque toujours.. et ma haine pour Galbatorix est intacte car rien ne me rendra ce qu'il m'a arraché.

Ses yeux fiévreux se posèrent sur le garçon et dit avec flamme :

- Fais en sorte que cela n'arrive jamais ! Défends Saphira jusqu'à la mort car sans elle la vie ne vaut pas la peine d'être vécu..

- Vous ne devriez pas parler ainsi, protesta Eragon. Il ne va rien lui arrivée.

Brom détourna la tête.

- Peut-être que je délire.

Il reprit d'une voix ferme :

- Eragon, je ne vais pas résisté plus longtemps. La blessure que j'ai reçu est fatale. Elle sape mes résistances et je n'ai plus l'énergie de la combattre. Avant que je m'en aille veux-tu recevoir ma bénédiction ?

- Tout va s'arranger, dit Eragon les yeux pleins de larmes. Vous n'avez pas a faire ça.

- C'est la loi de la vie..., il le faut. Veux-tu que je te bénisse ?

Eragon baissa la tête, vaincu. Brom passa une main tremblante sur son front.

- Alors je te bénis. Puisse les années qui t'attendent t'apporter de grandes joies.

Il fit signe à Eragon de s'approcher davantage.

D'une voix tremblante, il susurra sept mots en ancien langage et plus bas encore il lui dit la signification.

- C'est tout ce que j'ai a t'offrir souffla-t-il. N'en use qu'en dernier recours.

Brom fixa le plafond et murmura :

- A présent la plus grandes des aventures commence !

Toute la journée, Eragon en pleurs, tint la main de Brom. Rien ne troubla sa veillée ; ni la faim ; ni la soif. La pâleur du vieil homme vira au blême ; l'éclat de ses yeux se ternit ; ses mains devinrent glaciales. L'atmosphère de la grotte s'alourdit. Impuissant, le garçon regardait la blessure des Razac's faire son effet. Au tout début du crépuscule, lorsque s'allonge les ombres, Brom se raidit d'un coup. Eragon l'appela par son nom, puis il cria à Murtagh de venir l'aider, mais il n'y avait plus rien à faire. Dans un silence oppressant, le vieil homme fixa Eragon dans les yeux. Un sourire éclaira son visage ; un souffle infime s'échappa de ses lèvres et c'est ainsi que mourut Brom-le conteur.