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Je sens Stellan disparaître - peut-être, je ne suis pas sûre.

Il me faut de l'air, de l'air! D'un moment à l'autre, ma bouche va s'ouvrir et je vais inhaler de l'eau. C'est une réaction physiologique, c'est comme ça qu'on se noie. De l'air! C'est comme si on me forçait à desserrer les mâchoires. De l'air! Si je meurs, qui va sauver ma mère ? L'Ordre va la tuer! De l'air! Non, non, non, dit mon cerveau en train de s'éteindre, mais je respire et je ne peux pas m'arrêter.

De l'air. C'est bien de l'air que j'avale. Mon esprit est soudain limpide. Je m'accroche à Stellan dont la bouche est collée à la mienne pour me transférer l'air de ses poumons.

Il se recule délicatement, un doigt pointé vers la surface. Je me débats, secouant frénétiquement la tete. Je n'ai pas encore assez d'oxygene en moi.il remonte pour inspirer et moi, je souffle encore des petites bulles pour vider mes poumons. Il revient et prend mon visage entre ses mains. Je bois l'air, avidement, et j'attire Stellan vers moi, incapable de m'en empêcher.

[...]

Cette fois, je suis suffisamment alerte pour réfléchir à ce qui est entrain de se produire lorsqu'il redescend près de moi et que ses mains repoussent les cheveux qui flottent autour de mon visage. L'espace d'un instant, je ressens une bouffée de culpabilité absurde. Pourtant, je ne suis pas en train de l'embrasser! C'est humide, salé, terrifiant... pas du tout sexy. Il m'insuffle la vie, au sens propre du terme. Je l'attire contre moi, affamée, et je vide mes poumons pour pouvoir inspirer davantage avant de plaquer mes levres au siennes. À la différence des deux dernières fois, je sens à présent sa poitrine se contracter contre la mienne lorsque ses poumons se vident et qu'il me laisse respirer avec lui.

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Je m'écarte de quelques centimètres. Suffisamment pour qu'il prenne mon visage entre ses mains, pour qu'il se demande ce que je fais. J'effleure du doigt le col de sa chemise puis continue de la déboutonner.

Ses yeux m'interrogent: "Tu es sûr ?" Sa bouche n'a pas le temps de relayer la demande, car mes lèvres sont déjà sur les siennes. Pour lui dire "Je t'en prie, ne réfléchis pas, ne pose pas de questions, ne parle pas, pour une fois, ne me laisse pas me tourmenter, décider si je fais la bonne chose où pas. Fais-le"

Après ça, les baisers deviennent plus ardents. je défais encore un bouton. Deux. Il n'en reste plus que quelques-uns.

Je jette un œil au lit, de l'autre côté de la chambre, ses draps blancs et propres. Il en fait autant. Je m'attaque à un autre bouton.

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Stellan à Avery:

« Quand je t’ai rencontrée, continue-t-il d’un ton endormi, je t’ai trouvée conne. (Ses yeux se referment. Moi, je laisse échapper un long soupir.) Qui accepte « de suivre un parfait étranger dans un avion alors qu’il vient de la menacer avec un couteau ? T’as vraiment un problème ! J’aurais pu être un tueur en série ! »

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Quelqu’un frappe du poing sur le bar.

— J’essaie de la protéger ! (C’est la voix de Jack.) Tu sais que le Cercle transforme les gens.

— Je sais. C’est pour ça que tu ne devrais rien lui cacher. Pour la laisser prendre ses propres décisions.

— Je ne pense pas t’avoir demandé ton avis.

— Avant, tu le faisais. (La voix de Stellan est empreinte d’une mélancolie factice.) Tu te souviens de l’époque où on se serrait les coudes ?

— Non.

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Je jette un dernier coup d’œil aux informations, puis j'accompagne Stellan. Il se regarde dans le miroir, se penche en avant pour observer sa plaie et se cogne dans son reflet.

- Aïe ! s'indigne-t-il comme si la glace l'avait attaqué.

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Avant même que je puisse ouvrir la bouche, il me prend dans ses bras et je me laisse consoler. Tous les sentiments – le choc, la peur – que j’ai refoulés déferlent sur moi par vagues. Jack me presse plus fort contre lui. Je me recule légèrement, attire son visage vers le mien et dépose un baiser sur ses lèvres.

Il s’écarte.

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[spoiler][spoiler]

— C’est pas grave. Inutile de te justifier. (Mon souffle crée de la buée sur la vitre.) Si tu ne tiens pas à moi, pourquoi tu fais semblant ?

Il me prend par le bras et m’attire brusquement vers lui.

— C’est vraiment ce que tu crois ? Si je me suis arrêté à temps, c’est parce que je tiens à toi.

Il lâche mon bras, l’air exaspéré, et moi je fixe les manchettes de sa chemise blanche qui dépassent de sa veste de smoking noire.

Je jette un coup d’œil par l’autre fenêtre, à la rangée de limousines et à la mer, aux touristes avec leurs appareils photo. Je suis aussi embarrassée que pendant ma dispute avec Jack.

— Je me rappelle que quelqu’un m’a avertie que tenir aux gens ne sert à rien dans le Cercle.

— Tu déformes mes propos ! J’ai dit qu’être gentil ne te mènerait à rien dans le monde du Cercle. Mais oui, je tiens à toi et c’est pour ça que je ne voulais pas… (Il souffle, frustré. Colette et Élodie ont commencé à monter les marches.) Moi aussi, j’avais trop bu et j’avais du mal à réfléchir. Je n’aurais pas dû te pousser et maintenant tu me fais la tête.

— Tu ne m’as pas poussée…

Je suis sûre que mes joues s’empourprent. Je n’arrive pas à croire que nous ayons cette conversation. Et maintenant, en plus ! Par la vitre, je vois Élodie se retourner vers nous.

— C’est le moment de sortir ?

— Sans doute, répond-il en allongeant le bras pour ouvrir la portière.

— Je suis fâchée parce que tu es aussi désespérant que les autres ! Libre à toi de ressentir ce que tu veux, mais tu n’as pas à me protéger contre ce que tu penses être un mauvais choix. Ce n’était pas à toi de décider. C’était à moi !

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— Kuklachka, susurre-t-il. Petite poupée.

« Petite poupée »… C’est justement ce que je refuse, non ? Être une marionnette dans ce jeu.

Je me force à m’écarter aussi, les mains sur sa poitrine.

— Tu veux ce que je peux faire pour toi ? Ou tu me veux, moi ?

Je suppose qu’il va dire n’importe quoi pour pouvoir continuer à m’embrasser, mais il prend un air de profonde réflexion. Il se lèche les lèvres – je ne peux m’empêcher de les regarder avec avidité. Ses yeux s’assombrissent.

— Les deux, répond-il, comme s’il venait de se rendre à l’évidence.

— Je croyais que je n’étais pas ton genre, murmuré-je – la conversation qu’il a eue avec Jack sur le bateau me revient en mémoire.

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Et, comme tous les désirs, plus on les refoule, plus ils nous tourmentent.

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- Nous avons accompli le mandat. Nous avançons trouvé ce que vous cherchiez, ce qui vient du tombeau.

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