Extraits

Là, derrière moi, au milieu de la route déserte qui se détachait plus claire dans la nuit, se tenais une femme sortie de terre comme par miracle ou bien tombée du ciel. Elle était tout de blanc vêtue et, le visage tendu vers moi d'un air interrogateur et anxieux, elle me montrait de la main la direction de Londres. J'étais bien trop surpris de cette soudaine et étrange apparition pour songer à lui demander ce qu'elle désirait.

Les meilleurs hommes ont leur faiblesses; je ne vois pas pourquoi les pires criminels n'auraient pas leurs vertus.

Dans la vie, certains courent, d'autres flânent. Mrs Vesey, elle, s'asseyait. Elle s'asseyait dans la maison, le matin et le soir, elle s'asseyait dans le jardin, elle s'asseyait aux fenêtres dans les corridors, elle s'asseyait sur un pliant quand on l'obligeait à aller se promener. Elle s'asseyait avant de parler, avant de répondre ne fut-ce que "oui" ou "non", avant de regarder quelque chose, avec toujours le même sourire, la même inclination de tête paisible, la même confortable position des mains et des bras.

Je n'avais pas oublié la plus grande déception de ma vie, j'avais seulement appris à vivre avec.

Les feuilles mortes, que le vent d'automne faisait tournoyer à mes pieds, étaient semblables à mes pauvres espoirs envolés.

Un brouillard blanchâtre planait sur le lac et les cimes des arbres situés de l'autre côté formaient comme une forêt flottant sur les nuages. Le silence était tragique, pas une feuille ne bougeait, pas un oiseau ne chantait, pas une grenouille ne coassait !

Je vois continuellement des personnes âgées, joyeuses et agitées devant la perspective de quelque plaisir qui ne trouble même pas la tranquillité de leurs petits-enfants. Les garçons et les filles, de nos jours, seraient-ils moins sincères que leurs aînés? Est-ce là un progrès trop rapide de l’éducation? Et sommes-nous, nous, ceux de la jeune génération, un tant soit peu trop bien élevés ?

En traversant les rues de cette petite ville morose, je me demandai si elle n'aurait pas pu rivaliser avec succès avec des déserts d'Arabie ou avec les ruines de Palestine, tant elle semblait désolée.

Ainsi avait disparu le fantôme habillé de blanc qui hanta ma vie. Comme une ombre, elle m'était apparue dans la nuit ; comme une ombre, elle s'était évanouie dans la solitude de la mort.

Dès le mois d'octobre, nous trois vies avaient pris leur cours définitif. Nous nous trouvions totalement isolés dans notre cachette, comme si la maison que nous habitions s'était trouvée sur une île déserte et que le lacis des innombrables rues qui l'entouraient, grouillantes de monde, eût été une mer infinie. Je commençai alors à dresser notr plan de bataille contre sir Percival et le comte.