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Son visage était dans la pénombre mas elle ne put se méprendre sur le ton de sa voix bouleversée.
- Merci, Cora. Maintenant, j'ai tout ce que j'ai jamais souhaité.
Il s'allongea près de son épouse et Cora put enfin s'enivrer de son odeur.
Afficher en entierLe poète cligna des yeux et marmonna quelque chose d’inaudible. Sentant qu’elle l’embarrassait, Cora détourna la tête et croisa le regard du peintre. Elle lui adressa un petit sourire et se tourna vers Charlotte, consciente que Louvain ne la quittait pas des yeux.
Afficher en entierCora suivit son hôtesse dans le grand salon. Elle vit tout de suite que Charlotte avait raison, que c’était un genre de soirée très différent de celles de Conyers. Ici, pas de diamants à l’horizon, même ternis. L’éclairage était tamisé. Il n’y avait pas de candélabres, seulement des appliques murales en verre coloré qui diffusaient une étrange lumière jaune, comme si la pièce était prise dans un bloc de gelée. Les hommes semblaient plus pâles que la normale et plusieurs d’entre eux avaient des cheveux qui frôlaient les épaules. Dans sa robe en mousseline mauve garnie de dentelle noire, Charlotte était aussi élégante qu’à l’accoutumée, mais Cora remarqua que certaines invitées portaient d’étranges vêtements amples qu’elle ne parvenait pas à relier à quelque mode que ce soit. Elle fut surtout stupéfaite de découvrir que certaines d’entre elles fumaient en public.
Afficher en entier" Les dames ont toujours froid dans leurs tenues de soirée. C'est pour cette raison qu'il faut réchauffer les perles pour leur rendre leur éclat - un rang de perles froides sur une peau glacée, ça ne vaut pas mieux qu'une trainée de bave sur le bréchet d'une dinde.
Afficher en entierCora resta figé sur le seuil de la salle, telle une glace à la pistache en train de fondre, dans ses flots de soie vert pâle garnie de dentelle de Bruxelles.
Afficher en entierAfin d’obtenir l’effet lissé exigé par sa tenue qui la moulait comme un gant, Cora ne pouvait garder son corset à baleines habituel. Elle portait donc un sous-vêtement en peau de chamois qui avait dû être cousu sur elle de façon qu’aucune agrafe ni aucun bourrelet ne vienne déparer le tombé parfait de sa jaquette. Lorsque Cora découvrit combien cet habit rehaussait sa beauté tout en lui conférant un port de reine, elle bénit presque sa mère pour toutes les heures passées dans son corset de contention. Sa chevelure châtain était rassemblée dans un chignon assez haut qui dégageait sa nuque délicate. Quand elle ajusta son haut-de-forme, lui donnant l’angle adéquat en l’inclinant légèrement au-dessus de l’œil droit, elle se sentit enfin prête à affronter la journée qui s’annonçait. C’est seulement au moment d’ajuster sa voilette, alors qu’elle se demandait si elle allait mettre un peu de rouge sur ses lèvres, comme Mrs Wyndham le lui avait recommandé – « Juste une touche de couleur, ma chère, pour réveiller le teint » –, qu’elle pensa à sa mère, qui s’enveloppait à présent dans des flots de gaze pour dissimuler le côté de son visage dévasté. Cora savait qu’elle aurait dû aller la retrouver pour soumettre sa tenue à son approbation, mais elle ne supportait pas la vue de ses traits défigurés et, à une heure aussi matinale, Mrs Cash n’aurait pas encore revêtu son voile. Même si elle n’était pour rien dans l’accident arrivé à sa mère, Cora ne s’en sentait pas moins quelque peu responsable.
La jeune fille prit la boîte de carmin et du bout du doigt s’en tamponna légèrement les lèvres. Mrs Wyndham avait raison, une fois de plus : cette petite touche de couleur faisait toute la différence. Tout d’abord, Cora n’avait guère apprécié la façon dont cette femme l’avait examinée comme elle aurait jaugé un cheval de concours. Elle s’était sentie vaguement honteuse, lorsque sa mère s’était mise en relation avec cette personne, annonçant qu’elle était « destinée à nous introduire dans les milieux où l’on doit être vus ». Cora était presque sûre que Mrs Cash rétribuait ses services, mais elle devait reconnaître que cette Mrs Wyndham avait eu raison, pour Busvine. Le cuir souple était chaud et doux contre sa peau et, grisée par la liberté de mouvement que lui offrait sa tenue, elle se pencha pour toucher ses orteils. Quand elle se redressa, elle découvrit la boucle qui lui permettait de relever sa jupe sur le côté pour marcher. Le côté gauche de cette dernière était plus long de près d’un mètre, si bien qu’il recouvrait entièrement les jambes lorsqu’on était à cheval. L’astuce, c’était de rassembler de la main droite cet excès d’étoffe de façon à lui conférer l’air d’un drapé à la grecque et Cora s’y exerça jusqu’à obtenir l’effet désiré.
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