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Au-dessus de lui, bien sûr, il n’a trouvé que le lit brûlant du vent, l’asphyxie des sables, l’air qui tremblait, le vide. Et c’est pourtant de ce vide-là qu’a surgi, subite et nue, la vérité qu’il attendait depuis si longtemps – depuis le jour, sans doute, où il avait refermé l’autre tombe, sur la dune de Pipasar. Il s’est mis à parler tout seul, plus besoin de Binji pour savoir qu’il existait, qui il était, ce qu’il voulait, si sa vie était là ou pas : « Non, je ne l’ai pas fait pour elle. Manroup et Chacha, je les ai enterrés parce qu’ils ont été des vivants, comme moi. Et parce qu’un jour, comme eux, je serai mort. C’est assez pour qu’ils soient les miens. »
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Ces longues nuits furent curieusement la chance des Annales du Désert. Un de ces Charans des palais en avait rassemblé les textes, puis entassé les manuscrits dans un coffre. Mais peu de temps après, à la suite d’une guerre entre deux Raos, ce coffre se perdit. Et rien à faire, les manuscrits restèrent introuvables. Ça ne désola personne : les humbles Charans des routes et des sentiers, depuis des lustres, avaient engrangé dans leur fabuleuse mémoire les chansons de leurs frères lettrés. Longtemps qu’ils les avaient incorporées à leur propre répertoire, longtemps qu’ils avaient commencé à les transmettre, comme tous les Charans depuis l’époque des Fondateurs, à leurs fils et aux fils de leurs fils. Les Annales du Désert survécurent donc, dispersées aux quatre vents du temps et de l’espace, comme une vieille harde en lambeaux.
C’est ainsi qu’aujourd’hui, au Pays de la Mort, au détour d’un chemin, vous pouvez encore tomber sur un barde errant qui, entre deux légendes qui n’ont strictement rien à voir, vous dévide d’un seul trait le récit du séjour de Djambo à Bikaner, sa rencontre avec Udo, les intrigues de Binji et celles de Bika, enfin la tragédie qui s’ensuivit. Djambo entre alors dans votre vie exactement comme Udo tomba sur lui : vous vous demandez ce qui vous arrive, si c’est le destin, ou le hasard qui vous veut quelque chose. Ou les dieux qui vous mènent, à votre insu, par le bout du nez. "
Afficher en entiernouvel extrait out le monde fixait l’horizon et regardait surgir de l’aube le chapelet de coupoles dorées dont avaient parlé tous les voyageurs. Puis se sont lentement dessinés autour d’elles les toits bleus des kiosques qui couronnaient le palais. Là encore, les caravaniers et les marchands avaient dit vrai : ils semblaient suspendus dans les airs et la lumière rouge du matin donnait à leurs céramiques des reflets irréels. Cependant on ne rêvait pas. Un peu plus bas, les fenêtres du palais, leurs encorbellements, leurs moucharabiehs se détachaient avec une telle précision qu’on aurait pu les compter. Et le vent avait si bien nettoyé l’air qu’on distinguait jusqu’aux ciselures du bois où l’on avait sculpté leurs centaines de balcons. "
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Le souvenir qu’il a gardé de cette fin du voyage est celui d’une calcination sans fin. De loin en loin, sous la chaleur de plus en plus épaisse et brune, se dessinaient de vagues collines, la bouche d’un nouveau puits souterrain. Ou les taches blanches de quelques temples qui s’essayaient à égayer le néant terreux."
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Les gens du Peuple des Chemins n’ont pas les moyens de s’offrir des pierres précieuses mais leur tribu est la seule, avec la caste des astrologues, à tout savoir de leurs secrets, de leurs vertus, de leurs maléfices, des rites dont il faut s’entourer avant de les porter. Djambo n’est donc pas surpris de la remarque de Manroup. En revanche, depuis des années, il ne croit plus à l’existence de la Pierre-Entre-Toutes. Une invention, pense-t-il, des Charans qui venaient à Pipasar ressusciter les Vieux Récits… Il dresse donc l’oreille, cette fois-là aussi. Oublie sa hantise de Binji. "
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D’après la plupart des récits, Djambo est né fin septembre 1451, l’année où les vieux se sont mis à gronder que le monde allait mourir. Deux étés qu’il n’avait pas plu. La sécheresse était maintenant bien installée. Fin juin, on avait espéré de gros orages. Mais pas la moindre averse, pas un nuage. Rien qu’une chaleur à crever. Et la lumière blanche qui allait avec. Qui calcinait tout. Qui rendait fou.
C’est peut-être à cause d’elle que se sont descellées les bouches des vieux de Pipasar – d’ordinaire, ils étaient quasi-muets. Dès la mi-juillet, le moment où l’on a compris que, pour la troisième fois, on aurait une année sans pluie, ils ont retrouvé leur langue. Et marmonné en choeur le même couplet : « Il n’y aura bientôt plus d’eau sur terre, le monde ne sera plus qu’un tapis de cendres brûlantes. Hommes, bêtes, plantes, tout va y passer, tout va griller. Les dieux ne feront pas de quartier. »
Afficher en entierLes 29 principes des Bishnoîs
Il existe plusieurs versions des 29 principes observés par les Bishnoïs. Ils ne sont pas toujours énoncés de la même façon, ni énumérés dans le même ordre. Voici la liste la plus courante, à laquelle s’est référée Irène Frain et qu’elle commente.
- 1. Pendant 30 jours après l’accouchement, tenir la mère et l’enfant à l’écart de la communauté et dispenser la mère de tout travail, afin d’éviter les infections et de permettre son rapide rétablissement.
- 2. Pour les mêmes raisons, dispenser la femme de toute activité pendant 5 jours à partir du début de ses règles.
- 3. Prendre un bain chaque matin avant l’aube.
- 4. Maintenir la propreté quotidienne du corps et de son apparence. Mettre simultanément son esprit en accord avec cette propreté en pratiquant l’humilité et en chassant de soi toute forme d’agressivité.
- 5. Méditer deux fois par jour, avant l’aube et au crépuscule.
- 6. Tous les soirs, chanter la gloire du Créateur et Son omniprésence dans la nature.
- 7. Avant l’aube, tous les jours, faire au feu l’offrande d’une noix de coco en appelant en soi les sentiments d’empathie avec tous les êtres.
- 8. L’eau et le lait seront toujours soigneusement filtrés ; et le bois de chauffage, scrupuleusement inspecté avant d’être brûlé, de telle sorte qu’aucun animalcule, ver ou insecte, ne soit détruit par le feu.
- 9. Toujours réfléchir avant de parler, filtrer ses paroles avec le même soin que son eau et son lait.
- 10. Pardonner les offenses de façon spontanée, sans y être contraint.
- 11. Savoir être compatissant, reconnaître sa souffrance dans celle d’autrui.
- 12. Ne pas voler.
- 13. Ne jamais dire du mal des autres dans leur dos. Ni médisances ni calomnies.
- 14. Ne jamais mentir.
- 15. Ne jamais couvrir de honte qui que ce soit et sous quelque forme que ce soit.
- 16. La veille de la nouvelle lune, ne pas manger ni boire. Et passer la nuit suivante à méditer.
- 17. Réciter régulièrement le nom du dieu conservateur du Monde, Vishnou.
- 18. Étendre le principe de compassion à tous les êtres vivants.
- 19. Ne jamais s’en prendre aux arbres verts. N’utiliser que du bois mort.
- 20. Détruire en soi toute forme de passion, colère, cupidité, jalousie, envie ; et plus généralement chasser de soi toute forme d’attachement et de pulsion négative.
- 21. Ne manger que la cuisine qu’on a faite de ses mains, en s’étant purifié l’esprit autant que le corps. Ou si l’on ne peut pas faire autrement, ne consommer que la cuisine d’un homme de bonne hygiène, et au coeur pur.
- 22. Fournir un abri aux animaux vieillissants ou malades. Et ainsi leur éviter l’abattoir.
- 23. Ne jamais castrer les taureaux.
- 24. Ne pas cultiver de pavot et ne jamais consommer d’opium sous quelque forme que ce soit, à moins d’être un Ancien.
- 25. Ne pas cultiver de tabac et ne jamais en consommer.
- 26. Ne pas cultiver de cannabis et ne jamais en consommer.
- 27. Ne jamais boire d’alcool ni de boissons alcoolisées.
- 28. Par respect envers les animaux, ne jamais manger de plats non végétariens : et, toujours pour les protéger, ne jamais chasser les bêtes sauvages mais au contraire les nourrir.
- 29. Ne pas utiliser de vêtements teints en bleu afin d’épargner les fleurs de l’indigotier qui, pour obtenir cette couleur, sont précipitées dans l’eau bouillante.
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"Vivre, c'est connaitre le vent. Même quand il est glacé, même quand il est brûlant. Le vent est comme nous, c'est un être vivant."
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