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La Gamine de Koléa



Description ajoutée par Bibounine 2023-11-07T20:05:24+01:00

Résumé

Koléa, un village d’Algérie, vers 1880. Catherine Salviano se désespère de vivre dans une famille de paysans piémontais trop pauvres pour l’envoyer à l’école. Décidée à choisir son destin, l’adolescente quitte ses parents pour aller travailler chez l’instituteur d’un village voisin et parvient à apprendre seule à lire et écrire. Une première victoire et le début d’une nouvelle vie.

Des décennies plus tard, invitée au Centenaire de l’Algérie Française, Catherine s’inquiète des discours officiels, trop éloignés de la réalité du pays, et comprend que la France devra un jour partir. Elle se souvient alors du long chemin parcouru depuis son enfance et de tous ceux qui l’ont aidée à vivre, libre et debout. Sa famille, ses amis et ses proches. Elle craint de devoir s’éloigner d’eux et quitter ce pays qu’elle aime tant, devenu le sien par les hasards de l’Histoire.

Dans ce roman captivant qui vous emportera dans l’Algérie d’avant 1930, Catherine, femme de passions et d’émotions, défend sans relâche son droit au bonheur, dans un monde appelé à disparaître.

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Classement en biblio

extrait

Extrait ajouté par Bibounine 2023-11-07T20:07:44+01:00

1878

KOLÉA

Agathe Salviano avait été réveillée par un léger glissement de pas sous la fenêtre. Par les fentes des volets elle avait vu sa fille aînée assise sous l’oranger de la cour et l’avait rejointe sans faire de bruit.

— Catherine, combien de fois je t’ai dit de pas sortir la nuit. C’est dangereux !

— J’arrive pas à dormir. Je voulais regarder les étoiles. Et respirer. Ça sent bon...

Catherine avait raison. Le printemps était déjà là et la nuit, les odeurs de fleurs d’oranger et d’amandiers se fondaient avec celles des plantes sauvages et de la pierre tiède. Tout semblait plus léger, plus doux. Un calme apaisant avait remplacé le vacarme de la journée. On entendait seulement au loin les lamentations plaintives des chacals et, plus proche, le bruissement des haies de roseaux.

Joseph et Agathe Salviano habitaient à Koléa l’une de ces maisons misérables construites à la va-vite trois décennies plus tôt, pour héberger les immigrés arrivant en masse en Algérie. Deux pièces, des cloisons en bois, une cour, et aucun confort. Ils n’avaient rien connu d’autre que ces logements rudimentaires, mais au moins, ils avaient un toit, un puits, et un lavoir pas très loin. Et surtout, ils ne vivaient pas dans un endroit isolé. Agathe entendait souvent parler de révoltes, émeutes, assassinats, dans des lieux parfois assez proches de Koléa. Ou plus éloignés, comme en Kabylie, mise à feu et à sang quelques années plus tôt par le bachagha Mokrani. « Pourquoi pas chez nous ! » pensait-elle souvent.

— Catherine, tu m’énerves. Tu ronchonnes tout le temps, ça va jamais, qu’est ce qui se passe ?

— Tu sais très bien ce qui se passe. Pourquoi les autres filles elles vont à

l’école et pas moi ! En plus elles sont bien habillées. Pas avec des vieux vêtements qu’on leur a donnés. Pourquoi moi j’ai pas tout ça ! J’aimerais tellement savoir lire. Et maintenant j’ai onze ans. C’est trop tard. Je suis trop grande.

— Encore cette histoire. On en a déjà parlé cent fois ! Dans nos familles, on va pas à l’école. Ça nous empêche pas d’être heureux.

— Moi, ça m’empêche.

— C’est pour ça que tu boudes tout le temps ? D’accord. Je vais réfléchir. On va trouver une solution. Je te promets.

— Tu dis ça à chaque fois, et tu fais rien. Mais pour moi c’est comme si j’étais infirme.

— Infirme ! Rien que ça. Allez, souris. Demain, c’est dimanche. Je t’emmènerai cueillir des fleurs sur la route de Zoug el-Abbès et tu me feras des beaux bouquets. Et maintenant, au lit !

« Comme si les fleurs allaient me faire oublier les livres ! » pensa Catherine en suivant sa mère.

Trois ans. Pendant trois longues années, relancée par sa fille qui lui rappelait sans cesse sa promesse, Agathe avait cherché, réfléchi, demandé conseil. En vain. Elle avait espéré l’aide de Charles Feyzin, l’instituteur de Koléa, mais il l’avait plutôt mal reçue.

— Si je comprends bien, Madame Salviano, vous voulez que votre fille apprenne ce qu’on apprend à l’école mais sans y aller. Tout en travaillant à la maison et dans les champs. Mettez vos enfants à l’école, Madame Salviano.

Mettez-les à l’école. Vous avez trois autres enfants, je crois. Eux aussi, vous voulez en faire des ignorants ?

Agathe avait abandonné tout espoir quand Charles Feyzin lui avait demandé

de passer le voir. Elle avait failli ne pas y aller, persuadée qu’il voulait à nouveau lui demander de scolariser ses deux plus jeunes enfants, Victor et Firmin. À sa grande surprise, il lui dit avoir peut-être une piste pour Catherine.

L’un de ses collègues de Boufarik, Amédée Borel, venait d’obtenir sa mutation à Douaouda, à quelques kilomètres de Koléa. L’école du village avait une seule classe, accueillant de quarante à soixante enfants selon les jours et les saisons. Sans expérience des classes uniques, le jeune instituteur se demandait comment faire face au mieux. Charles Feyzin lui avait suggéré de se faire aider par Catherine, proche des quatorze ans. Sans lui cacher que cela permettrait peut-être à l’adolescente de réaliser son rêve. Apprendre à lire. Bien qu’un peu sceptique, Amédée Borel avait accepté de venir voir les Salviano à Koléa.

La rencontre s’était mal passée. Refusant que sa fille quitte si jeune sa famille,

Joseph était parti pour la journée, et Agathe s’était sentie démunie face à ce trentenaire austère. L’instituteur avait été très clair. Il n’apprendrait ni à lire, ni à

écrire, ni quoi que ce soit d’autre à Catherine. Elle devrait surveiller les jeunes enfants lorsque lui-même faisait travailler les plus grands, et ranger la classe chaque soir. Il souhaitait également qu’elle tienne parfois compagnie à sa femme

Suzelle, et donne un coup de main pour le dîner. Il allait de soi qu’elle devrait porter des vêtements corrects. En retour, elle disposerait d’une chambre, serait nourrie et blanchie, et rentrerait dans sa famille tous les dimanches ainsi que pendant les vacances scolaires. Agathe avait compris que sa fille ne toucherait aucun salaire, sinon quelques pièces de loin en loin.

S’inquiétant des hésitations de sa mère, Catherine avait renversé tous les obstacles. Il était sinistre ? Mais sa femme ne l’était peut-être pas. Elle ne serait pas payée ? Elle ne l’était pas non plus quand elle aidait ses parents chez leurs patrons, ces radins de Vigneresse. Et puis même si elle adorait sa sœur

Joséphine, elle n’en pouvait plus de dormir avec elle sur un lit étroit, dans une pièce minuscule à peine aménagée, avec pour toute décoration un rameau de buis béni.

Agathe avait fini par donner son accord. Le plus dur restait à faire. Convaincre

Joseph, son mari, de laisser partir leur fille.

— Non. Catherine ne partira pas. Qu’est-ce qui te prend, Agathe, d’envoyer une gamine chez des étrangers. Des étrangers ! Tu les connais, ces Borel ? Non.

Moi non plus. Et puis on a besoin d’elle. Qui va nous aider ?

— Joséphine. Elle a treize ans. Et Victor et Firmin sont grands, maintenant.

Sept et neuf ans !

— Tu sais très bien que Joséphine travaille pas comme Catherine.

— Et bien je travaillerai plus. Et puis on aura une bouche de moins à nourrir.

— Pour ce qu’elle mange, la Catherine ! Ça me ferait pas peine de la nourrir toute ma vie. Ma fille restera ici.

Le soir, au dîner, Joseph s’était tourné vers Catherine.

— Alors comme ça, tu veux nous quitter. Pour aller vivre chez des étrangers.

On est pas assez bien pour toi ? Tu nous as assez vus ?

— Papa arrête. Tu sais très bien pourquoi je veux aller à Douaouda. On va pas encore en parler. De toutes façons, j’irai. C’est à quatre kilomètres ! Ca te plaît pas que j’apprenne à lire ?

— Je me fiche que tu apprennes à lire et tu as treize ans. Je suis ton père et c’est moi qui décide.

— Bientôt quatorze. Et c’est aussi Maman qui décide. Et moi.

Partagé entre la peine et la colère, Joseph s’était tourné vers sa femme.

— Tu les as bien mal élevés, tes enfants.

— Il fallait t’en occuper plus ! avait-elle répondu avant de sortir en claquant la porte.

Agathe s’était juré de ne plus prononcer un mot en présence de son mari tant qu’il n’aurait pas dit oui. Le lendemain elle en avait parlé à leur patronne,

Liliane Vigneresse, qui avait promis de le raisonner.

Le soir même, d’une voix blanche, Joseph avait donné son accord.

— Puisqu’elle veut aller chez ces Borel, qu’elle y aille. Mais pas avant la fin des vendanges.

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