Commentaire de Nathalie-734

Concrètement, la guilde est cette histoire dans laquelle je me suis enfoncée comme dans mes godasses et où je suis littéralement tomber de l'autre côté des pages. Car lire Anna Triss, c'est comme d'être à l'abri d'une fine membrane de verre, qui à mesure qu'elle se craquelle, vous fait basculer dans un tout autre univers. Ici, si riche, si complet, et d'une précision chirurgicale telle, qu'il défie et bouleverse toutes les lois de l'ordre naturel même, en vous enrichissant d'une expérience toute nouvelle. Parce que l'auteure de cette saga est aussi ce metteur en scène qui n'a pas son pareil pour peindre des décors à travers lesquels le lecteur lui même évolue en temps réel. C'est pourquoi on devient aussi tous ces personnages qu'elle y a fait naître, apprentis assassins et hauts-maîtres, qui constituent la tête de cette hiérarchie titanesque mise en place dans ce premier volet. En somme, une œuvre picturale tridimensionnelle qui vous en fait voir de toutes les couleurs en long, en large et en hauteur. Un coupe-gorge d'émotions qui vous absorbe du début à la fin. Parce-qu'entre complots politiques, intrigues multiples, amour et trahison, la guilde exercera sur vos nerfs moult pressions. Un cocktail de situations, d'informations et de révélations qui met à malle le cœur et la raison. Un cortège macabre de personnages dont les épées teintent dangereusement à vos oreilles comme des cymbales. Un roman franchi à dos de dragon qui cultive féerie et horrifique mais surtout aussi, où le sang gicle ! Tension palpable, palpitant tendu comme un arc, vous marcherez dans les pas de ces assassins avec une angoisse qui vous renversera à bien des passages.

Les personnages justement, aussi machiavéliques soient-ils et auxquels pourtant on s'identifient, si finement travaillés d'un point de vue psychologique, qu'on les ressens jusque dans nos tripes. Ouais, et clairement, c'est ça qui m'a foutus dedans. Je m'y suis attachée si déraisonnablement que La Guilde est venue se mettre immédiatement dans le peloton de tête de mon classement du genre. Je suis devenue à tour de rôle Panama, Khamar, Funeste, Jerys Targam, Vins, Bella, Véloce, Semeur, Beladyn et bien d'autres à la fois. Parce-que, aussi intéressants, drôles ou tous fous soient-ils, ils m'ont touché chacun à leur manière, ce sont enracinés dans mon esprit comme des mauvaises herbes, m'ont fait réfléchir, fléchir, courir vite, vivre et mourir. Ouais,c'est terrible d'être aussi addict à une histoire, à des personnages pourtant fictifs parce qu'ils deviennent omniprésents dans votre esprit. Plus que me séduire cette histoire m'a profondément écorné, ébranlé, fait vibré, offensé (ça ne m'étais jamais arrivé), désarmé, aiguillonné l'âme à coups de lames. C'est l'un des rares romans que rien qu'en y pensant, me fait monter une vague de sentiments qui me clouent sur place, me dépassent complètement. Telle une Ombre mouvante, qui m'hypnotise, m'appelle et m'électrise en permanence. Mais cette histoire est tellement plus que ça aussi de part les thèmes qui y sont abordés, porteuse de tant de messages disséminés comme autant de petits cailloux entre les lignes. Un conte superbe et horrifique mais tellement humain aussi, que les talents de conteuse d'Anna triss valorisent tout au long du récit.

Je pourrais tellement encore en dire, mais aucun mot ne suffira jamais à exprimer toute cette admiration que j'ai pour la guilde, pour toute cette imagination fertile de laquelle l'auteur me nourris. Alors, je te dirai simplement merci pour tout ça, pour tout ce qui est à venir aussi parce-que la bonne nouvelle c'est que ce n'est pas fini ! Alors arrachez-vous ce roman et vivez le passionnément, offrez-vous un voyage dans la cour des grands de la fantasy française et surtout, comme le dit le premier précepte de la guilde des ombres : ne te fie pas aux apparences...