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Ses paupières fines étaient comme un voile de soie tiré sur son regard, un petit souffle régulier sortait de ses lèvres lures.
Afficher en entierSur le visage endormi de Pauline, un rêve passait, la clarté rapide d’un sourire.
Afficher en entierAlors, Lazare sentit que tout finissait une fois encore. Son chien mourait maintenant, et c'était une douleur disproportionnée, une désespérance où sa vie entière sombrait. Cette mort réveillait les autres morts, le déchirement n'avait pas été plus cruel, lorsqu'il avait traversé la cour, derrière le cercueil de sa mère. Quelque chose d'elle s'en allait de nouveau, il achevait de la perdre. Les mois de douleur cachée renaissaient, ses nuits troublées de cauchemars, ses promenades au petit cimetière, son épouvante devant l'éternité du jamais plus.
Afficher en entierDès le lendemain, commencèrent pour le jeune homme les heures lentes et poignantes qui suivent les grands deuils. Il s'éveillait comme d'un évanouissement, après une chute, dont ses membres auraient gardé la courbature ; et il avait à présent toute sa tête, le souvenir très net, dégagé du cauchemar qu'il venait de traverser, avec la vision troublante de la fièvre. Chaque détail renaissait, il revivait ses douleurs. Le fait de la mort qu'il n'avait pas encore touché, était là, chez lui, dans la pauvre mère emportée brutalement, en quelques jours. Cette horreur de n'être plus devenait tangible : on était quatre, et un trou se creusait, on restait trois à grelotter de misère, à se serrer éperdument, pour retrouver un peu de la chaleur perdue. C'était donc cela, mourir ? c'était ce plus jamais, ces bras tremblants refermés sur une ombre, qui ne laissait d'elle qu'un regret épouvanté.
Afficher en entierDès lors, Lazare attendit, dans un affreux serrement de poitrine. Une ceinture de fer semblait lui boucler les côtes. La journée s'éternisait, et elle passait pourtant, sans qu'il sût de quelle façon coulaient les heures. Il ne se rappela jamais ce qu'il avait fait, montant, descendant, regardant au loin la mer, dont le bercement immense achevait de l'étourdir. La marche invincible des minutes, par instants, se matérialisait, devenait en lui la poussée d'une barre de granit qui balayait tout à l'abîme.
Afficher en entierComme la vie s'arrangeait mal ! Aussi exagérait-il, du matin au soir, son pessimisme sur les femmes et l'amour, dans des boutades féroces. Tout le mal venait des femmes, sottes, légères, éternisant la douleur par le désir, et l'amour n'était qu'une duperie, l'égoïste poussée des générations futures qui voulaient vivre.
Afficher en entierIl y eut un silence. Les quatre bougies brûlaient avec des flammes hautes, et l'on entendit la mer, la gueuse, qui battait les falaises. À cette heure, elle se trouvait dans son plein, chaque flot en s'écroulant ébranlait la maison. C'étaient comme des détonations d'artillerie géante, des coups profonds et réguliers au milieu de la déchirure des galets roulés sur les roches, qui ressemblait à un craquement continu de fusillade. Et, dans ce vacarme, le vent jetait le rugissement de sa plainte, la pluie par moments redoublait de violence, semblait fouetter les murs d'une grêle de plomb.
Afficher en entier- Ça ne m'empêche pas de me réjouir pour toi. Va, va donne ton Lazare, ce n est pas un beau cadeau que tu fais à l'autre...Oh ! Sans doute, il est charmant, plein des meilleures intentions; mais je préfère que l autre soit malheureuse avec lui. Ces gaillards qui s'ennuient de tout, sont trop lourds à porter, même pour des épaules solides comme les tiennes. Je te souhaiterais plutôt un garçon boucher, oui, un garçon boucher qui rirait nuit et jour à se fendre les mâchoires...
Afficher en entierComment vivre, demanda-t-il lorsque à chaque heure les choses craquent sous les pieds ?
Le vieillard eut un élan de passion juvénile.
- Mais vivez. Est-ce que vivre ne suffit pas ? La joie est dans l'action.
Il s'adressa à Pauline, qui écoutait en souriant
- Voyons, vous, dites-lui donc comment vous faites pour être toujours contente.
- Oh! moi, repondit-elle d'un ton de plaisanterie, je tâche de m'oublier, de peur de devenir triste, et je pense aux autres, ce qui m'occupe et me fait prendre le mal en patience...
Afficher en entier...Alors à quoi bon s'être ruiné pour trouver mieux, pour dégager des lois nouvelles, puisque l'empirisme l'emportait ? Et, chaque fois, il partait de là, il concluait, les lèvres pincées d'un mauvais rire, que la science aurait seulement une utilité certaine, si elle donnait jamais le moyen de faire sauter l'univers d'un coup, à l'aide de quelque cartouche colossale...
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