Extraits

Allez, dit-il après quelques secondes de silence satisfait. Faisons un peu de tourisme pendant quelques heures. Prétendons que c’est réel.

Le front de Zane se plissa.

— Prétendons que quoi est réel ?

Ty fit glisser sa main le long du bras de Zane et enlaça à nouveau leurs doigts.

— Que je peux tenir ta main sans craindre d’être reconnu, dit-il avec un sourire.

Il tira sur la main de Zane, voulant sortir du magasin et retourner sur la jetée afin d’admirer l’eau et la vue.

Le sourire de Zane réapparut et il hocha la tête.

— Quand tu veux.

Ty lui lança un sourire mélancolique en lui serrant la main. C’était dommage qu’ils ne puissent pas sortir et se tenir la main comme ça à la maison. Vraiment dommage. Mais ils ne pouvaient pas risquer d’être reconnus et démasqués au travail. Dès qu’ils prendraient tous les deux leur retraite, par contre, Ty avait l’intention de tenir la main de Zane partout où ils iraient. 

 Zane lui jeta un deuxième coup d’œil avant que son regard passe sur un homme bien bâti se penchant sur un distributeur de boissons, vêtu d’un trench-coat coûteux, d’un tee-shirt et d’un jean. La combinaison tee-shirt/trench-coat ne se voyait pas souvent.

Zane sourit quand cela lui fit penser à Ty. La douleur de la blessure qu’il lui avait infligée quelques jours auparavant se réveilla, et il se frotta la poitrine, ignorant la pointe d’irritation qui suivit. Ty pourrait porter quelque chose comme ça. Il était du genre à se rendre à Chicago, penser ‘Merde, il fait froid’, puis aller directement s’acheter un trench-coat coûteux pour le mettre par-dessus son jean et son tee-shirt, parce qu’il pourrait le porter au travail quand il reviendrait à la maison. Et qui se souciait à quoi il ressemblait dans l’intervalle ? Zane rit malgré la frustration et le sentiment persistant de perte qu’il ressentait. Bref, ce serait bien le genre de Ty.

Il pencha la tête sur le côté pour essayer de voir ce qu’il y avait d’écrit sur le tee-shirt. L’homme se redressa et le visage de l’Agent Spécial B. Tyler Grady apparut.

 Sais-tu ce que j’ai pensé quand je me suis réveillé sans toi ?

— J’espère que tu te languis de me revoir ? Je t’ai laissé un mot, dit Ty, la voix pleine d’espoir.

— Ouais, et tu sais quoi ? Ça n’a pas aidé ! rétorqua Zane, renonçant à essayer de faire preuve de compréhension. Ce n’est pas quelque chose que tu as envie de trouver quand tu te réveilles le jour qui devrait être le premier du reste de ta vie !

— Le quoi?

Zane gémit, se tourna et se laissa tomber sur le côté. Il tira un oreiller sur sa tête puis parla de toute façon. Ses mots sortirent assourdis et guindés.

— Beaumont. Tyler. Grady.

— Attends, waouh, le nom complet ? Bon sang, Garrett ?

— Je t’ai dit que je t’aimais, et le lendemain tu étais parti. 

Jonas fit traîner une main dans ses cheveux.

— J’ai mis les pieds dans quelque chose de vraiment mauvais, Dick. J’étais à deux doigts d’être incarcéré à Langley, dit-il en s’affalant sur le canapé et en tirant sur le nœud de sa cravate.

— Quoi ?

Burns s’assit en face de lui.

— Je suis tombé sur quelque chose que je n’aurais pas dû voir. Pour faire bref, quelqu’un au sein de l’agence a utilisé les ressources du gouvernement pour effectuer des travaux personnels dans un but lucratif, puis a dénoncé ces mêmes ressources lorsqu’elles ont commencé à comprendre. Il a tourné la CIA en une agence de tueurs à gages.

— Quoi ?

— J’ai trouvé des papiers qui m’ont rendu suspicieux, alors j’ai commencé à fouiner. Et quand j’ai suivi la piste, ce fils de pute l’a dirigée droit sur moi.

Burns cligna des yeux. 

Il (Ty) râlait au sujet de l'absence de Dr Pepper depuis des jours maintenant. Il passait apparemment par une sorte de sevrage de caféine, et il refusait de boire du Coca-Cola ou du Pepsi, ou même du Red Bull. Ils allaient bientôt devoir lui enfoncer de force dans la gorge quelque chose contenant de la caféine, ou il allait tous les tuer."

Il prit une profonde inspiration et essaya d’apaiser la nervosité qui serrait sa poitrine. Ty pouvait se débrouiller, et Nick avait vu assez de Zane Garrett pour se forger une opinion confiante sur ses compétences. Cet homme était formidable, un bon pendant pour Ty. Et Julian Cross était comme un morceau de pain grillé qui tomberait toujours le beurre vers le haut, mais Nick ne savait pas si avoir de la chance leur ferait beaucoup de bien.

— Il y a quelque chose que tu ne dis pas, dit-il, confiant dans son affirmation.

Zane soupira. Il se dit qu’il devait être vraiment fatigué s’il n’arrivait pas à cacher ses émotions aussi bien que d’habitude. Nick lisait en lui, et Zane n’était pas sûr de s’en soucier.

— Je suis inquiet. Cette merde pourrait dégénérer tellement vite, et tu le connais. Il se retrouva en plein milieu.

— Ty est né pour les merdes de ce genre. Lui et les cafards seront les seules choses à survivre à la crise finale.

Zane regarda le verre presque vide qu’il tenait, puis le posa avec précaution sur le comptoir.

— Je ne parierais pas sur les cafards.

Julian siffla de la balustrade où il regardait le yacht.

— Ce n’est pas donné. Je croyais que ton ami était flic.

— Il l’est, dit Ty en vérifiant le chargeur de son arme.

— C’est un ripou ?

— Cross ! Comment peut-on démonter cette chose ?

— Prudemment, répondit Julian d’une voix calme et tranquille. Le courant est dans la feuille.

— Et si on la coupe ? demanda Ty.

Julian fit un bruit de gorge, n’ayant pas l’air très optimiste.

— Isole-toi, dit Zane alors qu’il apportait ses bottes et les déposait à côté du genou de Ty.

Durant le moment calme où Ty glissait ses pieds dans les bottes, ils entendirent le ‘ding’ de l’ascenseur dans le couloir extérieur.

— Oh, Seigneur, dit Deuce alors qu’il tenait le téléphone à son oreille. Allez, bébé, réponds.

— Donnez-moi des gants de cuisine.

— Tu vas t’électrocuter, murmura Julian. Je veux profiter de cette occasion pour te remercier chaleureusement de me laisser regarder.

— La ferme ! crièrent Ty et Zane.

Ce dernier remit à son partenaire des ciseaux de cuisine, et Ty tapota le bout d’une paille avec la lame. Des étincelles volèrent, et il pouvait sentir le courant traverser les pailles.

— Bon sang ! cria Zane, comme s’il avait pensé que cela ne fonctionnerait pas vraiment.

— Tu n’aides pas ! lui dit Ty d’une voix tremblante.

— C’était incroyable !

— Zane !

— Je suis désolé, c’était vraiment ... Je suis désolé.

— Pouvons-nous attendre que ce soit démonté avant de chanter ses louanges ? grogna Deuce

— Nous avons rencontré quelques ... ennuis, déclara Ty avec une grimace.

— Nous avons fui quelques ennuis, corrigea Zane en fermant la porte derrière lui.

— Je vois, dit Deuce.

Il alluma la lumière de la cuisine et se tourna vers eux pour les étudier.

— Je ne vois pas de sang.