Extraits

Hamish termina de polir son chandelier et le reposa à sa place d’origine.

— Avez-vous besoin de quelque chose ?

— Non, Hamish, merci, répondit Deuce.

L’homme leur adressa un signe de tête et prit un autre chandelier pour le frotter. Ty se tourna jusqu’à se retrouver à fixer Deuce, un sourire moqueur retroussant ses lèvres.

— Quoi ? demanda ce dernier.

— Tu as un majordome. Je suis tellement en train de te juger, chuchota Ty dans sa barbe.

Zane tenta désespérément d’étouffer son rire tandis que la visite continuait.

Ils étaient en train d’éplucher ses messages lorsque quelque chose de lourd cliqueta derrière eux. Ty tourbillonna, cherchant un pistolet qu’il n’avait pas sur lui. Zane se leva également, mais aucun d’eux n’était armé. Ils se tendirent, se préparant à recevoir ce qui allait jaillir du mur.

Le panneau couvert de cuir à côté de la cheminée s’ouvrit, et Kelly en sortit, pistolet à la main, balayant la pièce du regard avant de le pointer vers le couple. Il se redressa rapidement, baissant l’arme.

— Salut, dit-il.

Nick avança d’un pas derrière lui un instant plus tard, époussetant les toiles d’araignée de ses épaules.

— Mais qu’est-ce que vous foutez ? hurla Ty.

Il regarda alentour, cherchant quelque chose, n’importe quoi, à leur jeter à la figure.

— Vous nous avez fichu une trouille bleue ! Et si j’étais armé ? J’aurais pu vous tirer dessus !

— Ouais, mais c’était pas le cas, dit Kelly.

— Comment vous vous êtes encore retrouvés dans les murs ? demanda Zane, du ton d’une mère inquiète grondant ses enfants.

Ty s’éloigna, portant Amelia sous son bras comme un sac de pommes de terre. Ses gloussements résonnaient sous le plafond du grand hall.

Zane se dépêcha de le rattraper.

— Attends, Ty, tu veux qu’on fasse ça alors qu’elle est avec nous ?

— Elle a un an. Elle ne comprendra pas la mort ou le mal d’ici au moins un an encore.

— Si jamais on décide d’adopter, tu ne dis rien aux entretiens.

— Compris.

— Tu es un connard, Tyler, dit Nick. Mais je le savais depuis le début. C’est pour ça qu’on est restés amis.

— Parce qu’on est tous les deux des connards ?

— Ouaip. Tu penses vraiment que tout ce que tu peux me dire peut me blesser ?

— Eh bien…

L’homme soupira et secoua la tête.

— Je n’ai pas été un très bon ami, dit Ty, s’étranglant presque à cette impression. Loin d’être aussi bon que ce que tu mérites.

Nick le regarda enfin.

— Tu as gagné ma loyauté le jour où tu t’es assis à côté de moi dans ce bus à Parris Island. Et tous les jours d’après. Alors les jours où tu as tendance à être un sac à merde comme ce soir, j’ai tendance à l’oublier.

Ty fit un effort pour ne pas sourire. Il renifla discrètement, puis se mordit la lèvre pour ne pas rire.

— Tu me flattes.

— La ferme.

— OK. 

— Je dois savoir une chose à votre sujet avant de continuer, dit McCoy d’un air grave. Êtes-vous actuellement ou avez-vous déjà été engagés dans une relation… amoureuse ?

Ty baissa les paupières tandis que le reste des couleurs s’effaçait de son visage. Zane cligna des yeux, stupéfait de la question de McCoy, ne sachant quoi dire. Comment pouvaient-ils répondre si McCoy était déjà au courant, mais que dire la vérité risquait de les séparer ?

McCoy les regardait silencieusement. Ty bougea enfin, se redressant sur son siège.

— Oui, répondit-il, le son si peu audible qu’il fut difficile à comprendre.

McCoy plaqua ses mains sur son bureau.

— Bordel, Grady ! Vous m’avez menti un nombre incalculable de fois toutes ces années et c’est ce moment que vous choisissez pour être honnête ? 

Cela faisait six mois depuis qu’il avait vu Crotale monter la passerelle de leur avion. Six longs mois solitaires faits de sentiments confus et d’angoisse à chaque fois que le téléphone sonnait. Il s’était réveillé chaque matin en s’attendant à apprendre des nouvelles horribles au sujet des hommes qu’il considérait comme ses amis, et pas un jour n’avait passé sans qu’il ne pense à Ty.

L’appel que Zane avait redouté quotidiennement n’était jamais venu, Dieu merci. En réalité, il n’avait reçu qu’une seule transmission satellite de Ty pendant toute la durée de son absence, celle qui lui annonçait qu’ils rentraient chez eux. Cela lui avait fait l’effet d’être un assoiffé recevant une goutte d’eau, et juste avant Noël, c’était le plus beau présent que Zane aurait pu réclamer. 

— Je vais le tuer.

— Il est déjà mort, Ty, lui rappela Nick.

Ty fit les cent pas, ruminant en songeant à la petite fille innocente à l’étage, enlevée de son lit par des inconnus, tout ça pour que quelqu’un puisse se faire un petit paquet de fric.

— Je vais le tuer une deuxième fois, dans ce cas ! cria-t-il.

— Ouais, quelqu’un a aussi déjà fait ça, fit remarquer Kelly. Tu veux aller piétiner ses intestins ? Ils sont encore dans un sac sur le sol du frigo.

— Pas de détails, marmonna Nick.

Le médecin haussa les épaules, n’éprouvant aucun remords.

Emma leva les yeux lorsqu’elle les vit arriver, et son visage adopta un immense sourire.

— Mon bébé ! s’écria-t-elle, tendant les mains pour saisir Amelia.

— Nan ! cria Amelia, s’accrochant à la chemise de Ty.

— Avec quoi tu as réussi à la soudoyer ? lui demanda Emma.

— Des licornes, des arcs-en-ciel et des jeux, dit son cousin en souriant. Qu’est-ce que vous faites ?

— On se prépare pour le prochain meurtre, lança Nick avant de prendre une gorgée de sa boisson.

Emma et Marley levèrent tous deux leurs verres et burent avec lui. Kelly leva la tête.

— Je lui ai donné légèrement trop de médocs la nuit dernière. Il risque d’être un peu ronchon.

— Un peu, acquiesça Emma, s’étouffant.

C’est les notes de Nick ?

Zane hocha la tête.

— J’essaie encore de les décoder sans avoir à lui demander ce qu’elles veulent dire.

— Où il est ?

— Sans doute roulé en boule dans un coin en train de cracher sur les gens qui passent devant lui.

Ty éclata d’un rire surpris.

— De mauvais poil, hein ?

— Très.

— Quel gentleman, roucoula Emma. OK, à qui je vole sa veste ? Parce que je gèle.

— Peut-être que tu devrais aller chercher le reste de ta robe, siffla Ty.

— Tu es le seul à t’en plaindre !

— Parce que je suis ton cousin ! Va mettre des vêtements !

Emma se leva, libérant les genoux de son cavalier temporaire. Elle se tourna, montrant le dos nu de sa robe. Il laissait très peu de place à l’imagination. Elle se dandina pour faire bonne mesure. Nick et Kelly penchèrent tous deux la tête comme des chiots intrigués en la regardant. Ty leur grogna dessus.

— Je ne sais pas, Tyler, je trouve que c’est une robe très chouette, taquina l’Irlandais.