Extraits

« Il n’y a pas meilleure arme que la confiance. »

« Dans ce monde, il est important d’avoir une utilité. »

-J'ai été stupéfait de voir à quel point mon fils est tombé amoureux de toi, poursuit Vaughn. J'ai compris alors que je ne pourrais pas t'arracher à lui.

-Il ne m'aime plus, désormais.

-Oh, détrompe-toi. L'amour à sens unique est une passion violente. Il t'aime tellement qu'il en est venu à t'haïr.

Un souvenir de ma mère, nimbé de lumière, refait surface. Une image lumineuse, où le bleu domine. Elle était occupée à accrocher des tourterelles en verre, au-dessus de la fenêtre de la cuisine, à l'aide de fil à cerf-volant. Un genre de carillon. J'entends sa voix mélodieuse me parvenir tandis que je souffle dans mes doigts pour faire des bulles de savon, assise sur le plan de travail.

"Prends toujours bien soin de ton frère. Il n'a pas ta force."

L'absurdité de cette remarque m'avait fait glousser. Rowan était plus fort que moi, bien sûr. Il avait toujours été le plus grand des deux, il était capable de plier une branche pour que je cueille les plus jolies feuilles d'automne. De tenir fermement une canne à pêche lorsqu'un poisson luttait, sans faiblir ni laisser la prise filer dans l'océan. Quand j'en avais fait part à ma mère, elle m'avait répondu:

"Ta force est d'une nature différente, mon cœur. Chacun de vous est fort à sa manière.

Les hommes mettront le prix pour voir ce qu'ils n'ont pas le droit de toucher.

"A cet instant, je comprends que j'ai toujours été avide de ce phénomène brutal.De ces tiges qui s'extirpent du sol, de ces pétales qui s'ouvrent au monde.

Le début de la vie est toujours brutal, n'est-ce pas ? Notre naissance est une lutte.

Je suis née un 30 janvier, une minute et demie avant mon frère. J'aimerais tant m'en souvenir. Avoir en mémoire la violence de cette première poussée, le choc causé par l'air froid, la morsure de l'oxygène dans des poumons tout neufs. Tout le monde devrait pouvoir se souvenir de sa naissance.Il est injuste de ne connaître que l'agonie."

"-Madame veut te voir, annonce-t-elle.

-Tout de suite ?

-Non, demain, quand elle aura la gueule de bois après le départ du dernier client. Passe ça."

"[...] Vous autres enfants, vous êtes des mouches. Des roses. Vous poussez et vous vous multipliez, puis vous mourrez.

J'ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Ce qu'elle vient de dire est à la fois horrible et vrai."

« L’explosion des labos, c’était une bénédiction qui ne dit pas son nom. Elle nous a tous placés face aux réalités : vivons aujourd’hui, demain n’existe pas. »

« À la mort de nos parents, mon frère n’a plus pensé qu’à la survie. Il a pris soin de ne pas me laisser sombrer dans la caverne sans fond du désespoir. Il nous a fabriqué une routine faite de petits riens. Et, pendant tout ce temps passé à m’empêcher de couler à pic, il ne m’est jamais venu à l’esprit que la réciproque était vraie. Qu’il avait autant besoin de moi, que moi de lui.

Que, sans moi, la routine s’effondrerait.»