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Emily était de retour de la cafétéria avec ce qui constituait son déjeuner habituel : un milk-shake aux fruits frais et une barquette de salade romaine, agrémentée de brocolis et de vinaigre balsamique. Pas de la vinaigrette - juste un filet de vinaigre. Pour ma part, Comme Uri venait de me prévenir de l'arrivée imminente de Miranda, je ne disposais même pas de ces sept minutes qui m'étaient chaque jour royalement octroyées pour foncer en ligne droite jusqu'au comptoir des soupes.
Afficher en entierJusque-là, cette semaine de rentrée s'était déroulée sans anicroche. Nous avions continué à défaire et à lister les cadeaux reçus - je venais de déballer la plus incroyable paire d'escarpins, incrustés de cristal Swarovski -, nous avions expédié toutes nos bouteilles, et les téléphones étaient silencieux car beaucoup de gens n'avaient pas encore repris le travail. Miranda devait rentrer de Paris à la fin de la semaine, mais n'était pas attendue au bureau avant le lundi suivant. Emily était convaincue que j'étais fin prête à l'affronter et à l'assister - ce dont je n'en doutais pas, moi non plus.
Afficher en entierÀ cette occasion, Emily m'a gratifiée pour la première fois d'un de ces regards dont elle avait le secret ; n'étant pas le genre de filles à dissimuler ses sentiments, elle avait cette façon très personnelle de hausser les sourcils tout en baissant le menton pour manifester, sans aucune ambiguïté, autant de dégoût que de pitié.
Afficher en entierComme si on l'avait sonné, Miss Canon a réapparu pour m'escorter jusqu'au bureau de Miranda. Au cours de ce trajet qui n'a duré que trente secondes, j'ai senti que j'étais le point de mire général. Qui derrière les vitres de son bureau de journaliste, qui de son box d'assistante dans le bureau paysager : personne , m'a-t-il semblé, ne ratait une miette du spectacle. Au photocopieur, une jolie fille s'est retournée pour me toiser de la tête aux pieds, imitée par un homme absolument splendide - mais gay, manifestement - , qui n'avait alors d'yeux que pour ma tenue vestimentaire. Alors que j'allais franchir le seuil de l'antichambre où officiaient les assistantes de Miranda, Emily s'est emparée de ma mallette et l'a planqué sous son bureau. J'ai immédiatement pigé le message : Pointe-toi avec ça, et tu peux dire adieu à ta crédibilité. L'intant d'après, je me suis retrouvée dans une vaste pièce avec d'immenses baies vitrées, inondée de lumière : ce sont le seuls détails qui m'ont frappée ce jour-là dans son bureau, car je ne pouvais détacher mes yeux de la femme qui me faisait face.
Afficher en entierMiranda avait pris l'habitude de nous appeler, Emily et moi, 'Emily', ce qui suggérait, pas entièrement à tort, que nous étions totalement interchangeables. Quelque part au fond de moi ça me vexait, (.. .) maisj'étais vraiment trop crevée pour accorder de l'importance à un détail aussi insignifiant que mon prénom
Afficher en entierJ'avais beau me trouver dans la même salle qu'elle, elle m'a commandé par téléphone de la San Pellegrino.
Afficher en entierElle a reculé, elle a inspecté chaque fille de la tête aux pieds, lentement mais avec assez d'insistance pour que chacune se sente grosse, hideuse, mal fagotée, puis elle leur a ordonné de regagner leurs bureaux.
Afficher en entierLoretta avait dû déployer des trésors de persuasion pour me convaincre que Miranda n'allait pas me pourchasser et m'abattre avec une sarbacane dès l'instant où j'aurais franchi les portes de l'immeuble.
Afficher en entierL'un avait comporté un épisode particulièrement atroce, où mes parents se faisaient fusiller par la police parisienne de la mode pour avoir osé porter des shorts en ville, et Miranda s'était ensuite débrouillée pour m'adopter légalement.
Afficher en entierEssayer de piloter un cabriolet non automatique à 84000 dollars dans les rues de Manhattan à l'heure du déjeuner tenait vraiment de la course d'obstacles.
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