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Nick
J’avise son costume plutôt modeste, mais élégant, sa posture de défi et même si je l’ai reconnu en un instant, je dois admettre qu’Akira a changé, malgré tout. De l’adolescent geek et timide que j’ai connu (et martyrisé) dans notre jeunesse, il est devenu un homme… plutôt classe, indéniablement, et, surtout, beaucoup plus assuré. Même si en l’occurrence, je dois dire que les éclairs de haine qui émanent de ses yeux noirs révèlent que le garçon lunaire que j’ai un jour enfermé dans son propre casier, au lycée, est encore bien là, quelque part, et putain, un Akira qui me déteste, c’est un Akira qui va bientôt me faire bander.
Afficher en entierAkira
Par expérience, les sportifs sont plus ou moins tous des crétins en puissance. Je n’ai donc que très moyennement envie de rejoindre la confrérie, mais ce n’est que mon avis.
Afficher en entier— Bois un verre avec moi, laisse-moi dire ce que j’ai à dire, et si ça ne te convient pas, tu pourras te remettre à m’insulter, partir, et je te promets que plus jamais je n’essaierai de te contacter.
Dis oui… dis oui…
Akira semble rendre les armes, à mon plus grand soulagement. Ses doigts commencent à bouger contre ma paume tandis que ses yeux ne me quittent pas d’un pouce. S’il continue comme ça, il va finir par me donner envie de tester autre chose que sa main. Alors que je m’attends à ce qu’il s’écarte et qu’on puisse discuter avec calme, il se rapproche de moi, encore plus, sa main dans la mienne se déplaçant un peu plus haut sur mon poignet tandis que son autre bras passe sous ma veste et se pose sur ma taille, puis le bas de mon dos. Il va me tuer, s’il continue comme ça. Son odeur m’envahit totalement et, quand sa bouche se retrouve contre mon oreille, je suis bien incapable de réprimer un nouveau frisson.
Putain, il va me rendre dingue.
Son souffle chaud chatouille mon lobe juste avant qu’il ne prenne la parole.
— Tes amis m’ont fait vivre un enfer pendant des années, Nick, et tu n’as jamais rien fait pour les arrêter. Pire, tu n’as pas mâché tes mots pour me traiter de sale pédé alors que ta petite bande se marrait. Ce n’est pas avec de fausses excuses que je vais tout oublier. Alors, non merci.
Sur ces paroles qui me blessent au plus profond, je ne vais pas le nier, Akira s’écarte de moi, emportant avec lui sa chaleur et l’odeur addictive de son parfum. Il a à peine touché son verre, mais il n’en est clairement pas à ce genre de considérations, puisqu’il part sans un regard en arrière.
Dire que je suis déçu est un putain d’euphémisme. Ma poitrine se serre à l’idée que j’ai tout loupé, vraiment tout, de A à Z, avec lui. J’aimerais le rattraper, mais j’hésite. Je sais que je ne fais que payer pour mes erreurs, en réalité, et, oui, quelque part, je le mérite sûrement.
Afficher en entierNick
"De soudains éclats de voix, dans la pièce attenante, nous coupent dans ce qui s’annonçait comme la grande ouverture à un scandale en bonne et due forme.
— Mais puisque je vous dis qu’on m’a piqué mon badge ! braille un homme très énervé, à côté, suffisamment fort pour nous donner l’impression qu’il est juste là, entre nous.
Je regarde alors Akira et, quand j’aperçois une grimace amusée faire irruption malgré lui sur son visage goguenard, je suis effaré.
Non… mais… il n’a pas fait ça ???
Je m’attends à ce qu’il donne des signes de panique, ou du moins, d’un minimum d’anxiété, mais cet enfoiré se met à sourire avec tout le naturel du monde, et un soupçon de foutage de gueule pour faire bonne mesure.
— C’est là que vient pour moi le moment de tirer ma révérence.
D’un seul coup, Akira balance son badge sur mes genoux, se lève avec souplesse et s’élance vers l’issue de secours, derrière moi. En un quart de seconde, il disparaît, sous mes yeux ébahis, quand un groupe hétéroclite apparaît, lui, en traînant à sa suite celui qui doit être le vrai Cameron Winters, vu son teint d’aubergine et ses yeux sur le point de sortir de leurs orbites tant il semble enragé par la situation.
Je devrais être moi-même énervé, je suppose, crier au scandale de subir une situation pareille, mais la seule chose que j’arrive à faire, c’est me marrer, et pas qu’un peu.
J’explose de rire devant l’absurdité de la situation et, surtout, devant le culot d’Akira. Je me demande même si ce n’est pas un coup monté de sa part pour pouvoir me voir et m’insulter pour son propre plaisir. Il a une sacrée paire de couilles, je veux bien l’admettre, et oui, son attitude me fait même carrément bander, en toute franchise.
Quand je croise les jambes pour dissimuler mon petit (toutes proportions gardées) problème, je me dis que je suis en train de me découvrir aujourd’hui de véritables tendances masochistes pour me retrouver excité par un mec qui n’a, en réalité, fait que m’insulter pendant un quart d’heure avant de disparaître, non sans avoir foutu en l’air la fin de ma journée d’interview.
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